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TRESORS MEROVINGIENS DE CHARENTE le cimetière Mérovingien d'Herpes

Le Cimetière Mérovingien d'Herpes à Courbillac

Historique de la Découverte du Site Archéologique

C’est en janvier 1886 qu’est intervenue la découverte du site d’Herpes sur la commune de Courbillac. Deux agriculteurs du village qui nivelaient un champ de luzerne ramassèrent des objets et les donnèrent à M. Philippe Delamain, archéologue et membre de la Société Archéologique et Historique de la Charente. Celui-ci évalua immédiatement l’importance des objets et se rendit dans un premier temps propriétaire du terrain qui jouxtait la parcelle du site archéologique puis il acheta le droit de fouilles à ses voisins. Il entreprit rapidement les fouilles archéologiques sur la parcelle et déterra bientôt, environ 900 sépultures qui livrèrent un riche mobilier archéologique. A la fin de la période de fouille il sera dégagé 1600 sépultures.

Implantation de la Nécropole Mérovingienne :

La nécropole d’Herpes, s’étendait sur une cinquantaine de parcelles, selon un axe, orienté du sud au nord. Ce plan que nous avons reproduit donne une idée de la topographie des lieux tels que nous les restitua M. Delamain.

Le cimetière se positionnait au bord d’une voie romaine pavée et bétonnée, bordée de chaque côté par des fossés. Ce chemin traversait la nécropole sur toute sa longueur soit une distance d’environ 350m à 400m de longueur. Les sépultures étaient réparties de part et d’autres du chemin, à droite et à gauche, sur une surface s’étirant entre 15m et 20m de large. La Via Agrippa, route romaine de Saintes à Limoges, passait à près de 3km au sud du cimetière.

Méthode d’Inhumation des Sépultures de la Nécropole d’Herpes

Selon l’archéologue du XIXe siècle, les tombes étaient toutes enterrées de la même façon. Creusées à dans une marne grise, compacte et très dure, gisant à peu près à 2m de profondeur selon le lieu de la sépulture, les dépouilles étaient déposées dans ces sortes d’auges en calcaire, enveloppées dans une étoffe grossière, fermées par des agrafes. Elles étaient recouvertes de terre. Les inhumations étaient disposées sur plusieurs rangées. L’emplacement de la tombe était ensuite matérialisé par une grosse pierre dressée, posées de champ, près de la tête qui était placée à l’ouest et les pieds orientés à l’est. Ce principe d’inhumation se généralisa à l’ensemble de la nécropole.

Selon le découvreur, auprès des corps étaient déposés près de la tête, soit d’un côté ou de l’autre du squelette, un vase en terre ou en verre. Certains vases en terre montraient un décor à la molette. Quelques fois mais rarement précise t-il, ces vases gisaient près des pieds.

Les sépultures masculines indiquent que certains individus possédaient une grande une taille. Les épultures reconnues indiquent des mensurations se situant entre 1,90m et 1,93 de grandeur. Pour les autres squelettes la taille ne dépassait la norme moderne. La forme des crânes était par ailleurs normale. Les dents de la cavité buccale étaient très petites, et fines. Elles étaient propres et saines ce qui démontraient l’utilisation d’une nourriture riche et saine pour l’époque.

Les sépultures féminines se différenciaient quelque peu par le dépôt du corps d’un enfant décédé, inhumé sur le corps de sa mère. Un autre détail permettait de déterminer la nature exacte du sexe de la personne enterrée.

Les caveaux d’enfants et d’hommes ne renfermaient aucun bijou ni ornements, alors que les sépultures féminines étaient toujours accompagnées de leurs bijoux, plus ou moins richement ornés, selon la position sociale de l’individu dans la société mérovingienne.

Les corps féminins avaient été déposés soigneusement. Les bras et les mains se positionnaient le long du corps, les mains étendues près du squelette ou encore posées, croisées sur le ventre.

L’élément principal qui ressort de cette fouille archéologique est la méthode d’inhumation qui se dégage et se différencie des autres modes rencontrés sur les sites précédents. En effet, ici pas de tombes en fosse creusée dans la terre, ni de sarcophages en pierre, mais des auges creusées dans une marne calcaire très dense qui constituait un caisson solide, qui n’étaient pas friable et permis une conservation correcte des ossements, même si manquons d’informations précises.

Les squelettes étudiés montraient une position dans la tombe qui était celle d’un corps positionné en décubitus dorsal. Les jambes étaient allongées correctement, les bras placés parallèlement le long du corps et les mains croisées sur le bas-ventre, au niveau du pubis. Selon les constatations de M. Delamain, une majeure partie des êtres reposant dans les tombes montraient qu’ils avaient été inhumés religieusement selon le rite chrétien.

Le Mobilier Archéologique :

Selon le sexe du défunt enseveli dans la tombe, le mobilier correspondra à la nature qui définira l’individu selon qu’il est un homme ou une femme. Les enfants quant à eux n’avait aucun ornement, objet d’apparat ou jouet, accompagnant leurs sépultures. La richesse du mobilier recueili dans chaque sépulture marque le rang ou la position sociale qu’occupait le défunt dans la société mérovingienne. A Herpes, ce fut un véritable trésor archéologique qui fut découvert par l’archéologue qui malheureusement sera vendu et dispersé à travers l’Europe et même jusqu’au Etats-Unis.

Le Mobilier Masculin :

Les sépultures masculines renfermaient un mobilier de nature guerrière, tels que, javelot, lance, hache, couteaux, scramasaxes, ceintures et boucles de ceintures, boutons en métal, clous, fibules, grosses aiguilles en bronze, fers à cheval, mors intact et boucles de mors à cheval, hipposandale, globes de cristal, vases en terre et en verre.

Les hommes portaient presque toujours à leur ceinture, une grosse boucle de fer, de bronze ou d’argent, vestige d’une ceinture en cuir décomposée. A cette ceinture s’accrochaient souvent deux couteaux ou plus probablement des poignards. Certaines lames étaient encore enfermées dans leur fourreau fabriqué à partir de bois et de cuir. A droite du corps reposait la lance du guerrier.

Les haches se distinguaient selon quatre types de fabrication : La francisque, un second modèle long et massif à grand tranchant et la dernière catégorie, en forme de croissant tranchant à un côté formant marteau. Elles se positionnaient à droite du squelette et à hauteur des genoux.

Les lances ou javelots étaient quelquefois associées avec les haches. Elles étaient placées à droite du squelette, tantôt la pointe placée à hauteur de la tête, ou encore à toucher les pieds. Avec les lances onété retrouvées des scramasaxes.

Les couteaux se révélèrent en grande quantité et à un seul tranchant. Il est probable que ceux-ci avaient un usage culinaire. D’autres exemples montrent qu’ils étaient plûtôt utilisés militairement, car ils s’apparentaient plus à des poignards qu’à un simple coutelas pour manger. Ils gisaient par paires. Un grand, le poignard, accompagnait un plus petit, le couteau. Ils étaient suspendus à la ceinture de cuir pourvu d’une aiguillon, par une lanière à hauteur des hanches des hommes.

Parmi ce catalogue, figuraient également des boutons en métal, des clous en bronze et en argent qui embellissaient vraisemblablement les ceintures et baudriers des guerriers. Des grosses aiguilles, droites et courbes et des fibules étaient déposées dans les tombes masculines. Quatre fers à cheval dont l’un, en argent, percé de trous réguliers et précis, est à considéré comme un bijou. Plusieurs boucles de mors et un mors intact en fer, ainsi qu’une hipposandale montraient que ces guerriers possédaient des montures équestres du temps de leur vivant.

Parmi les armes de guerre amassées au cours des fouilles archéologiques, n’apparaissaient aucun bouclier, ni angon, ni grande épée.

Parmi l’ensemble du mobilier masculin déniché dans les tombes, furent récoltés quelques objets totalement différents, à la présence insolite dans ce type de sépultures guerrières, mais néanmoins hérités des rites funéraires pratiqués lors de l’enterrement des défunts. Des globes en cristal taillé, étaient peut-être des bijoux prisés par ces hommes de guerre qui portaient semble t-il ces colliers autour du cou car ils furent retrouvés vers l’encolure des trépassés. Des vases en terre, en verre et en bronze accompagnaient les personnages des tombes masculines et féminines

Le Mobilier des Sépultures Féminines :

Ce fut un véritable catalogue de mode « barbare » qui fut enregistré lors des campagnes de fouilles archéologiques. Cette civilisation dite « Barbare » prouva par la richesse des objets recueillis le raffinement et la finesse de l’excution des bijoux fabriqués par les artistes de l’époque.

Les ornements qui accompagnaient les femmes dans leur dernière demeure révélèrent de belles parures qui embellissaient toutes les parties du corps féminin. Les joyaux qui paraîent la gent féminine étaient placé près de la tête, dans les cheveux, accrochés aux oreilles, sur le cou, sur la poitrine, sur les bras, les poignets, les doigts, la taille, le bas-ventre, les genoux, les chevilles, bref, pas un centimètre carré du corps ne fut oublié pour l’embellissement du corps des femmes. A l’occasion de la cérémonie funèbre, la dépouille de la morte faisait l’objet du plus grand soin et on l’ensevelissait avec le plus grand respect en l’enjolivant de ses plus belles parures et bijoux qui lui étaient chers, de son vivant.

La moisson de l’orfèvrerie mérovingienne fut principalement ramassée dans les tombes de ces dames appartenant certainement à un haut lignage, pour certaines.

Le catalogue restitué de cet inventaire général, permet d’évaluer l’importance du trésor d’Herpes et d’avoir un échantillonnage varié de toutes les formes d’art de l’orfèvrerie du Haut Moyen Âge, dévoilant le professionnalisme des artisans véritables artistes de la maîtrise des métaux, des pierres précieuses et des gemmes, à l’époque Mérovingienne.

Parmi les objets sauvés lors des fouilles archéologiques on peut distinguer plusieurs catégories d’objets et les classés selon les critères d’utilisation. - Les objets domestiques pratiques et utilitaires (ciseaux, couteaux, outils) - Les objets de la vie quotidienne, autres que culinaires (sanitaires et esthétiques, pinces, pinces à épiler, épingles à cheveux, cure-dents, cure-oreilles, aiguilles pour recoudre les blessures) - Les objets culinaires (vaisselle, dite ménagère ou châtelaine, verres à boire en verre, buire) - Les bijoux (bagues, boucles d’oreilles, bracelets, chaînes et chaînettes), les parures (colliers, pendentifs) - Les attributs vestimentaires (ceintures, boucles de ceintures, agrafes, fibules, épingles, épinglettes, voile orné de fil d’or) - Religion et pratique cultuelle (la verrerie, vases, fioles, tasses, soucoupes) - vases funéraires, urnes, figurine, ornée de croix, bijous en forme de croix) - Les monnaies (romaines, amulettes, usage paiën cultuel des morts) - Les objets en fer (armes, boutons en métal, fer à cheval en fer et en argent mors boucles de mors, sabot de cheval, hipposandale, clous en bronze et en argent, aiguilles en bronze)

Après expertise du mobilier du cimetière, nous avons établi une classification des objets, se répartissant selon dix ordres d’usages différents.

Les objets domestiques pratiques et utilitaires : Ce sont des ustensiles à caractère pratique, entrant dans la vie quotidienne et d’un usage courant, comme le ciseau dont plusieurs exemplaires de ciseaux plats, un ciseau à soie, utilisé pour la couture, un autre outil à soie indéterminé, pour le découpage de tissu ou encore la taille de la barbe et des cheveux, les couteaux pour le découpage des lanières en cuir et tous les outils qui ne furent pas retrouvés mais dont on peut supposer la présence, car indispensables aux corps de métiers qui vivaient à proximité de la ville mérovingienne d’Herpes et qui participaient à l économie locale.

Quelques outils, comme la gouge avec un manche de bois, sorte de ciseau creusé en gouttière, à lame courbe dont se servent les menuisiers, les forgerons, les chaudronniers, ciseau de sculpteur, de section plus ou moins concave, utilisé pour la taille du bois ou de la pierre tendre, par les tailleurs de pierre. Les objets de la vie quotidienne, autres que culinaires :

Les femmes dont les corps reposaient dans les caveaux, avaient entre les genoux des châtelaines auxquelles pendaient et étaient attachés des ciseaux de fer ou encore des pinces à épiler en bronze, pour la toilette.

Associés à ces objets féminins, reposaient parfois des cure-dents, qui remplaçaient le brossage de dents comme nous le pratiquons à notre époque.

Les cures-oreilles recueillis dans les tombes, étaient fabriqués en bronze. Ils montrent que ces dames avaient un hygienne stricte et l’usage du cure-oreille était un petit ustensile nommé « escurette » au Moyen Âge, constitué d’un manche en bois, prolongé d’une petite pelle qui sert à éliminer le cérumen qui se dépose entre le pavillon et le conduit auditif. Il semble que les dames mérovingiennes raffolaient de cet objet qui paraissait avoir une utilité pratique qui entrait dans l’hygienne de vie de leur toilette quotidienne.

Les objets culinaires :

Ils se résument à quelques exemplaires de contenant en verre, fioles, bouteilles, buires, tasses, soucoupes, vases avec et sans pied, burettes et verres avec ou sans pied également.

Les vases en terre ou en verre semblent avoir eu une utilisation plus cultuelle que domestique. Il n’est pas impossible toutefois que quelques furent remplis de nourriture pour accompagner le mort dans l’au-delà.

Les fioles ou bouteilles variées, sont de petits flacons de verre soufflé, à col étroit, dans lequel on pouvait verser de l’eau, du vin, du parfum, de l’huile et même parfois du poison.

La buire, nom donné à diverses cruches anciennes, est un vase en forme de cruche au col plus ou moins élancé pourvu d’une anse et d’un bec, destiné à contenir des boissons, de l’eau, des alcools, de l’huile, du lait et parfois des parfums. Trois cruches et un vase à décor sont exposés dans les vitrines du musée de Cognac.

Les Burettes, sont de petits vases à goulots en verre ou métal, muni d’une anse destinées à contenir des liquides à usage domestiques, tels que l’huile, le vinaigre, du lait ou de l’alcool (vin).

Les tasses et soucoupes en verre, retrouvées en petites quantités et le plus souvent brisées. Seuls deux exemplaires dans un état parfait, furent prélevés dans les tombes du cimetière.

En dehors de deux assiettes en terre rouge, présentées au musée de Cognac, et une écuelle, il n’est fait mention d’aucun pot, ou plat parmi tout le mobilier qui furt amassé lors des multiples campagnes de fouilles archéologiques.

Les bijoux et parures :

Les femmes qui furent inhumées à Herpes étaient parées de leurs plus beaux bijoux. Des Bracelets aux poignets et aux bras, colliers autour du cou et sur la poitrine, perles, bagues aux doigts, chaînettes aux genoux, perles, fibules au-dessous du cou, boucles aux chevilles, boucles d’oreilles, aiguilles sur les étoffes, agrafes sur la poitrine, épinglettes, étoffes cousues d’or ou d’argent, boucles en bronze ou en argent aux pieds, bref, une quantité inimaginable de joyaux, de parures, d’ornements de toutes sortes accompagnaient ces épouses, ces mères, ces femmes de tout âge dans leur dernier voyage.

Les attributs vestimentaires : Les toilettes portées par les femmes d’Herpes au moment de leur funéraille, devaient donner aux défuntes, une tournure esthétique et rehausser leur beauté comme au temps de leur vivant. Ces vêtements probablement d’apparats, indiquaient la position sociale de la disparue qui voulait que jusque dans la mort on sache quel était son rang, en contemplant la richesse de sa vêture et de ses bijoux.

Ces ornements qui l’accompagnaient, se remarquait dans le choix de sa robe, des voiles et autres étoffes précieuses, ornées de fil d’or ou d’argent, attachées ou fermée par des agrafes, des épinglettes ou des fibules, serrer à la taille, d’une ceinture munie de boucles ouvragées.

Les bagues, orfèvrerie cloisonnée, retrouvées en très grand nombre, simple anneau ou ruban ouvragé, au chaton en forme de rosaces ou de fleur ornées de grenats et cloisonnées d’or, sont produites en or et en grandes quantité. Toutefois certaines étaient en argent ou en bronze. Quelques unes portaient sur le chaton une inscription, souvent lisible mais incompréhensible. (Ces anneaux cachet portaitent les noms de « GISE », « INTNI », « M », « SZCSSC », ou encore « KIAF ».

Les fibules, en argent doré ou en bronze, se divisent selon différents critères de fabrications, discoïdales, cruciformes, à tête carrée, digitées, à rayons, zoomorphes, aviformes ou à tête de tétard. Ces bijoux représentent généralement des têtes d’oiseaux, de perroquets ou perruches, de cheval, salamandre, et poisson. La fibule se divise en trois parties chacune dévolue à un rôle bien spécifice. La partie longue ou rectangulaire reçoit la charnière, la partie ansée fixe les plis du vêtement et la section cruciforme retient la pointe de l’ardillon dans son anneau ou crochet d’arrêt.

Religion et pratique cultuelle :

Parmi la quantité de sépultures recensées dans le cimetière d’Herpes, un nombre considérable d’inhumations renfermaient des individus qui avaient fait l’objet d’un rite cultuel chrétien. Cet aspect des rites funbéraires se perçoit dans les dépôts des accessoires déposés près des corps, dans les décors, ainsi que dans la nature elle-même des antiquités répertoriées. Ainsi, les vases funéraires en terre, dont certains de confection grossière, une écuelle en terre et d’autres en verre, les urnes, les bargues et monnaies ornées de croix, bijous en forme de croix, la figurine de la Vierge atteste d’une christianisation certaine de quelques sépultures qui renfermaient un tel mobilier.

Les vases funéraires, étaient de deux catégories et reposaient dans presque toutes les tombes, placés indifféremment à gauche ou à droite de la tête. Les vases en terres gisaient en plus grand nombre que ceux en verre dans les sépultures.

Les vases en terre étaient presque toujours de couleur noire, très peu avaient une couleur jaune pâle ou ocre et un dernier, tout petit, était en trerre rouge. Les grands vases pouvaient posséder ou pas des anses pour leur préhension. Les vases jaunâtre ou gris étaient le plus souvent dépourvus d’ornementation. Sur les poteries en terre cuite noire, on pouvait distinguer nettement les traces d’un décor éffectué à la roulette. Ces enjolivures se positionnaient sur la partie supérieure, près des goulots des vases ou cruche ou encore sur la panse des ceux-ci. L’ornementation se caractérisait par des motifs végétaux gravés représentant (fougères, feuilles, ou d’autres formes diverses), des dessins à forme géométrique (carrés, triangles, chevrons, flèches ou cercle minuscules).

Les vases en bronze se différencient par le fait que l’un est de facture grossière au profil épais, alors que le seconest plus fin et esthétique. Celui-ci porte sur la la bordure de la lèvre, un décor de petits boutons légèrement bombés, « décor à bossettes ». Il semble que ces vases furent remplis d’un liquide (huile sainte, eau bénite, vin, décoctions et autres reliques, sang, laits, larmes, etc), aujourd’hui totalement indiscernable. Tout comme il est difficile d’affirmer que ces récipients contenaient des aliments, offrandes alimentaires (céréales, pains, eau, fruits, aliments divers, etc) dont il ne subsiste aucune trace. Nous pouvons seulement évoquer le fait qu’ils furent placés dans les sépultures et donc qu’ils étaient des vases de deuil et qu’ils auraient pu servir d’urne funéraires et réservé donc uniquement à cet usage.

Les vases en verre que nous avons déjà décrits précédemment, ont en dehors des verres à boire, bouteilles, cruches, fioles et bouteilles diverse, buires, tasses et soucoupes, pu servir à un double usage à la fois domestique et cultuel.

Les bagues, Il a été mentionné dans les différentes déclarations faites après les fouilles, la découverte d’objets et de bijoux en forme de croix ou ayant une croix gravée comme sujet d’ornementation. Parmis les bijoux portés aux doigts, une bague était gravée d’un trait profond d’une croix réalisée au burin et rempli d’un émail noir exécuté par un orfèvre habile. Dans une autre tombe, une femme portait un anneau, simple cercle d’argent orné d’une croix de Saint-André.

Les monnaies, rertrouvées indiquent qu’un grand nombre étaient des monnaies impériales romaines figuraient parmi les tombes mérovingiennes. Parmi ces dernières des monnaies de naulage, nom donné à la pièce de monnaie que les anciens grecs mettaient dans la bouche des morts pour que ceux ci puissent payer la traversée du Styx à Charron, ce qui prouve qu’un culte païen existait, et était pratiqué sur le site avant de devenir un lieu de recueillement chrétien. La plus ancienne datait de « Tibère » (42av. JC - 37ap.JC) et la plus récente s’apparentait à « Justinien » (482-565 ap. JC). Les autres monnaies romaines retirées des caveaux se rapportaient aux empereurs, Galliénus (218-268, empereur de 253 à 268 apJC), Postume ou Marcus Cassianus Latinius Postumus (empereur de 260-269 apJC), (romaines, amulettes, usage paiën cultuel des morts), Tétricus (271-274 apJC), Constantin Ier (310-337 apJC), Constantin II (337-340 apJC) et Constantin III (407-411 ap.C), Anastase (vers 430-518 apJC), Anthémius (467-472 ap. JC).

Un sou d’Anastase ornait le buste impérial, gravé d’une croix latine et précise une datation remontant au VIe siècle, ap.JC. Une grande quantité de ces monnaies étaient percées pour servir de pendentifs ou d’amulettes et d’autres servirent de chaton aux bagues.

Le pendentif à la Vierge, évoque la pratique du culte chrétien sur le site du cimetière d’Herpes. Ce culte se retrouvait dans la présence de quelques bijoux façonnées en forme de croix. Le plus évocateur qui rappelle la coutume d’un culte chrétien, est cette figurine qui représente une femme nimbée, à la téte auréolée comme l’effigie d’une sainte. Faut-il voir dans cette évocation, la miniature symbolisant la silhouette de la Vierge ou encore celle de l’impératrice chrétienne, Héléne, mère de Constantin Ier le Grand. Cela pourrait être une hypothèse compte tenu de la présence des nombreuses monnaies romaines retrouvées à l’intérieur des sépultures.

Les objets en fer, outre les armes déjà décrites, ces accessoires étaient constitués, de boutons en métal, de fer à cheval en fer et en argent, de mors, boucles de mors, sabot de cheval, d’hipposandale, de clous en bronze et en argent, d’aiguilles en bronze, probablement à usage médical et d’un seau. Ce dernier ustensile découvert dans une riche tombe de femme est un superbe seau en bois, cerclé de bronze doré, qui malheureusement reposait en mille morceaux. Une fois restauré, ce seau à la découverte saugrenue et étonnante dans une tombe attribuée à une personne de haut rang, livra une ornementaion pour le moins surprenante pour un tel récipient. Tout d’abord la anse, est soudée au contenant par deux plaques fixéees chacune par cinq rivets au bord du seau. Ensuite la décoration extérieure du contenant se divise en sept bandes circulaires, dont la quatrième est vierge de tout motif. La première, au sommet du seau s’orne d’un bandeau formant couronne, constitué de voûte de style roman. Le second montre six plaques, trois triangulaires entre lesquelles s’intercalent deux plaques plus petites en forme de losange. Elles semblent être en métal et paraîssent également serties au seau. La troisième rangée, parait être simplement cerclée d’un cerceau métallique sans décor. Le quatrième rang, comme nous l’avons signalé est nu de tout embellissement. Le cinquième bardage contient une succession de dessins groupés, rappelant les voûtes de style roman observé sur le premier bandeau, mais entrelacées les unes avec les autres. Trois de ces groupes sont séparées par des points qui pourraient être des rivets de fixations. Le sixième alignement, est la copie presque conforme du second bandeau. Le dernier cerclage reprend le style de gravures reconnues sur le cinquième garnissage, sans l’incrustation de points aperçus sur celui-ci.

Le Mobilier des Tombes Enfantines

Les tombes d’enfants étaient souvent associées à celle d’une femme, probablement la mère de celui-ci. Ils se positionnaient très souvent inhumés au-dessus du corps de leur maman. Il ne fut retrouvé aucun bijou enfantin, pas plus que des jouets qui auraient pu être déposés près de leur dépouille.

Les artisans Mérovingiens d’Herpes :

Quand on examine la qualité du trésor d’Herpes, on est frappé par la variété et la quantité des objets amassés. Ce qui nous fait songer qu’une activité artisanale importante régnait sur la bourgade où vivait cette population. Il en est de même pour la nécropole de Saint-Etienne de Chasseneuil sur Bonnieure qui livra un mobilier tout aussi riche.

Ces deux communautés, éloignés l’un de l’autre devaient réunir une population assez considérable pour que les cimetières de l’une et de l’autre, compte un nombre de sépultures en si grande quantité.

La nature des objets, armes, bijoux, éléments de ferroneries, tissus, poteries, indiquent que les activités artisanales opérationnelles sur ces sites, regroupaient une variété de corporation réunissant bon nombre de métiers. Ofèvres, bijoutiers, forgerons-armuriers-charrons-maréchaux-ferrands, fondeurs-bronziers, tailleurs de pierre, potiers, tailleurs-tisserands, souffleurs de verre, bourreliers animaient chaque jours la vie de ces communautés rurales.

Or, aucun indice qui aurait permis d’identifier l’importance de l’installation humaine près de la nécropole d’Herpes, ne mentionne un tel établissement. Courbillac ne semble pas correspondre à l’emplacement d’un bourg où se serait installé une population aussi conséquente compte tenu du nombre de tombes recensées. Aucun emplacement d’habitations de cette époque historique, n’a été signalé ou mentionné dans les ouvrages de référence. Pour ce qui concerne Chasseneuil, la situation n’est pas tout à fait la même, car le cimetière occupe toute la surface de terrain cernant l’église Saint-Etienne, idem pour Cognac positionné près de l’église Saint-Martin.

Ce qui est certains c’est que la richesse du mobilier interpelle, car pour être aussi impressionant par le nombre et la qualité, il fallait que de nombreux artisans de toutes les corporations mentionnées précédemment vivent à proximité de la nécropole, afin de répondre, tant pour les hommes que pour les femmes à l’attente commerciale nécéssaire à la réalisation de leur projet ou de leur désir.



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