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CONTES, LEGENDES ET MRACLES SUR LES CHEMINS DE SAINT-JACQUES EN AQUITAINE, SAINTONGE, AUNIS ET ANGOUMOIS

LEGENDES D’AUNIS ET SAINTONGE

Les légendes, contes et autres histoires ont toujours habité notre imaginaire. Depuis notre plus tendre enfance, les mamans bercent leurs enfants, de contes de fées, de lutins et de tout autre personnage mythique et fabuleux qui écrivent leur histoire au fil des pages.

Ainsi nos rêves étaient-ils peuplés de mondes et d’êtres chimériques. Avec l’histoire sainte, les contes deviennent miracles et un univers mêlé de fantastiques associant animaux légendaires, hommes et femme de grande sainteté peupla la fantasmagorie médiévale qui traversa les siècles et s’imprima dans les Saintes Ecritures.

La chrétienté s’empara de la vie de ces saints et saintes et d’innombrables miracles devinrent légendaires. Le monde de la chevalerie ardant défenseur de la parole de Dieu, fut le protecteur des dames, du pauvre, du faible et de l’orphelin. Ce mode d’existence, issu du grand empire de Charlemagne et de ses preux, raconte l’histoire de ces chevaliers qui donnèrent leur vie après de terribles combats contre l’ennemi de la religion chrétienne.

Celle-ci trouva dans cette féodalité naissante, les défenseurs de la foi. Les chevaliers du Temple furent les témoins exemplaires de la protection des pèlerins qui se rendaient en Terre Sainte, à Rome où à Saint-Jacques de Compostelle. La devise de cette chevalerie était « Dieu, l’honneur et les dames ». Le peuple ne pouvait qu’approuver cet esprit et éprouva le plus grand respect pour ces hommes qui revinrent des croisades, la croix ornant leurs vêtements à leur retour de Jérusalem.

Les chansons de gestes perpétuèrent les combats titanesques que livrèrent ces hommes à la fois, guerriers redoutables et hommes de Dieu. Leurs exploits furent chantés à la cour des rois et dans les châteaux forts de provinces lointaines. Ces légendes entrèrent dans la littérature médiévale française et aujourd’hui encore ont les étudie dans les amphithéâtres des universités.

Les chemins de Saint-Jacques de Compostelle regorgent d’histoires que l’on qualifiait, d’extraordinaires, surnaturelles, surprenantes, invraisemblables et qui pourtant jalonnent les villes, accueillant des millions de pèlerins depuis de nombreux siècles.

SAINT-JEAN D'ANGELY : LE CHEF DE SAINT-JEAN BAPTISTE

La ville de St-Jean-d’Angély se dresse à l’ombre des murailles du monastère de ce nom. La fondation de cette abbaye remonterait, à l’an 942. C’est à Pépin, roi d’Aquitaine que l’on doit son érection. Toutefois, les manuscrits de D. Fonteneau, font état d’une donation faite à ce monastère, vers 928, par un nommé Ithier, de tout ce qu’il possédait dans le pays de Brioux, aux villages appelés Lupchiacus et Asnerias".

La légende du chef de Saint-Jean-Baptiste s’est rapidement diffusée sur le parcours des pèlerins depuis Paris et Tours jusqu'à Saint-Jacques de Compostelle. Rapportée d’Orient, la légende se transmettait de bouches à oreilles sur les chemins empruntés par les jacquets. Depuis le jour où Baptiste fut décollé à Samarie par l’ordre du cruel Hérode, les reliques du Précurseur de Dieu reposaient à Alexandrie, dans la basilique élevée en son honneur par l’empereur Théodose. Félix, un moine d’Occident, ayant entrepris le voyage de Jérusalem, eut, une nuit, la vision du chef du saint. « Lève-toi, lui dit une voix, et marche jusqu’à Alexandrie. Là, tu trouveras, dans la chapelle où il est déposé, le chef de saint Jean-Baptiste, Tu t’en empareras, et, reprendra le chemin de la Gaule, Puis tu le porteras en Aquitaine dans un lieu que je t’indiquerai. »

Ainsi fut il fait. Le moine exécuta, l’ordre qu’il avait reçu. Il déposa solennellement son trésor, dans un reliquaire. Une fois parvenu sur le rivage de la mer, il trouva une barque que des anges avaient affrétée pour son voyage de retour. Accompagné dans son périple par six moines qui le suivaient depuis le début de son pèlerinage en Terre Sainte, le frêle esquif cingla vers la haute mer, bercé par les prières des religieux.

Alors que la barque voguait au milieu des flots, Félix leva les yeux et les mains au ciel et s’écria : « Mon Dieu, vous qui avez marché à pied sec sur les flots, qui avez tendu une main secourable à saint Pierre en danger de se noyer, et préservé trois fois saint Paul du naufrage, protégez-nous contre cette mer en fureur, et conduisez-nous promptement au terme de notre voyage, pour y déposer le précieux trésor que nous portons. » Il n’avait terminé sa prière, qu’une colombe blanche surgit d’un nuage lumineux et vint se percher sur la poupe du navire. Elle demeura ainsi jusqu’à ce que les pieux marins abordent le rivage d’Aquitaine. Parvenus à bon port, ils se dirigèrent vers le havre d’Angoulins sur la côte de l’Aunis. Ils se mirent en marche, ignorant encore le lieu de la fin de leur voyage. C’était un temps où les vikings écumaient les côtes de Saintonge et ils arrivèrent sur les restes d’un champ de bataille. Une terrible rencontre s’était déroulée entre les troupes royales d’Aquitaine et les Normands. Commandée par Pépin, roi d’Aquitaine, la soldatesque avait gagnée la bataille et l’armée royale campait sur les lieux. Harassé par une âpre journée de combats, Pépin s’était endormi profondément sous sa tente et au plus profond de son sommeil il eut une vision divine qui le tança ainsi :

« Paresseux, pourquoi dors-tu ? Apprends que le chef du grand saint Jean-Baptiste, Apporté du fond de l’Orient, vient d’arriver en ces lieux, Et que c’est par son mérite que Dieu t’a donné la victoire sur tes ennemis. Seigneur, que faut-il faire, demanda le roi endormi, Et où trouverai-je ce grand saint ? » Derrière ton camp s’avancent sept religieux en habits de pèlerins, Marche à leur rencontre en grande humilité, Reçois de leurs mains la sainte relique, Et tu connaîtras bientôt la puissance de Dieu. »

Félix et ses compagnons furent d’abord effrayés par la vision d’horreur qui s’offrait à eux. Les champs alentours étaient recouverts de cadavres ensanglantés, mais ils poursuivirent leur chemin en psalmodiant des prières. Ils contournèrent l’effroyable charnier et empruntèrent des chemins détournés pour éviter la puanteur du carnage. Le soir, ils se cachèrent dans les bois où ils construisirent une cabane pour dormir.

Lorsque Pépin, fut réveillé le lendemain matin, il souvint des paroles qu’il avait entendues pendant son sommeil, et consulta son conseiller sur la conduite à tenir. Il fut décidé que le prince déposerait ses ornements royaux et revêtirait un cilice. Puis suivit de ses officiers, pieds nus comme leur souverain et recouverts de cendres, ils se rendirent à l’avance du groupe de moines qui avaient repris leur cheminement.

Quelle ne fut pas leur surprise, lorsque Félix vit arriver le roi et sa compagnie dans cet humble appareil. Parvenu à leur hauteur, Pépin les salua et donna le baiser de paix à Félix qui lui apprit l’objet de sa mission.

Alors tous deux se mirent dévotement en prière. Félix éleva à bout de bras la glorieuse relique et entonna un hymne repris en chœur par les autres religieux. Puis toute l’armée de trente mille hommes se joignit à la dévotion. Les litières soutenant les cadavres des vingt soldats tués dans les combats de la veille, furent approchés l’un après l’autre, de la châsse où était renfermé le chef du martyr et Oh prodige ! à peine les cadavres eurent-ils effleuré le précieux reliquaire, qu’ils ressuscitèrent et se réveillèrent de leur dernier sommeil. A la vue de ce miracle, toute l’armée jeta des hourras d’admiration.

Les moines, portant la sainte relique, suivis du roi et de tous ses guerriers se remirent en marche et arrivèrent en un lieu nommé Voutron. De là, ils gagnèrent, à travers les marais de Mathevaulx, le château d’Angély.

Le chef sacré de Saint Jean-Baptiste fut déposé dans la chapelle du château, dédiée à la Vierge. On éleva au bord de la rivière Boutonne, une église où la relique du bienheureux fut déposée, avec des parfums, dans un ciboire décoré de six colonnes en marbre et scellé avec de la poix. A cette basilique fut ajouté un couvent de religieux, pour desservir à perpétuité l’autel du Précurseur de Dieu. Depuis ce jour, tous les pèlerins empruntant le chemin de Saint-Jacques de Compostelle passent par Saint Jean d’Angély pour honorer le chef de Saint Jean-Baptiste.

SAINTES - SAINTE EUSTELLE

Eustelle, était la fille du gouverneur de la province de Saintonge. Elle fut convertie au christianisme par Saint Eutrope. Son père était un Romain de naissance illustre etsa mère descendait d'une antique et puissante famille de druides.

Après avoir entendu les enseignements de Saint Eutrope, elle demanda le baptême. Elle fut baptisée par lui et consacrée à Dieu. Le père de la jeune fille lui trouva un fiancé auquel elle renonça, mais ce dernier insista vivement, si bien que de colère, elle frappa le sol du pied et en fit jaillir une source.

Mais comme elle se refusait à tous les prétendants qu’il lui présentait et qu'elle s'obstinait dans sa Foi, son père la fit mettre à mort dans les arènes de Saintes. Son corps sera enterré dans le tombeau de saint Eutrope, à qui elle avait donné, peu de temps auparavant, la sépulture

La fontaine de Sainte Eustelle est visitée régulièrement par les jeunes filles de Saintonge qui recherchent un mari. Elles viennent donc jeter deux épingles dans son bassin. Si celles-ci tombent au fond en dessinant une croix, elles se marieront dans l’année. Un grand nombre d’épingles reposent au font de la fontaine ce qui prouve combien elle est fréquentée par les jeunes filles en mal d’amour.

PONS - LA PROSTITUE DE L'HÔPITAL NEUF

En des temps lointains, il se racontait que l’hôpital neuf de Pons ne se contentait pas seulement de soigner les pèlerins. Des pèlerins s’arrêtaient dans ce bel hospice car disait-on s’y trouvait une belle concubine qui savait soigner le corps comme nulle part ailleurs.

Un pèlerin qui s’était amouraché de la mignonne, en oublia de repartir et y séjourna durant deux jours. La belle ne se contenetait pas de soigner les corps et l’esprit , mais aussi les cœurs, en leur prodiguant des soins particuliers.

MESCHERS – TALMONT SUR GIRONDE - LA DAME BLANCHE DES MARAIS

Les matins de printemps, lorsque le soleil darde de ses rayons la lande et les marais situés entre la pointe de Suzac et la presqu’île de Talmont, un drap de voile brumeux envahit la région environnante.

Cette longue bande de soie lactescente qui vole dès l’aube frileuse, ondoie sur les prairies herbeuses, suspendue comme par magie entre ciel et terre. Les bêtes, vaches et moutons, dès leur réveil paissent allègrement dans ces herbes riches et grasses.

Les anciens, vieux pêcheurs de ses côtes poissonneuses, chasseurs de civelles appelée « pibale » par ces marins sont en réalité des alevins d’anguilles qui viennent peupler les canaux et rivières de la lande. Cette pêche souvent miraculeuse quand elle intervient, nourrit non seulement cette population souvent pauvre, mais aussi la basse-cour. Cette nourriture, dite « plat du pauvre » évitait souvent la famine dans les chaumières. Le soir à la veillée, calfeutrés près de la cheminée ces vieux navigateurs racontaient d’une créature irréelle et maléfique « La Dame Blanche ». Ils racontaient que les matins frileux, ou la bande nuageuses stagnait au-dessus des marais, que c’était la dame blanche qui étendait son voile pour capturer les âmes des voyageurs ou des passants. Ils prétendaient que ce voile qu’elle traînait derrière sa monture, n’était autre que sa traîne de mariée, car chaque nuit elle se mettait en quête d’un prétendant afin de l’emprisonner à jamais. Dans sa chevauchée fantastique, les loups, seigneurs des terres environnantes, l’accompagnaient de leurs hurlements sinistres.

Pour les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle, Meschers et Talmont étaient des lieux où ils étaient hébergés par les moines du prieuré desservant l’église Saint-Saturnin, construit par la grande abbaye de Saint-Jean d’Angély et ceux de Sainte-Radegonde à Talmont. Depuis ces lieux, les moines demeurant là, se chargeaient de faire traverser dans leur barque, l’estuaire de la Gironde, après qu’ils se furent restaurés, soignés et reposés. Les moines bateliers, vivaient ainsi des oboles reçues de ces jacquets qui souhaitaient se rendre à Notre Dame de la Fin Des Terres à Soulac. Les nautonniers les faisaient accoster sur la côte médocaine à Tallais ou encore à Soulac.

Saint-Saturnin, Saintes-Ragdegonde, l’église de Mortagne et son port, ainsi que Port Maubert à Saint Fort sur Gironde et tous les bourgs bordant l’estuaire de la Gironde, conservent sur leurs murs de leurs édifices religieux ou l’embarcadère des ports, des graffiti montrant des pèlerins et vraisemblablement des moines, des coquilles Saint-Jacques associées à des navires ou encore des jacquets traversant l’estuaire dans des embarcations diverses.

Un soir à la tombée du jour, un pèlerin venant probablement de sa lointaine Bretagne, par le chemin du Mont Saint-Michel, traversant les terres bretonnes, caracolait en compagnie de sa jument fatiguée, sur sa carriole brinquebalante, à travers les marais Chargé comme une mule, la charrette transportait sur son plateau, du picoton, des vivres pour l’homme et quelques offrandes destinées aux abbayes, monastères, églises et hôpitaux jalonnant la longue route jusqu’en lointaine Galice. Notre voyageur poursuivait sa route par un mois de janvier frileux et la lune qui venait de se lever était si claire que la lumière des étoiles ne parvenait pas encore à percer la nuit tombante. Un silence impressionant régnait sur les marais. Seuls, le bruit des essieux du charriot épousant les fondrières du chemin, troublaient cette paix illusoire.

Fatigués par leur interminable périple, le pèlerin tenant les rênes, la jument tirant la remorque et le bouricot transportant ses ballots dodelinaient comme des pantins désarticulés, engourdis par le froid et harassés de lassitude.

Tout à coup, tout s’emballa, un hurlement décira la nuit. Un son rauque et profond s’achevant comme une plainte perça le silence de la nuit, glaçant l’échine de l’homme comme celles des bêtes. Puis un second se manifesta, les terrfiant su place, puis un autre et encore un autre et enfin le dernier fut le signal de l’arrivée de la meute.

Effrayé, terrorisé même, notre pèlerin fouetta sa jument et tira d’un coup sec sur la longe du bourricot pour l’inciter à activer le pas. Puis tout en se cramponnant comme il le pouvait à cause de la charrette qui s’emballait, il chercha son pistolet glissé dans sa ceinture prêt à se défendre contre la meute de loups. Ces derniers affamés sentant la proximité d’une nourriture accessible, redoublaient d’effort pour rattraper le convoi.

Au loin, au bout du chemin des marais, apparaissait dressée comme la proue d’un vaisseau de pierre, Sainte-Radegonde, ultime refuge pour échapper à la meute. Les loups se rapprochaient dangereusement, l’eau gelée ne freinant pas leur avancée ils commencèrent une manœuvre d’encerclement commandée par un grand loup au pelage roux. Le pèlerin pouvait apercevoir leurs yeux rougeoyant comme des braises et leurs crocs prêts à les dévorer tous. Les coups de fouet ne suffisaient pas à faire avancer plus vite la jument qui était exténuée et le baudet qui bramait de toutes ses forces face à la peur qui le submergeait. Déjà, un loup avait refermé ses mâchoires sur le jarret de la pauvre bête, tandis qu’une louve adulte et puissante sautait sur la croupe pour la faire tomber et l’achever. La mort dans l’âme, le pèlerin dût trancher la longe qui reliait la jument à l’animal, pour ne pas subir le même sort. Ce fut aussitôt la curée. Il pensait pouvoir s’accorder ainsi un répit, mais la jument à son tour céda à l’épuisement. Au beau milieu d’une nappe d’eau gelée, ses sabots glissèrent et la jument dérapa et perdit un équilibre déjà précaire, sous l’effet de la course infernale qu’elle venait de mener. Elle chancela et s’affala sur le sol. Le bruit attira immédiatement la meute qui délaissa un instant la carcasse du baudet et se précipitèrent en direction de la vieille rosse. Notre jacquet, coincé sous sa monture, réussit à s’en dégager et pataugeant dans l’eau glacée, il parvint enfin a se hisser sur monticule de terre, îlot salvateur, cerné de touffes de joncs et se prépara à faire face à ses adversaires, qui à présent l’encerclaient. La lutte s’engagea sans merci et dès qu’un loup se montrait trop menaçant, il était foudroyé par un éclair de pistolet qui le terrassait sur le champ. Plusieurs d’entre-eux avaient déjà mordus la poussière et baignaient, morts, dans le marais.

Malheureusement, lorsqu’un jeune loup affamé se montra plus audacieux que ses congénères, le voyageur, au moment de tirer, ne perçu que le clic de son arme. Il était à court de munitions et pour seul moyen de défense il ne put que jeter son pistolet à la gueule de cet ennemi plus hardi que les autres. Mais ce fut temporaire et il dut se saisir de badine pour attendre le prochain assaut. Sentant venir sa fin prochaine, il recommanda son âme à Sainte-Radegonde, à Saint-Jacques et à tous les saints du paradis.

Lors de la première attaque qui suivit, il cingla le museau d’un loup sachant que c’était un endroit très sensible chez la bête. Sous l’effet de la douleur, elle jappa et recula mais la blessure renforça sa fureur et tous les crocs dehors il refit face à l’homme et s’apprêta à bondir pour la mise à mort.

A cet instant précis, le pèlerin, agrippa a deux mains la coquille Saint-Jacques qu’il portait en sautoir, invoqua de ses vœux les plus fous, Saint-Jacques, lorsqu’à ce moment ou un bruit de cheval lancé au galop coupa lé l’élan du loup prêt à sauter sur sa proie. Il eut la vision d’un cheval blanc cavalant dans sa direction. Les sabots de l’animal flottaient au-dessus de la surface des marais. C’était comme s’il planait sur les flots. Sur son dos, cramponnée à la crinière, une amazone vêtue d’une longue robe blanche, sourit au pèlerin soulagé de ce secours inattendu.

Telle une mariée, elle était coiffée d’une couronne de fleur. Dans son dos, ondulait un long voile qui virevoltait, léger et immatériel. Sa traîné était si allongée que l’œil n’en percevait pas la limite.

Parvenue à hauteur du pèlerin, elle se pencha, sur le côté et d’un bras ferme enleva dans les airs le pèlerin éperdu de reconnaissance. Soulevé de terre comme une plume, il se retrouva assis en croupe sur le cheval blanc de la cavalière. Tout s’était passé en une faction de seconde, la monture n’ayant même pas ralenti sa course.

Les loups frustrés de voir s’échapper leur festin, se lancèrent à la poursuite du destrier et de son fardeau. Le long voilage les enveloppa, tissa un maillage inextricable et les emporta dans un vent de folie, tel un tourbillon infernal. La monture se dirigeait vers le rocher de Sainte-Radegonde volant au-dessus des marais et des flots de l’estuaire. Parvenu à la pointe de la presqu’île, il s’arracha à la terre ferme et tel Pégase pris son envol pour survoler la Gironde. Au-dessus des flots tumultueux, le voile se déchira et tous les loups périrent noyés, dans les eaux troubles et boueuse du fleuve.

Les moines de Sainte-Radegonde, entendirent dans le lointain, le murmure des paroles du pauvre pèlerin qui suppliait la Dame Blanche de le libérer. Elle ne répondit pas à son attente et elle emporta encore ce soir là, un nouveau mari qu’elle avait gagné et souhaitait garder auprès d’elle.

Lorsque le jour se leva enfin après cette affreuse nuit, un berger découvrit quelques lambeaux du voile de la mariée diabolique et les carcasses à demi-dévorées de l’âne et de la jument. Mais du pèlerin, jamais plus personne ne le revit. Seule, une coquille Saint-Jacques, pendue à un lacet de chanvre, reposait sur un petit monticule de terre, perdu au milieu des marécages.

Pour les loups, il en fut de même. Depuis cette nuit tragique, plus aucun loup n’est reparu en Saintonge. Je peux vous assurer que cela est vrai car depuis soixante années que j’habite dans la forêt de Suzac, je n’ai jamais vu l’ombre d’un loup.

LA CHANSON DE ROLAND EN AQUITAINE

BORDEAUX (Via Turonensis)

Lorsque Charlemagne revient de Saragosse, il passe par Bordeaux et la chanson de Roland nous dit :

« Sur l’autel du baron Saint-Séverin, Charles dépose l’olifant plein d’or et de mangeons. Les pèlerins qui y vont peuvent le voir… »

BORDEAUX/BLAYE - LE COR DE ROLAND

A la bataille de Roncevaux, Roland le preux de Charlemagne, souffla si fort dans son cor que celui-ci se fendit par le milieu. De retour en royaume de France, le grand roi s’arrêta à Blaye ou il déposa le cor d’ivoire dans la basilique Saint Seurin à Bordeaux.

Percé de multiples blessures laissées par les flèches et les coups de sabres de ses ennemis, le corps du courageux chevalier fut enseveli par ses valeureux compagnons en la basilique de Saint-Romain de Blaye.

BELIN

Selon la légende, les frères d’armes de Roland, morts au combat à Roncevaux, furent acheminés jusqu’à Belin où ils reposent tous ensemble dans un même tombeau. De leur corps émane un parfum si doux qu’on le dit capable de guérir tous les malades qui viennent se recueillir sur leur sépulture. Olivier, Gondebaud, roi de Frise, Ogier, roi de Dacie, Arastain, roi de Bretagne, Garin, duc de Lorraine et d’autres encore, reposent en terre landaise.

SAINT-ROMAIN SUR GIRONDE

Selon la chanson de Roland, c’est ici que Charles après avoir traversé la Gironde à Blaye dépose les corps embaumés de ses preux.

« … Il mène son neveu, et Olivier son noble compagnon et l’archevêque qui fut sage et preux. Il fait mettre les seigneurs dans de blancs cercueils ; les barons gisent à Saint-Romain… »

Ici également, durant de nombreux siècles, les pèlerins se recueilleront sur les tombeaux des preux chevaliers. François Ier s’arrêtera et priera sur leurs tombes à Saint-Romain.

ETAULIERS

Peu après Etauliers, on suit le chemin qui passe par un lieu au nom évocateur, l’Hôpital. Le pèlerin s’approche du site de La Garde où du haut de la butte dit-on Roland jeta si fort son javelot qu’il atterrit deux kilomètres plus loin dans la Gironde. Peut-être tomba-t-il au large du hameau appelé Belle Etoile qui est au bord de mer et interpelle les Jacquaires du grand chemin de Compostelle qui suive l’étoile divine vers Saint-Jacques.

LIMOGES : L'ABBAYE SAINT-MARTIAL - APÔTRE DU LIMOUSIN

C’est vers l’an 250 que Martial vint évangéliser les Lémovices sous domination romaine. Augustoritum est gouvernée par le consul romain Etienne, qui est fiancé à Valérie, une jeune femme de la cité. Les prêtres du Temple de Mercure sont puissants et hostiles aux missionnaires chrétiens qui viennent prêcher la nouvelle religion monothéiste.

C’est dans ce contexte que Martial pénètre dans la ville gallo-romaine et trouve un refuge chez une brave matrone qui accepte de l’héberger.

Le zélé Martial convertit bientôt au christianisme la fille de son hôtesse Valérie, la fiancée du gouverneur romain. Celle-ci n’hésite plus à rompre ses fiançailles et lorsque son futur époux apprend la raison de la rupture, il la condamne au supplice. Mais la mort édifiante de sa fiancée le bouleverse au plus profond de son âme et il est touché par la grâce.

Une autre fois Martial fait un nouveau miracle. Alors que la foule a rempli le théâtre et assiste à un spectacle impudique, il pénètre sur la scène et prêche la bonne parole. Furieux les acteurs se précipitent sur lui et le donnent en pâture à la foule hurlante. Martial est battu de verge puis entraîné au cachot. Dans la pénombre surgit alors une lueur surnaturelle qui illumine violemment toute la cellule. Cette aura miraculeuse envahit bientôt toute la prison et le peuple qui assiste au phénomène crie au miracle et libère l’apôtre.

Martial dynamise la foule, les entraîne vers le temple de Mercure et brise les faux dieux. Lorsque tout est détruit, devant les nouveaux convertis, Martial consacre le lieu à Saint-Etienne. Le Limousin devient la « Terre des Saints » et le culte de Saint-Martial se perpétue rapidement. On construit à Limoges une abbaye qui conservera ses reliques. Le monastère deviendra sur la route de Vezelay, un important lieu de pèlerinage et une étape importante sur l’un des itinéraires de Saint-Jacques de Compostelle. Les pèlerins qui passeront par Limoges, emprunteront le Vieux Pont Saint-Martial qui les mènera jusqu’au quartier de la Boucherie, datant du Xe siècle. Parvenus près de la chapelle Saint-Aurélien, ils apercevront une belle croix monolithique du XVe siècle sur le socle de laquelle sont sculptés les apôtres.

Limoges est aussi la capitale de l’émaillerie limousine. Les émaux champ levés sont les seuls à être fabriqués à Limoges dès le XIIe siècle et cela jusqu’au XIVe siècle. Les pèlerins ne manqueront pas d’aller visiter la cathédrale Saint-Etienne où la sacristie renferme un superbe trésor rappelant cet art médiéval qui fit la renommée de la cité.

SAINT-LEONARD DE NOBLAT - LA REINE D'AQUITAINE

Selon la tradition et le récit légendaire de sa vie, écrit au XIème siècle, Léonard est né dans une famille franque d’officiers de la cour de Clovis à la fin du Vème siècle. Baptisé par saint Rémi, évêque de Reims, il a comme parrain Clovis lui-même, et devient disciple de saint Rémi.

Il visite les pauvres et les malades et obtiendra du roi le privilège de visiter les prisonniers et de libérer tous ceux qu’il jugera dignes de cette grâce.

Il quittera la cour après avoir refusé la dignité d’évêque pour rejoindre son frère Liphar au monastère de Micy proche d’Orléans. Devenu diacre, il quittera sa retraite paisible pour descendre vers le sud et créera son ermitage dans la forêt de Pauvain, près de Limoges et du tombeau de saint Martial.

Un jour, le roi d’Aquitaine vint chasser en ces lieux accompagné de la reine Clotilde, arrivée au terme de sa grossesse. Celle-ci surpris par les douleurs de l’enfantement eut du mal à accoucher. Par ses prières, Léonard intercède auprès de Dieu et Marie et sauvera la reine et l’enfant. Le roi souhaitant le remercier par des présents est surpris par la demande de Léonard qui lui répond qu’il n’acceptera que le territoire de la forêt que son âne pourra délimiter en 24 heures. Ce domaine prendra le nom de «Noblac» pour marquer l’origine royale de ce don.

Léonard construira sur son domaine, une chapelle en l’honneur de Marie et de saint Rémi, « Notre Dame de Sous les Arbres ». Deux disciples se joindront bientôt à lui. Son premier miracle fut de faire jaillir une source en ce lieu divin. Puis il fera libérer de nombreux prisonniers. Bientôt sa renommée attire une grande foule de fidèles. Il leur enseigne l’évangile et leur offre de vivre de leur travail.

Il s’éteint un 6 novembre et sera enterré dans la chapelle qu’il avait construite. Son tombeau devient vite un lieu de pèlerinage sur lechemin de Saint-Jacques de Compostelle et la ville de Saint-Léonard-de-Noblat deviendra une étaple incontournable du pèlerinage.

« La Chaîne de saint Léonard »

Au XIe siècle, Robert II, seigneur de Coucy, de retour de la première croisade, fera un pèlerinage à Noblat en Haute Vienne. Il en rapportera une chaîne qu’il déposera dans l’église. Les personnes atteintes de rhumatismes douloureux ainsi que les enfants chétifs qui touchent cette chaîne en invoquant saint Léonard sont assurés de leur guérison. Il aurait converti un grand nombre de prisonniers après obtenu leur libération. Léonard, dont le nom signifie « fort comme le lion » est le patron des prisonniers, des chrétiens enchaînés et des esclaves. Il était aussi invoqué par les croisés partant en Terre Sainte.

On le disait, l'ami des faibles avides de justice et de dignité, des malades, des isolés, des abandonnés et surtout le protecteur des mères dans l'attente de l'enfant qui va naître.

La basilique est ornée de chaînes, de carcans, de menottes, d’entraves de cadenas et d’un grand nombre d’instruments de torture destinés à faire avouer tous les crimes qui ne furent jamais commis.

PERIGUEUX - SAINT-FRONT ET LE MIRACLE DE GEORGES

Sacré évêque à Rome par l’Apôtre Pierre, il sera envoyé à Périgueux en compagnie d’un prêtre du nom de Georges pour évangéliser la ville et ses habitants. Partis ensemble sur le chemin, Georges mourra en cours de route. Saint Front lui donnera les derniers sacrements, l’enterrera et s’en retournera à Rome où il annoncera sa mort à Pierre. Le Saint Apôtre lui remettra son bâton et lui tiendra ce propos :

« Lorsque tu auras posé ce mien bâton sur le corps de ton compagnon, Tu diras les paroles suivantes ; En vertu de la mission que tu as reçue de l’Apôtre, Lève-toi au nom du Christ et accomplis-la ».

Saint Front et le prêtre Georges ressuscité, reprirent ainsi leur route et convertirent la ville, but de leur ultime mission.

AIRE SUR L'ADOUR

La Décapitation de Sainte-Quiterie à Aire Sur l’Adour

En 467, Sainte-Quiterie princesse chrétienne d’Espagne quitta son royaume pour ne pas épouser le prétendant qu’on lui imposait. Arrêtée par les arions Wisigoths à Aire elle fut décapitée. Lorsque sa tête toucha le sol une source miraculeuse jaillit des entrailles de la terre.

« LA VIA ECOLISMA » OU CHEMIN D’ANGOULEME

Charroux : LEGENDES SUR LA FONDATIONS DE L'ABBAYE SAINT SAUVEUR DE CHARROUX

Charlemagne qui chevauchait dans sa province d’Aquitaine honora de sa présence les terres du Comte Roger de Limoges. Alors qu’il traversait son domaine, il croisa un pèlerin breton de noble famille du nom de Fredeland qui revenait de Terre Sainte. Ce dernier dit au Grand Roi qu’il rapportait un trésor précieux qu’il avait acquis à prix d’or dans la ville de Jérusalem. Il ramenait, dit-il, un fragment de la croix du Christ pour lequel il se promettait d’élever une église destinée à recevoir cette inestimable relique. Charlemagne ému de se trouver devant une parcelle de la sainte Croix racheta au pèlerin son bien inappréciable.

Au cours de la nuit, le sommeil du saint Empereur fut troublé par un songe. Il se trouvait dans la forêt où il avait rencontré Fredeland et celle-ci lui apparut entièrement déboisée et il lui sembla que cet espace défriché était destiné à y recevoir une église. A son réveil, il ordonna au Comte Roger de Limoges d’élever une abbaye en ce lieu.

Cette première construction fut bâtie en bois pour le monument ouest et en pierre dans sa partie orientale. Elle fut construite très rapidement et fut consacrée un 15 juin par le Pape Léon III, né en 750 et installé sur le Saint-Siège en 795. Léon III était un grand ami de Charlemagne auprès duquel il trouvera protection en 799. En 800, réinstallé sur son trône papal, il couronnera Charles, Empereur de l’Occident à Saint-Pierre de Rome, créant ainsi le Saint Empire Romain. Cette cérémonie jettera les bases de l’édification du Moyen Age. Léon III décédé en 816 sera canonisé et fêté le 12 juin, trois jours avant que ne soient célébrées chaque année les festivités du 15 juin, date de consécration de l’abbaye. Nous ne pouvions manquer d’insérer ce fait car il se rattache sans nul doute aux cérémonies qui jalonnèrent l’histoire de la communauté religieuse. Cet évènement est également lié à ce grand Pape et à ce prestigieux monument.

Qu’en fut-il réellement ? En réalité, Léon III semble n’être jamais venu à Charroux et les textes relatant son passage ne datent que des années 1077 et 1096. Ainsi une fois de plus, l’imagination populaire nous fit croire qu’un Pape, ami de Charlemagne, vint visiter l’abbaye de Charroux.

CHARROUX - LE MYSTERE DE LA SAINTE VERTU

Les légendes ne racontent-elles pas que Charles fit un voyage en Terre Sainte et en rapporta des saintes reliques. L’inventaire de ces reliques précise qu’au nombre de celles-ci se trouvaient douze petites parcelles de la vraie croix. Mais à aucun moment il n’est fait allusion dans ce texte à l’importante indication se rattachant à la sainte Vertu.

D’après l’abbé Michon (« Statistique monumentale de la Charente ») qui fit des recherches sur cette énigmatique relique, la source de l’erreur proviendrait de la maladresse d’un moine ; ce religieux distrait ou ignorant aurait, lors de la retranscription du texte ancien, fait une faute d’orthographe en appelant la sainte Vertu, le « Proputium Domini ». Celui-ci aurait lu et écrit « De Preputio J.C. » à la place de « De Pracsepio J.C. ». En fait, Charlemagne n’aurait pas ramené une partie du corps du Christ mais seulement un morceau de la crèche de Bethléem. Cette erreur se serait transmise de siècle en siècle par habitude depuis la fin du XIVe siècle.

LE PELERINAGE DE CHARLEMAGNE EN TERRE SAINTE

Deux légendes racontent le pèlerinage imaginaire de Charlemagne en Terre Sainte et le présent de la sainte Vertu. Ces textes commentent tel un reportage l’arrivée de l’empereur dans la ville sainte.

ORIGINE DE LA RELIQUE "SAINTE VERTU"

Ce premier texte date de la fin du XIe siècle, vers les années 1080. Il nous éclaire sur l’origine de la relique connue sous le nom de « Sainte Vertu ».

« Charlemagne décide d’honorer l’église Saint-Sauveur de Charroux de quelques reliques supplémentaires et plus exceptionnelles encore, s’il est possible, que le fragment de la Vraie Croix. Il consulte le Pape Léon III et le Comte Roger de Limoges qui l’encouragent à réaliser un pèlerinage en Terre Sainte. Charles part avec toute son armée, traverse la mer et arrive à Jérusalem. Prévenu de son arrivée, le Patriarche Basile lui offre les clés de la ville sainte. L’illustre défenseur de la foi chrétienne en Occident visite le Saint-Sépulcre et informe le Patriarche du motif de son voyage. Basile impose au Grand Roi un jeûne de trois jours. A la fin du dernier, le Patriarche de Jérusalem, célèbre une messe solennelle. Au cours de la cérémonie apparaît la main droite du Christ qui bénit le calice consacré et dépose dans celui-ci la relique de la sainte Vertu. Alors que le Patriarche invite l’empereur à le rejoindre, un jeune enfant se présente à la droite de l’autel et prononce de sa voix angélique les paroles suivantes :

‘‘O très noble Prince, recevez ce petit présent de ma chair et de mon sang’’. ‘‘… Apparuit super calicem christi destera signans sacra christi pocula, posuit Sanctam Virtutem super sacra vasa. O nobilissime princeps, accipe hoc munusculum ex mea carne et sanguine…’’ (Besly, Histoire du Poitou)

LA PANCARTE DE CHARROUX

Le second texte du XIe siècle également est retranscrit par un auteur qui vivait en 1087 et qui donne libre cours à son imagination. Son style prit encore plus les couleurs de la légende. François de Corlieu célèbre historien du XVIe siècle donnera à ce récit le nom de « Pancarte de Charroux ». L’auteur de la légende revisitée écrit :

« L’empereur part pour la Terre Sainte avec toute son armée, car il ne pouvait pas faire autrement ». (Besly, Histoire du Poitou)

Bien que le style soit discutable, il demeure un fait très intéressant sur la description du dénouement final. L’auteur du XIe siècle nous précise :

« Charlemagne, de retour à Charroux, dépose le don céleste sur l’autel et lui donne alors le nom de Sainte Vertu ».

Par cette phrase brève, il nous renseigne sur l’origine du lieu où fut donné ce nom à la sainte relique. Toutefois l’abbé Michon nous informe que dans le récit primitif de la fondation de l’abbaye de Charroux, conservé dans un cartulaire en parchemin du XIVe siècle, il n’y a pas la moindre indication concernant l’existence d’une relique appelée la « Sainte Vertu ».

LE VOL DES RELIQUES DE L'ABBAYE DE CHARROUX

Une autre légende sur les reliques nous éclaire sur une période de l’histoire de Charroux quelques années après la disparition du saint Empereur.

Les invasions normandes ruinent le pays. L’abbaye de Charroux sera détruite une première fois en 863 par les Vikings très certainement commandés par le chef Hasting. L’abbaye sera ruinée une autre fois en 897. Au cours de ce second raid, les moines transporteront leurs reliques en Auvergne. En 903, une nouvelle incursion des Normands a lieu. Elle est conduite par Rolland, qui brûle Saint-Martin de Tours. Les moines effrayés se réfugient cette fois à Angoulême. Ils emportent avec eux le reliquaire appelé Dominica Virtus, « la sainte Vertu » et un autre renfermant un morceau de la Vraie Croix. Le calme revenu, Aldouin, Comte d’Angoulême, renvoya les religieux chez eux et refusa de leur restituer le reliquaire qu’il plaça dans une chapelle de l’église Saint-Cybard. Un texte gravé sur la pierre retrace le périple et les malheurs des moines avec le Comte d’Angoulême. Dieu, selon la légende, punit le voleur. Il fut frappé d’une étrange maladie qui dura sept ans et le peuple fut décimé par une terrible peste où l’on vit les hommes se dévorer entre eux comme des bêtes sauvages.

Le Comte touché de repentir répara son ignominie en faisant réaliser une châsse enrichie d’or et de pierreries dans laquelle il déposa la sainte Vertu. Il mourût un an après cet acte de repentir, le 27 mars 916. Son fils Guillaume dit Taille Fer ramena en grande pompe à Charroux le précieux reliquaire.

Un autre Comte Audebert III de la Marche s’empara à nouveau du fabuleux trésor à un moment où le siège abbatial se trouvait vacant. Sa restitution donna lieu à une grande manifestation religieuse où assistaient de nombreux et puissants seigneurs, gentes dames et preux chevaliers, l’archevêque de Bordeaux et les évêques de Limoges et d’Angoulême. Les premières ostensions de Charroux étaient nées.

LES OSTENSIONS DE CHARROUX

Une autre version indique que le Comte Aldouin conserva en fait la vraie croix et non la sainte Vertu. Quoi qu’il en soit la sainte Vertu fut tout au long du Moyen Age l’objet de convoitise.

La première cérémonie religieuse des ostensions semble avoir eu lieu vers 1087. Depuis ce jour, comme dans le Limousin, elles se reproduisent tous les sept ans. Nous nous rappelons que la malédiction frappant le Comte Aldouin et la population dura également sept années, soit une période entre deux ostensions. Cette durée n’est pas un hasard et bien qu’elle se produise bien avant celles-ci, la religion voulut impressionner les esprits sur la punition divine qu’encouraient les voleurs. Toutes tentatives de vol entraîneraient sept années de malheur aux auteurs du larcin. A chaque ostension seront exposés et offerts à la vénération des fidèles, la Vraie Croix, des clous du crucifiement, la sainte Vertu et de nombreuses autres reliques.

Une grande foule de pèlerins viendra se recueillir sur celles-ci. Le pèlerinage du saint Vœu, ainsi se nomme la cérémonie septennale, attirera beaucoup de monde. Louis XI écrira aux moines et échevins de Poitiers leur ordonnant de porter « au saint Vœu de Charroux » un don de six lampes d’argent.

Aujourd’hui encore les pèlerins de Compostelle s’arrêtent quelques heures en ce lieu pour goûter le repos du corps et de l’âme et y réciter quelques prières.

Les chroniques et autres textes, historiques ou légendaires, parlent souvent d’événements survenus au cours des campagnes d’Espagne ou de pseudo-voyages effectués par Charlemagne en Terre Sainte. Ces narrations dénaturent la qualité et l’importance des faits réels qui de plus furent transformés et enjolivés par les multiples auteurs.

Parallèlement aux chroniqueurs qui rapportèrent une réalité concrète comme la défaite de Roncevaux par Eginhard, il se développa une littérature à caractère épique, ce furent les chansons. Tout en conservant des données historiques, vérifiées par les historiens, elles s’embellirent d’éléments légendaires. C’est ainsi qu’au XIIe siècle on a écrit la « Chanson du Pèlerinage de Charlemagne » qui servit à rappeler la tradition du « Protectorat » du Grand Empereur sur les lieux saints visités par les pèlerins. Ainsi pris naissance le culte des reliques et du surnaturel lié aux guerres d’Espagne et aux croisades en Terre Sainte. Des reliques réputées « uniques » furent l’objet d’une grande vénération de la part des fidèles. Charlemagne et le saint Prépuce devinrent une des légendes les plus populaires. Charroux posséda cette relique qui fut remise à l’Empereur par Basile, Patriarche de Jérusalem. Une autre légende, d’ordre général dirons-nous donne une autre version de la donation du saint Prépuce.

« Durant son voyage à Jérusalem, Charlemagne aurait été visité par un ange qui lui aurait remis le saint Prépuce. Charles, à la réception du présent, rebroussa son chemin. Conservant ce précieux don, dont seuls les évangiles apocryphes font mention, le fit enchâsser dans le trésor d’Aquisgrana. Charles le Chauve le déroba par la suite pour en faire offrande aux moines de Charroux ».

La sainte Vertu que l’on retrouve en plusieurs lieux d’Occident était conservée dans des vases que l’on nommait « Gobelet de Charlemagne » rappelant que ce fut le Grand Empereur, le premier élu choisi par Dieu pour recevoir le merveilleux présent. Il est possible d’admirer ces reliquaires à Cluny, Angers, Conques, au Puy à Hildesheim, à Corbie et à Rome. Le caractère unique de la relique de Charroux paraît dérisoire devant la multiplicité des lieux possédant également une partie du saint Prépuce. Cela prouve qu’il exista un important et fructueux commerce des reliques, à l’échelle européenne. Les pèlerins ou les croisés, selon leur richesse, rapportaient un objet saint qu’ils offraient aux moines de leur église ou de leur abbaye. Le flux incessant qui se déversa sur les trois grands lieux de pèlerinage de la chrétienté, entretint ce commerce florissant. Les marchands, afin de mieux les vendre, inventaient sans cesse d’énormes mensonges que les pauvres pèlerins avalaient comme des couleuvres, fatigués mais heureux, de rapporter à leur paroisse un objet rarissime. Ces menteries sur le chemin du retour se transmettaient de bouche à oreille, passèrent avec le temps dans les traditions populaires et se transformèrent pour certaines en de merveilleuses légendes. L’imaginaire chrétien des croisades et des pèlerinages s’était nourri d’imposture, de boniments et d’anecdotes. La connaissance des évangiles apocryphes et des lieux saints firent la richesse de ces marchands de reliques peu scrupuleux.

Les textes sacrés alimentaient le marché, accélérant une demande sans cesse en augmentation, ouvrant la voie à un trafic de reliques innombrables prenant les pauvres pèlerins pour des « gogos » comme les touristes d’aujourd’hui. A cela, il faut y associer l’achat de reliques destinées à une dévotion privée agissant comme remèdes médicaux.

Sainte Vertu, lait de la Vierge, fragment de la Vraie Croix, épines sacrées ou encore la tunique du Christ remis par l’Impératrice Irène à Charlemagne, enrichissent le trésor de nos églises et de notre littérature médiévale. Sans cet extraordinaire mouvement d’enthousiasme que provoquèrent les Croisades d’Espagne et de Terre Sainte nous ne pourrions visiter et admirer les merveilleuses richesses monumentales et liturgiques qui s’offrent aujourd’hui à nos yeux. Croisés, pèlerins, bardes, troubadours, peintres, enlumineurs, architectes et sculpteurs nous ont légué un inépuisable testament artistique qui est le grand livre de l’histoire médiévale des pèlerinages.

L’Abbaye Saint-Sauveur de Charroux est une enceinte gigantesque mesurant 114m de longueur. Elle accueillit plusieurs conciles dont celui de 989 qui fut à l’origine de « La Paix de Dieu ». Mais l’édifice le plus remarquable demeure la majestueuse « Tour Charlemagne », haute de 15 mètres.

Cette tour possède huit colonnes découpant autant d’arcades. A cet endroit se dressait autrefois une rotonde à trois nefs, fait unique dans l’histoire de l’art roman. Une crypte ruinée se devine sous les vestiges. Quelques éléments de colonnettes en pierres rappellent la présence d’un espace central desservi par une allée. Sur le sol subsiste la trace des cercles où se dressaient les colonnes des déambulatoires au nombre de trois. L’édifice comportait trois nefs et trois absidioles. La sortie de l’église s’effectue par un porche gothique qui donne accès au cloître en partie détruit. Plusieurs salles conservent des traces du riche passé de Charroux. Ceux du portail se trouvent dans la salle capitulaire avec des statues d’abbés, un christ en majesté et un défunt sortant de son caveau. Dans les salles conventuelles ont peut admirer les statues des Apôtres et de vierges folles, quelques petits chapiteaux ornés. Mais le fleuron du musée repose dans la salle du Trésor. Bannières, reliquaires et autres ornements sont exposés à la ferveur populaire tous les sept ans, années d’ostensions, depuis des siècles. Avant de repartir le pèlerin ne doit pas manquer la visite du musée qui referme de belles sculptures et une superbe collection de bâtons pastoraux.

SAINT-AMANT DE BOIXE : GAUTHIER, LE CHEVALIER ERMITE Installé sur la commune de Villejoubert, ce lieu-dit appartient à l'histoire religieuse de la Forêt de la Boixe. Proche de Saint-Amant, un jeune chevalier de France, nommé Gauthier s'installer dans les bois, au XIe siècle. Entré dans les ordres, il obtint de l'abbaye de Saint-Amant l'autorisation de s'y implanter et d'y construire un ermitage. Il y vécut dans la solitude jusqu'à la fin de sa vie.

L’édifice avait une quinzaine de mètres de long et il était orienté nord-est. Les murs avaient quatre pieds d’épaisseur et les angles étaient renforcés par des contreforts. Ils portaient une voûte en berceau. Près de l’entrée gisait un tombeau apparenté au XVIe siècle portant une croix à deux barres, l’une en haut, l’autre en bas.

Lorsque Gauthier s’installa sur ce domaine appartenant aux moines de Saint-Amant, un jardinier du nom de Constantin occupait déjà les lieux. Il construisit avec l’aide des paysans une église qu’il dédia à la Vierge, Saint-Saturnin et Saint-Amant. Gauthier se lia avec les moines de Charroux et leur livra son ermitage. Il s’ensuivit une querelle et la Macary redevint possession de l’abbaye de Saint-Amant. L’évêque Adhémar la consacra peu après, vers 1074. Elle prit l’appellation de Capella Macharii. Les pèlerins qui allaient vers Saint-Jacques et autres lieux saints, égarés dans la forêt de la Boixe, devaient trouver refuge la nuit venue à la Macarine.

Au XVIe siècle, ce n’était plus qu’un modeste prieuré. Une foire importante, aux tonneaux, ails et oignons s’y déroulait régulièrement le vendredi Saint. La Macary fut transformée en grange par son dernier propriétaire.

Angoulême : D’Eparchius à Cybard D’Angoulême

Cybard : La Jeunesse d’Eparchius

Issu de la noblesse romaine, Eparque ou Eparchius naît à Périgueux ou encore à Thémolac (Trémolat), selon certaines sources bibliographiques, vers l’an 504, de Principie ou Principia, épouse de Félix, dit Auriolus ou auréolus, de son appellation d’origine gallo-romaine, gouverneur du Périgord .

Fils d’une famille issue de l’aristocratie romaine, son grand-père paternel, Félicissime, sera nommé par le roi des Francs, Clovis, comte de Périgueux. Vers ses dix huit ans il se rend chez son aïeul où nommé chancelier il va séjourner durant quinze années. C’est auprès de ce dernier que le jeune Eparque va s’instruire aux métiers de l’administration et à la gestion des domaines familial et royal. Malheureusement, le jeune homme ne goûtait guère aux joies de la politique et des affaires publiques et le vieil homme ainsi que ses parents qui voyaient en lui un digne successeur ressentirent une immense douleur, lorsque celui-ci quitta secrètement sa famille, sa douceur de vivre et sa ville pour s’enfuir au monastère de Sessac, « SEDACIACUM », la romaine, vraisemblablement la ville d’Issigeac, en l’an 537.

Le saint abbé Martin, l’accueille à son monastère et joue les intermédiaires entre le fils fugueur et sa famille, qui finit par satisfaire à la volonté, à la vocation et au bonheur du jeune homme.

Admis comme novice, il va se voir chargé des tâches le plus pénibles voire humiliantes pour éprouver sa foi. Le jeune néophyte va s’accommoder de toutes ces besognes avec humilité. Il se pliera aux rudes prescriptions de la Règle monastiques de la communauté et il va gagner peu à peu la considération de ses frères qui voyaient en lui un jeune noble s’acquitter sans rechigner à la moindre corvée. Il apprendra la viticulture, le jardinage et l’exercice de la bêche, l’agriculture et ses moissons, le jour et la nuit il s’adonnera à la prière ne dormant que quelques heures. Vêtu de hardes il ne mangera qu’un peu de pain et se nourrira d’un peu de légumes qu’une seule fois par jour.

En quelques années, la renommée de sa haute vertu associée à quelques prodiges, [ne dit-on pas que les oiseaux, les animaux sont sensibles à sa voix et que quelques guérisons auraient une origine miraculeuse], avait voyagé à travers le comté et bientôt on se déplaçait de loin pour venir le consulter.

Mais ce n’est pas ce que recherchait notre moinillon. Pour fuir cette nouvelle notoriété qui lui devient insupportable il s’enfuit à nouveau en 542. Il quitte le diocèse de Périgueux et se réfugie dans celui de Bordeaux qu’il traverse rapidement pour parvenir dans celui d’Angoulême. Mais sa célébrité le devançait. Reconnu par les habitants de la ville ces derniers informèrent leur évêque. Il fallut toute l’habileté de celui-ci, pour le retenir et le convaincre de rester dans sa bonne ville, alors qu’il projetait de poursuivre son périple vers le nord.

Aptone : Evêque d’Angoulême

Saint Aphthone ou Aptone occupait le siège épiscopal de l’évêché d’Angoulême lorsque Cybard pénétra en ville. Le roi des francs, Clovis, en avait fait son archichapelain et pour le remercier de sa fidélité l’avait placé à la tête de l’église charentaise avec pour mission d’achever la construction de la cathédrale que le grand roi a ordonné.

Prévenu de sa présence, il convia donc Cybard à le rencontrer pour s’entretenir avec lui des choses de la religion et de son désir de se faire cénobites. Ayant entendu cette âme solitaire lui ouvrir son cœur et lui vanter les charmes de la solitude, son désir de trouver une retraite isolée où il pourrait vivre loin des vanités du monde et dans l’esprit de la religion pour être plus proche de Dieu, il le pria de l’accompagner sur le coteau nord de la ville pour lui dévoiler un lieu correspondant à ce qu’il recherchait. Une grotte inaccessible, près de laquelle perlait une source, berçait de son doux clapotis le silence de cette retraite isolée.

C’est ainsi que Saint Aptone, en l’an 542 de notre ère offrit un asile à Saint Cybard sur le flanc nord du plateau d’Angoulême. Dans un souci de respect des règles ecclésiastiques et des subordinations religieuses et afin de ne pas vexer des susceptibilités, Aptone demanda l’agrément de l’évêque Sebauris de Périgueux et celui de Martin de Sessac, anciennes autorités religieuses du futur reclus.

Pour cette mission, il dépêcha trois de ses hommes de confiance de son diocèse. Le premier se nommait Fronton. Il était archidiacre et sera élevé plus tard à l’épiscopat. Le second s’appelait Arthémius ainsi que le troisième qui avait fonction de défenseur chargé de soutenir les droits du diocèse d’Angoulême et de son évêque.

Ses émissaires, revenus porteurs d’un accord favorable, Aptone put faire pratiquer dans la grotte et ses abords les quelques travaux nécessaires à l’installation de Cybard.

Aptone lui donnera, alors qu’il est âgé de 38 ans et dans l’attente qu’il se retire définitivement dans sa cellule que la population angoumoisine prépare, l’onction du sacerdoce, Toute sa vie durant Aptone rendra régulièrement visite à Cybard pour lequel il avait vraisemblablement une profonde amitié.

Mais Aptone ne fut pas seulement le prélat qui su retenir dans sa grotte Cybard/ Il fut un homme d’église averti qui assista au cinquième concile d’Orléans en 549.

Aptone meurt fin 566 alors que les évêques, Germain de Paris et Euphrone de Tours arrivent à Angoulême pour la cérémonie de consécration de la nouvelle cathédrale. (Toutefois, ce fait n'est probablement pas exact comme l'ont montré les recherches récentes : en effet Germain de Paris meurt cinq ans avant Cyrard.) Dressée sur les ruines d’une première cathédrale dédiée à Saint Saturnin et détruite par les ariens, il n’aura pas le temps de la consacrer. Il sera inhumé dans l’église Saint-Ausone et on célèbre sa fête le 26 Octobre, date probable de sa mort.

Cybard : Son Sacerdoce

Le Cénobite

Ne pouvant occuper immédiatement sa grotte sans qu’elle fut close du côté nord, Cybard va demeurer un court laps de temps auprès d’Aptone. La nuit précédent son enfermement dans sa future retraite, il quitta furtivement sa cellule de l’évêché pour se rendre à sa future résidence afin d’y réciter son office. Une fois achevé ses prières il se choisit à l’extérieur une pierre afin de s’en faire un oreiller pour sa couche. Endormi depuis peu de temps, lui vint une vision dans laquelle Notre Seigneur lui ordonna en ces termes la conduite suivante : « Cybard, demeure ici et ne cherche plus d’autre solitude ». De retour auprès d’Aptone, il se prépara pour la cérémonie solennelle qui devait le mener sur le lieu de sa réclusion. Vêtu d’une simple tunique de tissu grossier, les reins ceints de la ceinture de cuir, les épaules couvertes d’une peau de brebis comme celle que portaient les fils des prophètes de l’Ancien Testament, Cybard se prosterne sur le sol de la cathédrale pendant qu’Aptone récite la Litanie des Saints. Une fois le cérémonial terminé, l’évêque suivi de son clergé et de la population accompagnèrent jusqu’à sa grotte. Parvenu devant la porte, Aptone y entre avec un de ces prêtres et la bénie. De retour à l’extérieur, il invite Cybard a y entrer et referme sur lui la porte sur laquelle il fait sceller le sceau épiscopal. Cette porte ne sera rouverte qu’en de rares occasions. Cybard va demeurer dans cette solitude jusqu’à sa mort. Il occupera son temps à servir Dieu mais aussi à recevoir les fidèles qui le venaient visiter, pour communier, obtenir ses conseils, ou repartir consolés sur les saintes paroles qu’il leur prodiguait.

Les Disciples du Saint

Saint Aptone comprit, que pour soulager dans sa mission Cybard et permettre au reclus de vivre selon son désir dans sa solitude, il lui fallait assister le solitaire de plusieurs clercs qui se chargeraient de gérer son quotidien. Tout d’abord fut planifié un programme permettant aux fidèles de visiter à des jours et heures précisés la cellule de Cybard. Par une petite fenêtre grillagée, ils pouvaient communiquer avec le saint et recevoir ses conseils. Le reste du temps, Cybard s’entretenait avec Dieu ou encore il instruisait des choses de la vie spirituelle ses novices. Cette communauté qui s’accrut progressivement vivait dans les quelques grottes et abris qui voisinaient la cellule du saint ermite. Petit à petit ces refuges devinrent insuffisants et il fallut construire un monastère pour accueillir les religieux. C’est ainsi qu’il les invita à construire au pied de la colline, juste au-dessous de l’ermitage, un lieu destiné à héberger toute la fraternité, les pèlerins et les pauvres. Ce lieu fut bâti du temps de l’ermite. Ce fut l’église primitive de l’une des toutes premières abbayes de Charente, connue sous le nom de « Abbaye de Saint-Cybard ».

« Le Bas-Relief ou le Songe de Saint-Cybard »

Les deux prélats, d’Angoulême et de Saint-Cybard après avoir fait aménager le sanctuaire décidèrent de lui donner une dimension spirituelle particulière en rappelant le songe du saint dans l’édification d’un autel et d’un retable évoquant la scène de sa Révélation.

Façonné dans le roc, cet épisode de la vie du saint fut magnifié par un artiste du XVIIe siècle, dont le nom s’inscrit sous l’inscription « Eparche hic (per) mane », à gauche du Christ et près du centre de la fresque.

Consacré par François de Péricard, évêque d’Angoulême le 21 août 1673, l’artiste L. CAUGULET, peut être originaire du Limousin comme le pensait M. Paul Lefranc, cisela dans la pierre le songe que fit l’ermite . Endormi dans la forêt qui couvrait autrefois ce coteau, un ange lui apparut porteur d’un message de la part de Dieu lui révéla dans une vision céleste les mots suivants :

« Eparchi, hic permane » ou « Cybard demeure ici ».

C’est cette évocation que le sculpteur exécuta finement à l’aide de ses ciseaux sur la roche. L’allégorie nous dévoile le rêve divin que fit Cybard. La vision montre Cybard étendu sur le sol rocailleux de la grotte, la tête reposant sur un coussinet de roche calcaire, tient le livre des Saintes Ecritures dans sa main gauche. Sa main droite posée sur la poitrine manifeste son émotion et la surprise de sa réaction après la vision divine qui viennent de le pénétrer. Dieu le Père est symbolisé par les rayons émanant de sa volonté divine matérialisée par un ange dont la tête émerge de la nuée céleste et par le Christ crucifié qui lui témoigne sa providence divine.

Selon Monseigneur Cousseau, l’anneau en fer fixé à droite de l’autel, aurait pu servir attacher la chaîne dont le saint se serait lui-même enchaîné pour signifier son engagement à sa réclusion perpétuelle.

Les Graffiti du Sanctuaire

Le fait que le sanctuaire soit fermé, donc protégé, a empêché les tagueurs modernes de produire leur créativité sur les parois de celui-ci. Ce lieu sacré a donc conservé précieusement les gravures qui nous ont été transmises au cours des siècles passés. Un grand nombre est encore lisible, mais la paroi ouest est malheureusement recouverte de champignons microscopiques et de salpêtre. Néanmoins nous avons pu retirer des informations importantes se rapportant à quelques tracés.

Les Dates

Une grande quantité de dates comprises entre 1738 et 1894 attestent une fréquentation assez régulière durant au moins deux siècles, par les pèlerins. Evidemment cela ne veut pas dire que le site ne fut pas approché au cours des siècles précédents. De même, il faut considérer que parmi tous ceux qui sont venus dans la grotte, beaucoup n’ont pas gravé leur présence sur les parois. Si l’on en croit la nature et la facture de quelques graffiti, nous pensons que le site fut visité aussitôt les restaurations entreprises par l’Abbé Henri de Reffuge en 1673. La « Cérémonie de Réconciliation » de la grotte le 1er juillet 1851 eut un retentissement considérable dans le monde chrétien de l’époque.

La presse ayant relayé l’évènement, il ne fit aucun doute que les fidèles et les pèlerins de passage ou sur le départ vinrent se recueillir dans le sanctuaire, pour obtenir la protection du saint. Nous n’avons aperçu aucune gravure de dates se rapportant au XVIIe siècle. Pour le XVIIIe siècle, les dates relevées sur la paroi est, révèlent des passages en 1728, 1738, 1740, 1747, 1760, 1761 et 1764. A l’ouest, trois dates concernent le XVIIIe siècle, 1743,1766 et 1767. Une seule datation était inscrite au sud, à gauche de l’autel, 1769.

Le XIXe siècle était également représenté sur les encadrements de fenêtres. Les dates de 1845, 1846, 5 mars 1849, 1860, 1861, 1882 et 1894 indiquent une fréquentation suivie sur le site.

Le Compagnonnage

Parmi les graffiti recensés, nous avons reconnu une présence compagnonnique soutenue. Celle-ci s’affiche par le biais de noms tracés sur la roche. Ceux comportant une lettre « A » sont reconnaissable par la présence de l’équerre et du compas entrelacés. Nous avons ainsi relevé la présence d’au moins trois compagnons se nommant, LAVAU et un autre, MARLER est associé à la date de 1728, positionnés sur la paroi est. Mais le plus intéressant est celui de LAVORE, affilié à un pentagramme ou étoile à cinq branches, dit encore « Anneau de Salomon », sur la paroi ouest.

Les Anonymes Bien que pour quelques autres nous ne pouvons affirmer cette appartenance au compagnonnage nous possédons de fortes présomptions sur celle-ci par la qualité du graphisme reconnu sur la roche. Ces initiales exécutées au ciseau sont d’une précision remarquable qui se manifeste par une maîtrise parfaite des outils employés et qui ne peuvent donc être le fait d’un passant quelconque. Ainsi nous avons reconnu les lettres suivantes : AF, RM, TD accolée à la date de 1738, puis Li.s M, et encore JD pour s’interrompre avec les caractères LC.

En complément de ces abréviations, une liste de personnes ayant séjournées dans le sanctuaire nous a livré un recueil varié de patronyme, quelquefois difficile à décrypter, dont un certain nombre paraît étranger à une origine charentaise. TURMEL, PEIRE, BOTE, PECHER de ARLES, groupé à la date de 1764, DEPEUDRI, PELLARD, TOUFEN, TECIER et LARDRIT ornent la paroi est. Sur la paroi ouest nous avons décodé les noms suivants : CROS, CUR, ESDE, CLOUF et pour terminer celui de BARBER.

Au su

Les Miracles de Saint-Cyrard

Il est attribué à Saint-Cybard de nombreuses actions de charité et de générosité du temps de son vivant, ainsi qu’un grand nombre de miracles. Parmi les premiers actes qu’il entreprit il faut mentionner la grande compassion qu’il montra à l’égard des proscrits mis au ban de la société. Tout l’argent qu’il reçut en dons, servit à obtenir la libération de nombreux prisonniers et criminels emprisonnés dans des conditions pénibles attendant le jour de leur condamnation à mort pour les crimes commis. Il intervint en de multiples occasions pour adoucir leurs conditions de détention et obtenir la grâce des prévenus.

« Saint-Cybard, le Comte d’Angoulême et le voleur »

Un homme accusé par la population de vol, de violences et de crimes épouvantables fut condamné à être pendu, en place publique. Alerté par une âme charitable, Cybard dépêcha sur les lieux de la sentence un de ses disciples pour obtenir sa grâce, ou tout au moins que la peine du condamné soit adoucie. Mais le peuple enragé, proche de l’émeute, indigné de constater qu’on lui enlevait sa proie cria haut et fort que si ce maudit gardait la vie, le pays ne serait plus en sûreté. Effrayé par l’ampleur du soulèvement général, le comte céda à la vindicte populaire et autorisa la pendaison du prévenu. Revenu apporter ces tristes nouvelles au saint abbé, le moine en pleurs fut invité à retourner pour observer les évènements. Il lui tint les propos suivants :

« Sachez que ce que l’homme nous a refusé, Dieu par sa grâce nous l’accordera. Sitôt que vous l’aurez vu tomber, dépendez-le et ramener son corps au monastère ».

Une fois le moine disparu, le saint abbé se prosterna en oraison et offrit à Dieu sa prière la plus ardente, mêlée d’abondantes larmes. Mais la mort emporta le condamné. Le comte, après l’exécution, se retira bientôt dans son château, alors que la foule contente d’avoir obtenue satisfaction, se dispersait.

Le moine attentif à la scène, attendait avec confiance un signe de la providence en fixant le pendu accroché à sa potence. Tout à coup, la corde se cassa et les chaînes qui enserraient le mort se brisèrent. Celui-ci se précipite alors auprès de la dépouille du ressuscité et lui annonce à qui il doit son retour à la vie et sa délivrance, puis il le conduit auprès de son abbé. Cybard qui rendait grâce à Dieu de ce prodige puis ordonna que l’on fit venir le comte en sa présence. Arrivé dans la cellule de l’ermite, il se fit sermonner en ces termes : « Mon très cher fils, vous aviez coutume de m’écouter, Toujours avec la plus grande bonté ». D’où vient qu’aujourd’hui, vous avez été si dur et si inexorable, Que de me refuser la grâce de l’homme, dont je vous demandais la vie ?

« Je vous écoute toujours volontiers, saint prêtre, Mais la violence du peuple, ne m’a pas permis de faire autrement que je n’ai fait. Je craignais une insurrection, où moi-même, j’aurais été en danger ».

« Vous ne m’avez pas écouté, répondit le solitaire, Eh bien Dieu à daigné le faire, lui. Vous avez livré cet homme à la mort et le voici rendu à la vie ».

Invitant à l’homme d’approcher, le comte reconnaît le pendu qu’il avait laissé pour mort peu de temps auparavant. Frappé de stupeur, il se jette à genoux au pied de l’abbé et lui promet d’être à l’avenir plus docile à ses requêtes et de ne pas tant user et prononcer la peine de mort.

« Redemptus et le Pot de Miel »

Un pauvre paysan, du nom de Rédemptus, patronyme qui désigne un homme dont la liberté fut rachetée par un acte de charité de Saint-Cybard, découvrit qu’on lui avait volé un pot de miel. Après d’âpres recherches, il finit par retrouver l’auteur du larcin, le saisit et l’amena devant le comte en produisant la preuve de son forfait.

Le comte fit torturer le voleur qui niait le vol et lui arracha par la violence des tourments infligés sa confession pour cet acte mais également pour quelques autres encore plus considérables. Sans plus de délibération, le comte condamna l’homme à être pendu.

L’ayant appris, Cybard supplia le comte de lui faire grâce. Mais Ramnulfe, ne céda pas à la supplique du saint abbé. Saint-Cybard fit appeler un de ses disciples, le père Gratien, et lui demanda de rassembler tous le infirmes et les pauvres inscrits sur le registre des aumônes du monastère et de se rendre avec eux à la porte de la ville attendre le dénouement de cette triste affaire.

Le voleur fut pendu. Il se débattit dans d’atroces souffrances avec la mort. Mais l’homme était vigoureux et il n’avait pas été bien accroché à sa potence, si bien qu’en se débattant il la brisa, s’effondra sur le plancher, se dégagea de ses liens et s’enfuit à toutes jambes vers la ville.

Le comte qui assistait à la scène, ordonna à sa soldatesque de poursuivre à cheval le fuyard et de l’arrêter avant que celui-ci atteigne la porte de l’église pour demander le droit d’asile afin d’être sauvé.

Cybard sachant ce qui se produirait, priait ardemment pour le supplicié. La horde de cavalier fut arrêtée en chemin par une barrière humaine constituée de pauvres et d’infirmes et demeura impuissante devant cette marée humaine. L’homme aidé par cette aide providentielle, put atteindre sans encombre l’église dans laquelle il pénétra pour rendre grâce à Dieu.

« Dame Clara et le Navire en Perdition »

Clara ou Arania était une dame de haute naissance qui souffrait des membres de mille maux. Amenée sur un char à Angoulême, elle vint visiter la cellule du saint abbé où elle le supplia à grands cris d’avoir pitié d’elle. Durant une semaine elle fut son invitée. Durant cette période, il recommanda la pauvre femme à Dieu et à force de prières, elle recouvra la santé et put repartir chez elle, guérie.

Vivant au bord de la mer, elle vit un jour de grande tempête depuis sa maison, un navire en perdition au milieu des flots. Elle invoquant immédiatement le secours de Dieu et de Saint-Cybard. Se souvenant qu’elle possédait une missive de l’ermite, elle alla la quérir et revenant sur le rivage, elle tendit la lettre ouverte vers le bateau et s’écria :

« Cybard, serviteur de Dieu, cette lettre est un gage de votre charité, Daigné la faire servir au salut de ces malheureux, Par le nom de Jésus-Christ ».

Voyant le navire venir aborder à proximité du rivage ou elle se trouvait, loin de tous les ports alentour, elle vit que son vœu avait été exaucé et que la volonté divine avait épargné les passagers de l’embarcation.

« Artémius le Fol »

Ce jeune homme de bonne famille qui se livrait avec assiduité à l’étude des Saintes Ecritures souhaita entrer dans la vie religieuse sans passer par les épreuves ordonnées par l’église. C’est ainsi que de lui-même, bravant cette autorité et toutes les règles tracées dans les conciles il décida de se faire ermite en pays de Saintonge.

Mais ni sa vertu et encore moins sa tête n’étaient assez solides pour supporter cette vie de reclus. Quelques années plus tard, devenu une sorte de sauvage à la chevelure très longue et à la barbe épaisse, il perdit la raison, rompit son serment et déclara qu’il allait rencontrer le roi Childebert afin d’obtenir des subsides pour voyager et visiter son royaume.

Ses parents alertés, feignirent d’entrer dans son délire, l’accompagnèrent dans sa démarche et prirent le chemin pour le conduire soi-disant auprès du roi. En réalité, ils le menaient discrètement à l’ermitage de Cybard, pour obtenir sa guérison. Parvenus à trois lieux de la ville d’Angoulême, au bourg de Saint-Genis le pauvre innocent entendit prononcer le nom de la cité angoumoisine et devina qu’on l’avait berné.

Il se mit à hurler comme un forcené en criant qu’il ne voulait pas rencontrer le saint ermite et ne voulut plus avancer. Ses accompagnants durent l’immobiliser, lui lier les mains et le remettre à cheval en lui liant les pieds sous le ventre de la monture. C’est dans cet équipage qu’il se présenta devant la grotte de Cybard qui l’attendait. Il fut pris à cet instant d’une grande fureur. Sa chevelure s’agitait dans tous les sens. Il protesta qu’il ne reconnaissait personne qui lui fut égal en sainteté et qu’on lui faisait outrage en l’amenant visiter un autre solitaire. Après mille propos blasphématoires à l égard du saint ermite, son corps se tordit douloureusement, ses bras se désarticulèrent, tandis que ses doigts crispés pénétraient dans la chair de la paume de ses mains. Cybard s’approcha du pauvre bougre en passant sa main au travers de la fenêtre de sa cellule et exécuta sur lui le signe de la croix. Aussitôt, l’agitation du forcené se calma et ses cris cessèrent immédiatement.

Le lendemain, alors qu’il souhaitait faire couper les cheveux d’Artémius comme à un laïque, le jeune homme s’emporta de nouveau, au point que personne ne voulut s’en approcher pour les lui tailler. Néanmoins au bout d’un certain temps on en vint à bout et il fut procéder à la coupe de la chevelure. Le jour suivant, Cybard déclara que le jeune homme était enfin prêt à être admis parmi les clercs et qu’il pouvait recevoir la tonsure définitive Ce qui fut fait dans les plus brefs délais.

Après cet épisode, le nouveau clerc garda un silence absolu durant plusieurs jours. Cybard s’employa au cours de cette période à le consoler et à l’instruire. Sa guérison confirmée, Artémius, put retourner dans sa famille et quelques temps plus tard, il fut élevé à la charge de diacre et toute sa vie durant il garda son bon sens jusqu’à ce Dieu le rappelle à ses côtés.

Saint Grégoire de Tours contemporain de Saint Cybard, raconte que l’on doit un grand nombre de miracles à notre ermite. Il précise dans ses écrits que des lépreux furent guéris que des aveugles retrouvèrent la vue et que des possédés du démon en furent délivré à force de prière. De nombreux malades furent guéris après avoir reçus l’onction de l’huile bénite qu’il conservait dans sa cellule. Cybard faisait l’objet d’une grande admiration, d’un profond respect et d’une immense vénération.

Les HÔPITAUX POUR PELERINS D'ANGOULÊME

Les tombeaux du Christ à Jérusalem et de saint Jacques à Compostelle attirèrent au Moyen Age une foule de pèlerins en Palestine et en Galice.

Au commencement, s’élevèrent les premiers asiles qui furent remplacés plus tard par des structures plus élaborées qui jalonnèrent les grandes voies de pèlerinage. Sous l’impulsion de la Grande Abbaye de Cluny, on édifia des lieux d’accueils organisés qui pourvoiront aux besoins des pèlerins. Nourriture et soins médicaux leurs seront dispensés et un gîte pour la nuit leur sera offert.

On élèvera bientôt de toute part des refuges destinés à accueillir les pèlerins et les anciennes chartes désignent ces premiers asiles sous le nom de Xenodochum. Installés souvent à proximité des églises ou des abbayes, cette appellation évoluera et ces asiles deviendront « Ville Dieu », « Maison de Dieu », « Hôtel Dieu » ou « Hôpital Dieu », « Mas Dieu » etc. Certaines appellations passeront dans l’oubli, d’autres intégreront la toponymie régionale et il n’est pas rare de retrouver cette présence dans nos campagnes.

Ces lieux deviendront petit à petit des refuges permanents où l’on ne se contentera plus de fournir l’asile pour la nuit. Ils se chargeront bientôt de nourrir, soigner et malheureusement quelquefois de donner les derniers sacrements aux pèlerins.

Angoulême se dotera de deux aumôneries intra-muros qui auront probablement cette même destination. Chaque fois qu’il sera parlé des aumôneries Saint-Pierre ou du Chapitre, de Saint-Michel ou Saint-Jacques, il sera mentionné qu’elles ont pour emploi d’héberger les « vrays pèlerins ou passants valides ».

Un document datant de 1791 indique « Il y avait autrefois quatre aumôneries pour retirer les pèlerins valides et invalides ». Un autre auteur, Vigier de la Pile, précisait quant à lui « Il y avait autrefois les aumôneries de Saint-Michel et de Saint-Pierre et des léproseries dont il est parlé dans le testament du Comte Jean (XVe siècle). Cette indication laisse supposer que du temps de ce chroniqueur, l’aumônerie de Saint-Pierre n’existait déjà plus.

Mais l’hospitalité aux pèlerins remonte à des temps plus anciens. Les églises de Saint-Michel, Nanteuil, Mouthiers, Marcillac-Lanville, Puypéroux, etc., pratiquaient l’accueil et les soins dès le XIIe siècle. Il est fort probable que l’évêque d’Angoulême Girard II (1101-1136) dynamisa cette volonté épiscopale de mettre en place sur les chemins de pèlerinage des maisons d’accueil et de soins pour les marcheurs du Christ.

Légat de deux papes, fervent partisan de la « Reconquista » et défenseur du pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle, il ne pouvait rester inactif face aux exactions des Sarrasins qui mettaient en danger la chrétienté. Il fut certainement à l’origine des premières installations hospitalières charentaises et sa volonté se perpétua après lui.

L’Aumônerie Saint-Pierre, dite du Chapitre

Elle se trouvait certainement incorporée aux bâtiments du Chapitre cathédral. Proche de la Cathédrale Saint-Pierre, elle pouvait accueillir vingt-quatre ou trente personnes. Pèlerins et passants valides recevaient nourriture et vêtements. Elle aurait fonctionné du XIIIe siècle jusqu’à la Révolution Française.

L’Hôpital Saint-Michel

Cet hôpital se situait vraisemblablement dans un îlot de maisons dénommé dans un vieil inventaire « Ile de l’hôpital Saint-Michel ». Il se trouvait près de l’ancienne maison de ville, rue Henri IV.

Il exista jusqu’en 1653, date à laquelle il fut supprimé par une ordonnance du roi Louis X, datée du mois de mars de la même année. Celle-ci jugeait que « pareillement que celui (hôpital) de Saint-Michel estant obscur, malsain et situé en fort petit estroit lieu, incommode pour y recevoir les pèlerins et passants valides, lesdits administrateurs auroient achepté une belle maison et grand jardin proche ledit hostel Dieu nouveau Nostre Dame, pour y recevoir lesdits pèlerins et passants valides ; et par ce moyen le dit hospital de Saint-Michel leur demeurant inutile et a charge, ils auroient jugé expédiant de l’arrenter ou vendre ».

Cette décision royale faisait suite à une délibération du corps de ville datée du 10 mai 1652 promulguant la réunion des hôpitaux en un seul lieu intra-muros.

Un hospitalier tenait l’établissement comme l’indique le règlement des hôpitaux de l’époque et veillait à ce que le sommeil, l’hygiène et la bonne moralité des mœurs soient respectés.

L’Hôpital Saint-Roch ou Mas Saint-Roch de l’Houmeau

Le chroniqueur Vigier de la Pile nous indique que l’hôpital Saint-Roch ou Mas Saint-Roch se situait près de la Charente au-dessous des cimetières de l’église Saint-Jacques. Cette mention se trouve confirmée par le plan de la ville d’Angoulême qui est inscrit dans la Cosmographie de Belleforest en 1575.

Cet hôpital fut élevé par Charles de Saint-Gelais, illustre famille angoumoisine et chanoine d’Angoulême. Dans son testament du 18 juillet 1532, il indique dans un acte passé devant notaire.

« Je veux et ordonne que la somme de cent cinquante livres tournois… pour édifier une certaine maison destinée à recevoir les pauvres malades, située derrière le cimetière de l’église Saint-Jacques de l’Houmeau et devant le fleuve Charente… »

Seize ans après, cet hôpital n’était pas achevé et il faudra l’aide du chevalier Charles Chabot, sieur de Jarnac, pour que les travaux se poursuivent. Une fois achevé, il le dotera de « couëtes, travercier, couvertes, quatre bons linceulx et compectans, et aussy quatre nappes, deulx douzaines de serviettes, deulx d’escuelles, six plactz, quatre pintes et un grand broc ou buyhe, le tout d’estaing ».

Cet hôpital étendit progressivement sa fonction hospitalière à toutes les catégories de malades. Destiné à recevoir les pauvres malades et les pèlerins s’arrêtant à l’église Saint-Jacques sur la route de Compostelle, il se transforma au fil du temps en hôpital pour pestiférés car il était situé hors des murs de la cité d’Angoulême. Le corps de ville se débarrassa ainsi des indigents et des contagieux et l’hôpital devint l’hôpital Saint-Roch. En 1583, la grande épidémie de peste ravagea le royaume et les portes de la ville restèrent fermées. Les aumônes seront délivrées aux passants et pèlerins par le guichet des portes de villes.

L’Aumônerie Saint-Gelais

Dans son testament, Charles de Saint-Gelais stipule :

« … je statue, j’ordonne… ainsi que huit livres tournois de rente qui seront appliquées à ces œuvres pies, savoir : L’argent sera distribué un jour quelconque de la semaine tout le long de l’année et avec les douze pippes de blés, mesure d’Angoulême, on fera autant de pain qu’on pourra et chaque semaine aussi on distribuera ce pain aux pauvres. Je veux que ces aumônes se fassent dans ma maison, l’Hostel Saint-Gelais, laquelle est située dans la paroisse de Beaulieu… »

Cette aumône en faveur des pauvres et des pèlerins durera jusqu’en 1653, date à laquelle les hôpitaux d’Angoulême seront unifiés et centralisés à l’Hostel Dieu de Notre-Dame des Anges.

Le Vieil Hostel Dieu de Notre-Dame des Anges

Sœur Iota dans son journal nous rappelle quelle fut la fonction charitable de son établissement, en 1947.

« Notre XXe siècle n’a point le monopole des troubles et nos routes charentaises ont connu, bien avant les exodes des temps contemporains, des bandes de pauvres traînards provenant soit des guerres de religions, soit de chemineaux cherchant fortune, soit encore de pèlerins se rendant à Compostelle en Espagne. »

L’origine de la fondation de l’Hostel Dieu remonte à 1631. Dans le testament de Jehan Guerin, escuyer, sieur du Plessac, de Puy de Neuville de Rochebertier et ancien maire d’Angoulême, en date du 21 septembre 1631, il est mentionné que les testateurs, lui-même et son épouse, Louise Lériget sans enfant résolurent de faire les pauvres, héritiers de leur fortune.

« … et affin que les pauvres aveugles, impotents et mendiants qui seront retirés audict hospital jusques au nombre de douze durant leur infirmité, ensemble les vrays pellerins passant qui vont et viennent des lieux saincts y puissent estre retirés et nourris deulx jours durant les dicts testateurs ont donné et légué audict hospital la somme de deux cents livres annuelles et perpétuelles… »

Outre les pauvres et pèlerins, leur bonté prenait en charge également vingt quatre pauvres filles orphelines et vingt quatre pauvres orphelins. Pour cela, Louise Lériget aura dû faire l’acquisition des terrains du grand jeu de paume dans la paroisse Notre-Dame de Beaulieu pour y construire l’hôpital, le 7 juin 1644.

Commencé en 1650, après bien des lenteurs dues à une certaine mauvaise volonté de la part de Dame Lériget à exécuter les clauses testamentaires de son mari, l’Hostel Dieu sera inauguré le 25 août 1651. Peu après, l’âme charitable de Dame Lériget reprit le dessus et elle s’amenda en dépassant le legs testamentaire de son époux.

L’hôpital accueillit ses premiers malades le 25 mai 1651. Grâce à Dame Lériget, la capacité d’accueil du nombre de lits passa de 12 à 60. Les premiers malades, au nombre de dix, recensés le 26 août 1651, montrent que seulement cinq d’entre eux habitaient les paroisses de la ville ou de la Charente. Cinq autres sont très probablement des pèlerins de passage. Un seul resta deux jours et respecta en cela les clauses du testament de Jean Guérin. Deux restèrent une nuit et repartirent au petit matin. Trois séjournèrent quelques jours et quittèrent l’hôpital une fois rétablis.

Toute leur vie, durant quatre siècles, prenant exemple sur leur mère fondatrice, Hélie Guillebaud, les Sœurs Hospitalières de Notre-Dame des Anges se dévoueront au bien et au service des autres, malades et pèlerins. Elles firent de leur vie un sacerdoce, le souvenir de leur dévouement et leur œuvre hospitalière sur le pèlerinage à Compostelle ne s’effacera jamais sur le chemin de Saint-Jacques en Charente.

SAINT-MICHEL D’ENTRAYGUES

Plusieurs traditions orales racontent qu'un champ proche de l'église portait le nom de "Cimetière des Pèlerins". De nombreuses sépultures auraient été ensevelies ici selon la mémoire locale. La maison du XIIIe siècle évoquée plus haut contenait gravés sur ses poutres des textes de l'Ecriture Sainte ayant trait aux pèlerinages à Saint-Jacques de Compostelle et en Terre Sainte. Ce souvenir montre combien les pèlerins étaient acceptés dans le village. Ils étaient certains d'y trouver un asile et la charité chrétienne. Cette tradition rappelle que l'église était un hospice refuge ou les pèlerins trouvaient un gîte pour dormir dans les absidioles de l'octogone. Au XVIIIe siècle les anciens se souvenaient qu'avant la destruction de la toiture de l'église une lanterne surmontait l'édifice et un fanal était allumé tous les soirs à la nuit tombante pour éclairer au loin les pèlerins embourbés dans les marais ou égarés dans les bois.

L'hôtellerie de Saint-Michel d'Entraygues était réputée sur le chemin de pèlerinage.

La révolution endommagea l'édifice et les objets de culte furent pillés. Le curé mourut quelques temps plus tard dans la Maison des Pèlerins du XIIIe siècle transformé pour la circonstance en presbytère, l'ancien ayant été ruiné par les révolutionnaires.

LA COURONNE : L'ABBAYE NOTRE DAME

Le passé préhistoire de La Couronne est signalé par une fosse d'exploitation de silex néolithique. Quelques sarcophages découverts en un autre lieu laissent présumer une possible nécropole mérovingienne. Mais ce qui fit la notoriété de La Couronne est sa célèbre abbaye dont les vestiges subsistent aujourd'hui en partie sur les terres de l'usine Lafarge. L'on doit son édification à Lambert un jeune clerc qui devint son premier abbé puis évêque d'Angoulême.

Selon la légende, Lambert n'avait rien d'un saint. Il aimait chasser et guerroyer. A l'époque la paroisse de Saint-Jean de La Palud était habitée par de misérables serfs dans des terrains marécageux. Pour ajouter à leur malheur une redoutable bête terrorisait cette pauvre population. Nul n'osait sortir de chez lui, cultiver sa terre et chercher du bois pour se chauffer.

Lambert, homme intrépide, résolut d’aller débusquer le fauve pour le tuer. Accompagné de ses chiens, il se rendit à sa tanière qui se cachait dans les marais et attira son attention par plusieurs coups de sifflet. Le monstre sortit alors de son repaire. Un de ses chiens le terrassa et d’un coup d’épée il trancha la tête de la bête.

Ce n’est que quelques temps plus tard qu’il fut touché par la grâce. Il fut nommé chapelain de l’église collégiale de Saint-Jean de la Palud. Peu à peu l’idée de fonder un asile aux malheureux germa en lui. Il déplaça la communauté sur le lieu appelé Coronelle qui devint Coronella pour s’appeler aujourd’hui La Couronne, en raison de la forme arrondie du terrain qui s’élevait au milieu du marais. Il construira sa petite église entre 1118 et 1124 sous l’administration du comte Vulgrain II Taillefer. Avec l’aide de ses disciples le lieu acquit bientôt une grande renommée et il fut nécessaire de bâtir un monument beaucoup plus vaste. La fondation de l’ouvrage débuta en 1171. La première pierre fut posée dans le fondement de l’autel la Vierge sous l’épiscopat de Pierre Ier. Elle portait dans chaque angle, à l’intérieur d’un cercle, les mots « Pax Hic » (La Paix est ici). Au milieu de la dalle une inscription latine disait ;

« L’an de l’Incarnation de Notre Seigneur 1171 Alexandre III siégeant à Rome, Pierre occupant le siège épiscopal d’Angoulême, Louis VII régnant en France et Henri, duc d’Aquitaine, en Angleterre, la première pierre de l’église de La Couronne a été posée dans les fondements de l’autel de la Vierge Marie ».

Parmi les sculptures des chapiteaux, était ciselé un abbé tenant sa crosse à la main au milieu d’une auréole elliptique. De nombreux signes lapidaires étaient gravés et parmi les vestiges des ruines on peut lire encore aujourd’hui les messages laissés par les pèlerins.

La façade romane portait un bas-relief représentant un chameau chargé d’une pierre de construction sur le dos. Selon la tradition, cette représentation rappelle l’utilisation de ces animaux comme bête de somme pour le transport des matériaux lourds durant l’édification du monument. Cette évocation a peut-être été ramenée d’Espagne lors de la Reconquista ?

MOUTHIERS SUR BOËME sur Boëme : LA LEGENDE DE SAINT-GILLES

L'œuvre artistique se retrouve dans les chapiteaux XIe de la nef, ceux du chœur du XIIe siècle dont l'un est un christ en gloire entouré des symboles des évangélistes et un autre évoque l'Ascension.

Parmi le mobilier il faut s'arrêter devant la chaire du XIXe siècle dont la cuve raconte la légende de saint Gilles. Ce Maître Maçon avait construit l'église Saint-Jean de la Palud à La Couronne. Après avoir terminé son ouvrage il reprit le chemin et malade il s'arrêta à Mouthiers. Là il rencontre saint Damien qui le guérit grâce à l'eau miraculeuse de la Font Cassotte. Saint Gilles aurait alors fait le vœu de bâtir une église là où tomberait son marteau. Il jeta son outil qui tomba à Puypéroux autre halte du pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle. Saint Côme et saint Damien sont considérés comme les patrons secondaires de la paroisse. Deux petites statues les représentent avec leurs attributs dans l'église et leur image se voit au grand vitrail qui domine la tribune à l'ouest.

La légende de la rencontre de saint Gilles avec saint Côme et saint Damien s’associe avec les légendes carolingiennes. Saint Côme et saint Damien étaient deux frères musulmans. Médecins de grande renommée, ils furent martyrisés à Cyrrhus sous Dioclétien. Leur popularité vient de la grande bonté avec laquelle ils prodiguaient leurs soins. En Orient ils furent surnommés les Anargyroi ou les « sans argent » car ils ne demandaient aucun argent à leurs patients. Après leur martyr, leurs reliques furent amenées à Rome et leur culte se répandit alors en Occident. On ne sait pas quel subterfuge Charlemagne obtint les corps des deux saints, mais il en fit don à l’abbaye de Novalèse en Savoie ! Depuis cette date Charlemagne est associé à ces deux bienfaiteurs de l’humanité. Charles vint plusieurs fois dans notre province et c’est durant cette période vers l’an 800 que leur culte se répandit. Nombre de belles légendes se sont tissées autour d’eux et leur ferveur populaire gagna Mouthiers. Celle-ci se souvint très certainement de son passage sur la commune lors de son départ pour l’Espagne.

Les moines de Cluny possédant un Prieuré à Mouthiers sur la route de Saint-Jacques favorisèrent une nouvelle fois cet élan de foi. Les pèlerins n’avaient-ils pas besoin d’être rassurés et soulagés de leurs maux après leur longue marche harassante de la journée ? Le culte de saint Côme et saint Damien s’inscrit tout naturellement dans le paysage historique de la délivrance du Tombeau de l’Apôtre Jacques à Compostelle. Il faut y voir une filiation symbolique avec la création des chemins de pèlerinage et les campagnes militaires d’Espagne. N’est-ce pas une utilisation politique d’associer ces deux frères arabes convertis au christianisme ? Ne voulut-on pas durant ces campagnes et tout au long de la Reconquista, gagner à la cause chrétienne les populations arabes installées sur le territoire français et charentais afin de les emmener comme interprètes en terres inconnues. Il fallait des guides et des hommes qui connaissent parfaitement la langue pour interroger les prisonniers ! Enfin cette manœuvre politique voulait que l’on considère ces populations locales, de vies et de mœurs différentes, comme acceptées par les autorités féodales et religieuses. Les légendes servirent une nouvelle fois à faire passer le messager chez les autochtones charentais et les Jacquets.

LE PRIEURE DE MOUTHIERS : HALTE PELERINE SUR LE CHEMIN DE SAINT-JACQUES

Transformé en maison d’habitation, le prieuré de Mouthiers était une dépendance de l’abbaye Saint-Martial de Limoges, elle-même rattachée à la grande abbaye de Cluny.

Le prieuré est construit au nord de l’église. Il est séparé du corps de bâtiment par un jardin et le cimetière qui existait jadis devant celle-ci. Quelques dalles subsistent encore sur les lieux, tandis qu’un grand nombre de celles-ci gisent abandonnées dans l’enceinte de la déchetterie au milieu des ronces et des herbes sauvages où elles ont été entreposées dans l’indifférence générale.

Le prieuré est un bâtiment rectangulaire imposant. Il est la propriété de Monsieur et Madame Bonelli qui l’ont superbement restauré. C’est ici que les moines pratiquaient, il y a très longtemps, l’accueil des pèlerins de Compostelle. Le souvenir de cette tradition est resté gravé dans la pierre d’angle du mur ouest de la maison. Un moine ou un pèlerin l’a probablement ciselé dans la pierre, à hauteur des yeux afin que les jacquets puissent l’apercevoir et sachent qu’ici les attendait un asile pour la nuit. L’image gravée dans la pierre représente une petite chapelle surmontée d’une croix. Un personnage ouvre la porte sur la gauche alors qu’un autre attend sur le seuil et demande l’asile. Sous la maison de Dieu, un long trait fin indique un chemin de pèlerinage sur lequel une troisième silhouette s’avance en direction de la porte de la halte pèlerine. Arrivés au terme de leur étape de la journée, les jacquets pouvaient se reposer, se restaurer et panser leurs blessures. Les moines devaient leur prodiguer des soins car il existait à Mouthiers, qui veut dire monastère, un culte dédié à saint Côme et saint Damien. La ferveur populaire vouait une grande admiration aux deux saints et elle fut probablement à l’origine des légendes qui circulèrent bientôt dans la campagne charentaise.

Ajoutons enfin qu'il fut découvert au cours de travaux de rénovation dans une maison proche de l'église Saint-Hilaire des sépultures de pèlerins de saint Jacques. L'une d'elles contenait un squelette accompagné d'une coquille percée de deux trous qui se portait comme un insigne.

PUYPEROUX : LA lEGENDE DE SAINT-GILLES

C'est à l'abbé Michon, archéologue, écrivain et membre fondateur de la société archéologique et historique de la Charente que nous devons le sauvetage de l'Abbaye de Puypéroux en 1836. /FONT>

La légende de sa fondation est attribuée à saint Gilles. Le saint maçon bâtissait l'église Saint-Jean de la Palud à La Couronne, lorsqu'il jeta son marteau qui tomba à Puypéroux. Passant par Mouthiers, il aida saint Côme et saint Damien qui construisait Saint-Martial. Tombé malade, il fut guéri par saint Côme qui lui dit "Tu as été malade, je t'ai guéri, que me donneras-tu?". Saint Gilles lui répondit "Dans les temps de sécheresse, tu viendras me demander de l'eau et je t'en donnerai". La légende de la fondation prit une telle ampleur que l'on fit chaque année une procession à Puypéroux dont le souvenir de son origine s'est perdu au cours des siècles.

Les pèlerins se rassemblent chaque année à Puypéroux et leur nombre ne cessa d'augmenter. En 1887, ils furent un millier, l'année suivante ce chiffre doubla et en 1890 il y eut 4000 pèlerins. De nos jours la fontaine est devenue un lieu abandonné, seulement visitée par quelques archéologues curieux et quelques animaux. La statue du saint accompagnée d'une biche rappelle son illustre passé.

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LE CHEMIN DES LANDES

MONS - LA FONTAINE SAINT-CLAIR (Près de BELIN dans les LANDES)

La légende qui suit nous est rapportée par un historien local qui mentionne dans un texte. « A l’Ouest et à cent mètres environ de l’église de Mons, se trouve une source que l’on a recouverte d’une arcade en plein cintre. Elle est dédiée à Saint-Clair et le jour de la fête de ce saint on vient se laver les yeux et y puiser de l’eau qui, dit-on, à la propriété de conserver la vue. C’est un lieu de pèlerinage assez fréquenté, sur la route de Saint-Jacques., près de Belin, en forêt landaise.

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Ces contes et légendes sont des extraits de notre ouvrage dénommé "Contes et légendes sur les Chemins de Saint-Jacques de Compostelle"



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