LES CHEMINS DE FER DEPARTEMENTAUX (CFD)
LIGNE BURIE - MATHA ( 26-09-1896 au 31-12-1950)
La ligne ferroviaire de Burie à Matha faisant le prolongement de celle déjà existante de Cognac à Burie sera exploitée à partir de 1896, soit trois ans après le début des travaux commencés en 1893.
L a gare de Matha se situe à un point de bifurcation de la ligne de Saint-Jean d’Angély-Rouillac-Angoulême. Tout comme celle de Cognac, elle constituait une étoile, permettant d’acheminer la clientèle du chemin de fer dans diverses directions.
Burie, deviendra à son tour, à partir de 1915 une gare de bifurcation pour les deux directions de Matha et Cognac, mais également vers Saintes à laquelle elle sera raccordée. La commune qui en cette fin de XIXe siècle comptait un peu plus de 4000 habitants va se doter d’une gare pourvue de nombreuses installations commerciales mais elle sera aussi une escale technique. Elle possède une bascule pour le pesage des wagons, un gabarit pour contrôler les chargements et un château d’eau pour le ravitaillement des locomotives.
La compagnie CFD, entre Burie et Matha, comptera quatre points d’arrêts, gares, haltes et points d’arrêts facultatifs.
Le premier aurait été celui de « Malbeteau ». Ce point d’arrêt aurait pu être facultatif, malheureusement il ne figure sur aucun document horaire de l’époque de sa mise en service. Seule, une rue nommée « Ancienne Gare de Malbeteau », semble rappeler le passage du train dans ce bourg rural.
Plus loin, se trouvait un second point d’arrêt facultatif dit point d’arrêt non géré (PANG), celui du « Défens », car aucun agent de la compagnie n’y résidait. Il se réduisait à un simple abri à la disposition des voyageurs attendant le train.
Il fallait se rendre à « Migron », siège de la première gare comportant des installations essentielles à son bon fonctionnement, pour obtenir un billet au guichet ou la livraison d’un wagon pour un chargement.
L’arrêt suivant était celui de La Tâche. Il offrait les mêmes conditions que celui du « Défens ». Un abri ouvert permettait à la clientèle du chemin de fer de se mettre à couvert les jours de mauvais temps
Plus loin, le train parvenait à la gare de « Prignac » offrant les mêmes garanties à la clientèle de la compagnie.
Après cet ultime arrêt, les voyageurs arrivaient à la gare de jonction de Matha.
De nos jours, ces anciens bâtiments ferroviaires sont devenus des résidences privées.


La gare de Migron, première station en direction de Matha, est un arrêt de type voie unique qui est identique aux autres établissements de même nature sur le réseau CFD. Ne possédant pas de schémas des installations ferroviaires ont peut cependant noter sur les cartes postales la présence de deux voies principales.
Le quai découvert suppose une voie de déchargement mais celle-ci n’apparaît pas sur les cartes postales donc il semble qu’elle ne fut jamais construite. Il est probable que ce fut la voie d’évitement qui servit comme voie commerciale, lorsque cela était nécessaire. Dans ce cas, le chef de gare devait informer l’ASVU de l’impossibilité d’effectuer un croisement dans sa station, en cas de retard des circulations.
La carte postale nous indique également l’existence d’une halle touchant le bureau voyageur et possédant un volet roulant ouvrant sur la voie. Ce détail implique effectivement l’idée de transbordement des marchandises de la voie d’évitement en direction de la halle couverte. Cela laisse également supposer qu’un second rideau métallique s’ouvrait sur la cour marchandise, côté gare voyageur, vers le bourg. Il ne semble pas qu’il régnait à Migron une grosse activité commerciale. Le Plan n’indique d’ailleurs pas l’existence d’une cour marchandises, ce qui semble confirmer cette hypothèse.
Comme dans les autres établissements identiques, le rez-de-chaussée du bâtiment voyageurs est réservé à la vente des billets, à la réception et à la livraison des colis. Il se divise en deux salles. L’une est réservée à l’accueil et aux opérations commerciales et sert pareillement de salle d’attente, la seconde renferme le bureau du chef de station. Le logement du responsable et de sa famille se trouvait à l’étage.
Notre ami Jean-François Blin de « Passion Voie Métrique » nous signale l’implantation d’un disque de couleur verte bordé de blanc et possédant son crochet pour la fixation d’une lanterne la nuit. Avec la station de Saint-Julien de l’Escap, c’est la seconde mention d’un tel signal sur le bord de la voie, à proximité d’un établissement ferroviaire ou d’un point sensible voir dangereux (bifurcation, PN, voie routière). Ce signal à aujourd’hui disparu, mais il nous reste la photo qu’il avait prise en son temps.


Après son départ de Migron le train franchissait un pont métallique sur le Migron, puis poursuivait son chemin jusqu'à celui du pont de pierre sur le Dandelot. Peu après il parvenait à la halte de a Tache où il ne s'arrêtait que si des voyageurs faisaient un signe au mécanicien car La Tache n'avait qu'un arrêt facultatif à la demande exclusive des client attendant le train.

La station de Prignac, seconde station de la section de ligne Burie/Matha, fut construite selon le même principe que les gares CFD. Elle ne diffère en rien. Comme nous le supposions dans notre description de la gare de Migron, nous constatons sur la carte postale, la présence d’un rideau métallique ouvert sur le secteur public. Cette situation confirme que la voie d’évitement servait de voie commerciale pour les wagons en attente de déchargement ou de chargement des marchandises, lorsque la nécessité l’imposait.

Comme déjà évoqué dans notre chapitre de la section de ligne Angoulême/Rouillac/Matha, la gare de bifurcation de Matha, desservait une bourgade où le chemin de fer générait de multiples échanges commerciaux et dynamisait une activité économique liée à la vigne, à l’agriculture et aux carrières de pierre, dans cette partie du département de la Charente Maritime.
Matha a toujours pratiqué la viticulture sur son sol, malgré la grande épidémie de phylloxéra qui détruisit au XIXe siècle une partie de son vignoble qu’elle eut du mal à surmonter. La culture du chanvre était sa seconde activité économique, l’élevage constituait également un autre secteur d’affairement qui entrainera l’installation d’une laiterie dès 1888. Celle-ci aura l’avantage de se positionner à proximité de la gare lors de la construction du chemin de fer. Elle sera l’un des moteurs économiques de la cité jusqu’en 1980, mais les Chemin de Fer Départementaux avaient cessé d’exister bien avant la fermeture de celle-ci.

Les installations de la gare de Matha étaient celles d’une gare importante. Neuf voies desservaient les différents secteurs économiques de la station. Les voies réservées à la réception des trains de voyageurs étaient les voies « 3 », « 1 » et « 2 ». Ces trois voies étaient desservies par des quais au nombre de deux. La voie « 3 » longeait le bâtiment voyageurs (BV).
A droite, côté voie 3, en provenance d’Angoulême, se positionnaient les voies « 5 », « 7 » et « 9 ». Les voies « 7 » et « 9 » étaient des voies dites en cul de sac qui étaient limitées par des butoirs. La halle marchandises se dressait entre ces deux voies. En bout du quai découvert étaient installée la grue de manutention. Un second quai découvert se positionnait en pointe des voies « 7 » et « 9 ».
A gauche du BV, se tenait la lampisterie. Il est probable qu’un ou deux cabinets d’aisance encadrait le bâtiment voyageur.
A gauche, côté voie 2, venant d’Angoulême, se positionnent les voies « 4 », « 6 », « 6bis » et « 8 ». Les voies « 6bis » et « 8 » d’accéder aux remises locomotives et matériel voyageurs. La fosse d’entretien s’ouvre dans le sol de la voie « 6bis ».
Quatre points d’eau sont installés aux extrémités du quai installé entre les voies « 1 » et « 2 ». Deux autres, se voient à proximité de la remise des machines.
Cette importante station, était une étoile ferroviaire permettant de se rendre dans trois directions différentes, Burie, Cognac, Rouillac et Saint-Jean d’Angély.

