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ESSE Le Pas de la Mule

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Le Pas de la Mule

Préambule

 

 

Il s’agit d’un bloc rocheux affleurant sur le bas côté gauche de la route départementale D30, de Confolens à Lespterps.

Cette opération archéologique réalisée avec l’autorisation du Service Régional de l’Archéologie de Poitiers (SRA Poitou-Charentes), avait pour but de vérifier les conclusions de l’étude réalisée par les scientifiques, en 1912.

Leur théorie, très à la mode pour l’époque perdurait depuis presque un siècle et entourait d’un certain mysticisme le lieu et son monument. Notre travail d’inventaire des mégalithes de Charente limousine nous permit de faire une étude plus approfondie de ce mégalithe, de dénoncer les théories erronées de nos prédécesseurs et de découvrir un menhir satellite à cette pierre à cupules.

Ont participé à cette étude :

Daniel Bernardin - Bernard Fabre - Alain Texier - Claude Brège

 



ESSE

Le Rocher du Pas de la Mule

Un Site Mégalithique Inédit

Observations Géologiques et Archéologiques

Ce bloc est en granite à biotite. Il comporte une marque en forme de fer à cheval, et des rainures rectilignes. La présence de cette marque a donné lieu à une légende, selon laquelle Saint Etienne (premier martyr chrétien, mentionné dans les Actes des Apôtres, lapidé en l’an 33) aurait rencontré Saint Maurice (martyrisé vers 286). A l’occasion du congrès préhistorique tenu en 1912, Messieurs A. Cousset et M. Baudouin ont publié leurs observations sur cette dalle, et élaborés des hypothèses sur, d’une part, l’espèce d’équidé ayant servi de modèle à cette marque, et d’autre part, la datation des rainures, par des considérations se rapportant à leur direction et à la précession des équinoxes. Il ressort également de cette publication que les auteurs se sont contentés de décrire la partie visible à l’époque, sans prendre la peine de dégager entièrement le bloc, ce qui dévalue quelque peu leurs travaux.

 

Nos propres observations révèlent, outre la cupule en forme de sabot, l’existence de 3 autres cupules plus petites, ainsi que la présence d’un reste de coin métallique dans une des deux rainures principales. D’autre part, l’observation des fissures naturelles sur les affleurements environnants, et en particulier dans les carrières situées à 200m au Nord du site, montre les directions tectoniques régionales. Il est à remarquer, que les fissures naturelles observables sur le site à cupules de la Croix Banchet, à 860 m au Nord-Ouest du Pas de la Mule, sont orientées également selon N310.

 

« Le Pas de la Mule » - Une Roche à Cupules

 

Le rocher du Pas de la Mule est attaché à une légende relatant la rencontre entre Saint-Etienne et Saint-Maurice. Au cours de cette entrevue qui se déroula à Esse sur le site du Pas de la Mule, l’animal de Saint-Maurice se mit à genoux devant Saint-Etienne et laissa l’empreinte de son sabot sur la pierre. Telle est la tradition locale dont l’origine très ancienne remonte au Moyen Age.

La gravure du sabot constitue, la grosse cupule qui orne la roche. Une cupulette, semble incluse dans le tracé du dessin du pas de la mule dans l’angle inférieur gauche. Peut être est-ce le résultat d’un éclat ?

Elle est associée à trois autres cupules plus petites, dispersées sur la surface du rocher.

La répartition des cupules ne parait pas relever d’une ordonnance que l’on aurait souhaitée.

 

Les Cupules

 

Cupule N°1 : Cupule du Pas de la Mule

  

Elle est censée représenter le sabot de l’animal. La forme évoque l’empreinte d’un équidé parfaitement réalisée par l’homme. La petite cavité visible dans l’angle inférieur gauche est probablement une cupulette.                                                 

Le dessin du pas est large et sa profondeur inégale. Mais ce détail est volontaire car il précise les différents aspects du sabot. Le pourtour dessine en relief et en creux, la botte cornée. Elle correspond à la partie visible de l’empreinte lorsque le pied se pose sur un sol humide. La paroi est légèrement oblique. Le creux forme une gouttière qui épouse le contour du sabot qui se raccorde au bourrelet central dont la partie centrale est creusée en cuvette.

Vers le talon, la finition du travail est moins précise. La corne de la paroi, qui normalement se replie de chaque côté pour former les barres et devant dessiner un espace triangulaire occupé par la fourchette, est imprécise, voir absente.

La pointe, le corps et les branches sont presque inexistants. La partie centrale de l’empreinte imprimée en creux est représentée par la cuvette allongée qui est grossière. Les chercheurs du XXe siècle y voient deux cupulettes réunies par un canal central. En ce qui nous concerne, notre observation ne peut confirmer cet aspect. Nous ne pouvons corroborer cette hypothèse qui nous semble douteuse.

 

Cupule N°2 : Grosse Cupule

 

Elle est creusée près du sommet sud-ouest du grand rocher. Elle occupe une position proche de la rainure sud. Elle est de forme arrondie, très régulière. Son creusement est soigné et elle a subi un polissage fin. C’est la cupule la plus grosse de l’ensemble.

 

Cupule N°3 :

 

C’est la cupule jumelle à la cupule N°2. Plus petite et moins élaborée, ses contours sont moins précis ainsi que sa forme qui est légèrement ovale.

 

Cupule N°4 :

 

Elle est excentrée par rapport au groupe précédent. Elle est creusée dans la troisième partie du rocher du Pas de la Mule. Proche du bord de la grande rainure longitudinale, elle occupe la partie inférieure de la roche. Sa réalisation est aussi soignée que celle de la cupule N° 2. C’est également, la plus profonde. Elle ressemble à un dé à coudre.

 

Les Traces de Débitage de la Pierre

 

Elles se décomposent sous différentes formes. Plusieurs rainures longitudinales et transversales tracent de larges saignées sur la surface de la roche. Ces cicatrices profondes ont été laissées par les carriers qui exploitaient la carrière toute proche au nord, à 200m du site.

Une quatrième rainure est restée dans son état d’origine naturelle. Les ouvriers ne l’ont touchée à aucun moment.

Ces rainures ont été vidées de la terre et des radicelles qui s’étaient glissées dans ses ornières profondes. Ces traces qui ont été examinées très sérieusement par les deux chercheurs au début du XXe siècle ont joué un rôle prépondérant dans l’interprétation erronée qu’ils ont attribué au rocher du Pas de la Mule.

 

Le Menhir du Pas de la Mule

 

Cette découverte inédite est intervenue lors de l’étude du rocher du Pas de la Mule. Le décapage du rocher et de ses abords a entraîné la découverte fortuite de ce mégalithe inconnu à ce jour. Couché à 1m à l’est de la pierre à cupules, ce monolithe en granit long de 1,52m servait probablement de marqueur à celle-ci.

Quelques pierres pouvant appartenir à un calage ancien reposaient à la base du monolithe.

Ce menhir satellite a subi un façonnage humain. Il a fait l’objet d’un débitage fin, puis il a été taillé et façonné pour lui donner un aspect définitif. La face visible est à peu près plate. Le côté sud a subi un débitage grossier. Celui du nord a été taillé puis façonné. Les extrémités ont subi un débitage qui a aplani les bases.

 

 Conclusion

 

Les cupules qui ont été gravées sur le Rocher du Pas de la Mule, l’ont vraisemblablement été à l’époque mégalithique. Cette hypothèse repose sur la découverte du menhir découvert immédiatement à proximité à l’occasion de nos travaux. La gravure en fer à cheval, a probablement été sculptée au cours de l’une des périodes de christianisation des lieux cultes païens, qui se sont déroulées de la fin de l’empire romain jusqu’au Moyen Âge, dans nos régions. Les rainures ont été gravées, à partir des fissures naturelles, très ultérieurement, à l’aide de coins métalliques, soit dans le but de détruire ces marques, soit vraisemblablement dans l’intention d’extraire des blocs de granit. Dans ce cas, un seul bloc a été extrait, dans la partie sud-est de la dalle, les autres tentatives ayant été abandonnées.

 



Note : "

BIBLIOGRAPHIE

Géographie du Département de la Charente

F. Marvaud

( 1849-1850)

Le Pas de la Mule de Saint Maurice à Esse, près de Confolens (Charente) :

Sculpture sur rocher d'un sabot de cheval et de rainures.

Etude Archéologique du 13 Août 1912

A. Cousset ( Etaules, Chte Inf ) - M. Baudouin ( Paris )

Guide de Joanne - De la Loire aux Pyrénées

Joanne ( 1911)

PHOTOS GRAHT

Daniel Bernardin

 

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Liens Relatifs


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