Le Signe Serpentiforme
Il comprend 12 cupules qui se dégroupent en deux parties séparées par une entaille oblique semble t’il naturelle, dans cet ordre là, 7 au-dessus de l’entaille, 6 en dessous.
Les 7 cupules supérieures sont d’inégales grosseurs. La dernière du groupe touche l’arête de l’entaille. Le tracé du groupe inférieur présente une variante dans l’alignement. 4 cupules sont creusées sur une ligne, une autre, isolée, est associée à la seconde du groupe. Elle est positionnée à gauche du tracé linéaire.
Les Croix et Cruciformes Simples
Ils sont au nombre de quatre. Ils sont en ordre désordonnés et leur tracé est anarchique. Ils ont tous la forme d’une croix latine. Trois bordent le signe serpentiforme et un autre est décalé vers le centre du panneau. Les sommets sont en position oblique ou renversé. Une croix proche de la base du rocher est incomplète. Le tracé de son dessin semble se poursuivre sous la roche ornée, dans la vase. Sa tête est peut être cupulée.
En prolongement de l’entaille oblique, une rainure fine peut être humaine se dirige vers le sommet et se termine par une petite croix latine à la tête et aux bras terminés par des cupulettes. Vers le centre du panneau, deux croix accrochées par les bras sont associées à des cupules. La plus grande, en forme de croix latine à ces extrémités et l’axe central, ornés d’une cupule. La hampe se termine par une cupulette. Le prolongement du bras droit de cette croix forme le bras gauche de la seconde croix plus petite.
La petite croix se rapproche du motif de la croix grecque dont chaque extrémité s’achève par une petite cupule.
Panneau C
Orienté au nord, il ne comporte qu’un unique décor. Il se compose d’une grande croix latine inscrite dans un cercle de 50 à 60cm de diamètre. La croix est large de 5cm et ses bras touchent le cercle. La hampe s’estompe vers le centre du rocher, près de la circonférence du cercle.
Les cercles qui renferment les croix du panneau A, possèdent un diamètre d’environ 25cm. La gravure des croix est soignée et profonde. Le trait des creusements se situe entre 5mm et 1cm et la largeur de celui-ci est d’environ 1,5cm. Les cupules sont circulaires et leur diamètre varie entre 2 et 4cm. Leur profondeur atteint 5mm.
Etude Morphologique
Les Cupules
Elles sont le motif le plus fréquemment représenté. Elles sont souvent groupées, associées à des cruciformes ou encore elles se rencontrent sous forme de figurations. Elles sont toutes circulaires ou légèrement ovalisées. Un faible nombre est constitué par des cupulettes. Une est isolée, deux autres sont groupées par deux.
La Cupules Haltère
Un seul exemplaire a été retrouvé sur le rocher. Une courte rigole relie deux cupules entre elles, donnant ce que l’on appelle une figuration « en haltère ».
Les Signes Schématiques
Les panneaux, A et B, sont les seuls concernés par ces représentations.
Panneau A
Ils se manifestent par l’association des signes cruciformes avec les cupules. Ils dessinent une croix cupulée enfermée dans un cercle et une croix latine surmontée de 4 cupules. Une croix au sommet potencé et cupulé a le pied qui s’achève sur un trait transversal court. Ces détails démontrent, semble t’il un caractère anthropomorphique du motif.
Panneau b
Le signe serpentiforme est constitué par un réseau de cupules circulaires creusées les unes sous les autres selon un tracé sinueux.
La petite croix positionnée près du sommet du rocher, a les extrémités des bras et de la tête qui s’achèvent par trois cupulettes.
Les deux autres croix du panneau, l’une latine et l’autre grecque ont l’extrémité des bras et de la tête cupulée. La base de la hampe se termine par une cupulette pour la croix latine et par une cupule plus grosse pour la croix grecque.Ces deux croix réunies par les bras ont leur centre creusé d’une cupule.
Inventaire Général des Motifs
Les Cupules
Cupules isolé : 1
Cupules groupées : 2 groupes de 2
Cupule « haltère » : 1 groupe de 2 relié par une courte rigole
Cupules serpentiformes : 11 cupules + 1 décalée
Les Cruciformes
Croix latine : 4
Croix potencée cupulée : 1
Croix cupulées : 4
Croix cerclée pattée et cupulée : 2
Cercle interrompu : 1
Croix pattée : 1
Croix latine cerclée : 1
Croix cupule interrompue : 1
Etudes Techniques
Quelques précisions sur cette roche s’imposent avant de préciser la nature des techniques utiliser pour le tracé des décors.
Premièrement, il semble que ce rocher granitique ait été façonné, après avoir été nous semble t’il, disposé intentionnellement pour que l’artiste puisse travailler aisément sur chaque face. Cette évidence nous apparaît à l’étude du monolithe dont le dessin de certains décors se poursuit sous la base posée dans la vase. Il est pratiquement certain que cette face cachée conserve des décors inédits.
Pour exécuter ces œuvres, l’artiste ou les artistes qui ont gravé ces pétroglyphes n’ont pu le faire que lorsque le plan de travail était plane. La précision des motifs et de leurs tracés, n’aurait pu être aussi précise sur un plan de travail vertical, ce qui implique que pour chaque face, il a fallu renverser le bloc à chaque fois.
Selon Jean Abelanet, nous ne trouvons jamais de cupules ni de rigoles sur les parois verticales ou des rochers à fortes obliquité, car celles-ci étaient destinées à recevoir des liquides. Seuls des signes cruciformes ou schématiques peuvent comme au Roc de la Pierre Bergère être exécutés sur de telles inclinaisons. De plus la nature granitique du rocher et le choix des motifs impliquaient que l’artiste puisse évoluer aisément. Ce que semble confirmer les propos de Jean Abelanet qui précise que les rochers grenues comme le granit ne se prête guère à l’exécution de cupules et encore moins à celle de cruciformes. Comme nous pouvons le constater, la roche ornée du Pont de Laiguée détient toutes les contraintes géologiques décrites par cet expert des roches gravées en France et au-delà.
L’observation des cupules indique que celles-ci sont généralement bien arrondies en plan et en coupe. Les fonds présentent un polissage fin et régulièrement hémisphérique. Pour obtenir une telle qualité d’exécution Jean Abelanet précise que le seul procédé convenant est celui de la percussion à l’aide d’un percuteur globuleux.
La réalisation des cruciformes est plus délicate car il a fallu utiliser un outil plus approprié comme le burin lithique. Seul un percuteur en quartz pouvant entraîner le granit était capable d’obtenir ces motifs plus élaborés. D'un point de vue géologique la région confolentaise est riche en quartz et en roche granitique. La matière première se trouvait donc sur place.
La technique employée pour la réalisation de certains cruciformes paraît être celle du creusement par un frottement de va et vient. En effet les sillons d’au moins deux figures présentent une usure longitudinale laissant présumer la pratique d’un tel procédé.
Interprétation et datation
Les Cupules
Il est difficile de donner une interprétation symbolique ou figurative aux cupules isolées inscrites sur cette roche.
Le caractère serpentiforme du groupe de 11 cupules séparant les panneaux A et B, s’il ne fait aucun doute, ne permet pas d’échafauder une théorie sensée sur cette schématisation. Aucune rigole ne relie entre elles les cupules dans le but de permettre un écoulement vers les suivantes, comme c’est souvent le cas pour ce type de représentation. Il est probable qu’elles étaient destinées à recevoir des offrandes ou à servir de libations lors des cérémonies rituelles de commémorations. Les cupules « haltères » reliées par une courte rigole bien qu’elles montrent un groupement intentionnel, conservent un caractère inexplicable. Nous ne pouvons leur reconnaître qu’une fonction utilitaire à rapprocher du précédent paragraphe.
Les Cruciformes
Les cupules à fonction figurative concernent deux représentations gravées sur le panneau A. Elles sont associées à deux signes cruciformes et leur donnent un caractère anthropomorphe.
Le cruciforme surmonté de 4 cupules, dépasse le caractère utilitaire habituellement attribué à celles-ci. Elles pourraient indiquer une représentation humaine, une tête surmontant un corps dont les bras de la croix seraient les membres supérieurs.
Le second symbole anthropomorphique est constitué par le cruciforme potencé, surmonté par une cupule matérialisant la tête d’une silhouette humaine.
Ces deux figurations cruciformes évoquent-elles des esprits ou des divinités, nous ne pouvons le dire ? La seule conclusion que nous pouvons émettre est qu’elles possèdent un caractère et un symbolisme religieux nettement marqués, inexistants sur les autres représentations.
Les recherches entreprises dans le cadre de notre inventaire des mégalithes de la Charente montrent que nos monuments n’ont pas échappé à cette forme d’art rupestre. Dolmens et menhirs charentais, principalement en Charente Limousine et Nord-Charente portent les signes mystérieux laissés par les hommes de ces époques reculées.
L’association cupules et cruciformes, identique à celle retrouvée dans d’autres régions de France, sur ou à proximité de sites mégalithiques, semblent correspondre à une forme d’art schématique propre à ces monuments et à leur diffusion sur cette partie de notre territoire. On peut donc supposer, que cette diffusion coïncide à une ou deux exceptions près, à celles des mégalithes du Nord Charente et de Charente Limousine, lieux où ont été recensés de nombreux monuments identiques.