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ANGOULÊME - L'ISLE d'ESPAGNAC L'Aqueduc du Lunesse au Pont de l'Hérisson

ANGOULÊME - L'ISLE d'ESPAGNAC

L'Aqueduc du Lunesse au Pont de l'Hérisson

Préambule à l'étude du site

Cette étude intervint dans le cadre de la fouille de la source de la Font Chauvin. Nous avions projeté de prospecter le tracé du ruisseau du Lunesse en complément de l’opération archéologique en cours et c’est ainsi que fut découvert un nouvel aqueduc d’un concept architectural tout à fait inédit à peu de distance de la fouille en cours près du lavoir.

 

            Ce nouveau monument est situé à environ 200 mètres de l’aqueduc de la Font Chauvin, au pied du coteau du Pont de l’Hérisson, en contrebas de la D699, à une altitude de 75 m environ ,sur la commune d’Angoulême.

 

            A peu de distance, existait le village de Chez Chauvin, qui disparut entre 1975 et 1978. Ses vestiges sont aujourd’hui ensevelis sous les tonnes de déblais qui furent déversés depuis les hauteurs de la route de Montbron, la D699. On accédait à ce lieu-dit depuis le site de la Font Chauvin au nord et par une allée de marronniers descendant des hauteurs de Soyaux, dites "Pont de l’Hérisson". Cette allée traversait le hameau et se dirigeait vers les falaises, anciens habitats des lépreux de Saint Roch.

Il comptait deux habitations : une ferme avec un beau porche d’entrée et une demeure bourgeoise connue sous le nom de "Logis de Chez Chauvin". L’entrée principale se trouvait au bout de l’allée de marronniers. Un magnifique portail en fer forgé protégeait l’entrée du logis. Une tour carrée flanquait la façade ouest. Il possédait une autre entrée secondaire du côté de la Font Chauvin. Le jardin était situé en contrebas près du ruisseau du Lunesse.

 

            Depuis la rue Denis Papin à L’Isle D’Espagnac, on empruntait le chemin actuel qui passait par la croix de la Grande Versenne. On surplombait le site de la source et on arrivait à l’emplacement de la Croix de Chez Chauvin. En face et à droite, la cour de la ferme était fermée par un grand porche de bois où passaient les charrettes.

 

            La Croix de Chez Chauvin se trouvait sur le côté gauche du chemin et à 100 m environ de l’entrée secondaire et piétonnière du logis. Elle fut détruite il y a déjà très longtemps. En 1962, elle était toujours visible et en place. Elle se composait d’un socle de pierre circulaire surmonté d’une colonne calcaire plantée dans un trou. Un chapiteau carré aux arrêtes aplanies et orné de billettes ou d’oursins dans sa partie supérieure supportait une croix en pierre. Les bras de la croix étaient taillés en forme de flèche et le sommet était biseauté sur ses quatre côtés.

 

            La Croix de la Grande Versenne installée à l’intersection du chemin de Chez Chauvin et de celui des carrières, datait de 1787. Détruite, elle fut remplacée par une croix en bois en 1997. Avant sa destruction, elle se composait d’un socle massif en pierre ouvragé. Une colonne supportait un chapiteau à base circulaire marquée par deux cordons et dont les quatre faces plates étaient ornées d’un décor en feuille de chêne. La croix de pierre reposait sur ce piédestal. Elle était finement ouvragée et portait gravée une figure très effacée, peut-être une croix auréolée d’un astre lumineux représenté par les rayons du soleil. Cette croix était connue également sous le vocable de la Croix du Pré Braud, nom du propriétaire du terrain du champ de la croix. Toujours dressée en février 1975, elle gisait renversée au sol et brisée en plusieurs morceaux dans les broussailles en mai 1976. Aujourd’hui, il n’en reste aucune trace.

 

            Du site de l’aqueduc du Lunesse, il ne subsiste aujourd'hui que l’ouvrage découvert, l’allée des marronniers et quelques éléments de murs de soutènement élevés à flanc de coteau, au pied du plateau de Saint Roch. Sans les souvenirs de Monsieur et Madame CAZE, propriétaires actuels de l’ancien pavillon de chasse du Logis du Lunesse et natif de la commune, cette partie de l’histoire de la Font Chauvin et du hameau de Chez Chauvin serait perdue à jamais.

 

Les bénévoles désignés ci-dessous ont participé à cette étude intervenue l'été 2003 :

Daniel Bernardin, Emmanuelle Faure-Gignoux, Nathalie Jousseaume, Alain Texier, Bernard Fabre, Emmanuel Caze, Jean-Marie Texier, Michel Chauvin, Alain Mincet.

 

 



ANGOULÊME - L'ISLE d'ESPAGNAC

L'Aqueduc du Lunesse au Pont de L'Hérisson

 L'Aqueduc du Lunesse

 

Le Ruisseau du Lunesse

 

            Ce petit ruisseau montre une grande perturbation. Le lit et les abords ont énormément souffert de la décharge mise en place depuis les hauteurs de la D699. Une quantité importante de délivre de matériaux en tout genre et de détritus de toutes sortes polluent son cours et ses rives. Des pavés et des blocs de ciment ont dégradé son architecture.

 

Le Lit

            Jadis canalisé, il ne reste qu’un seul élément de la canalisation du lit du Lunesse. La largeur du cours du ruisseau est de 1,71m.

Le Sol

Un superbe pavage a été posé au sol. Des pierres régulières et proprement équarris sont plantées verticalement et calées avec des petits graviers, semble-t-il. Ce sol s’avance à l’intérieur de l’entrée voûtée de l'aqueduc et viennent buter contre une large dalle plantée de chant et formant le seuil de l'ouvrage situé un peu plus bas. Ce pavage est composé de 5 rangées de pierres. Il possède une longueur de 0,70 m et il est étiré sur une longueur qui varie de 1,26 m près de la grande dalle taillée à 0,85 m devant la pierre du seuil.

Etude architecturale du monument

 

            Long de 11,60 m et orienté au nord 300°, l’étude du monument porta sur plusieurs aspects de son architecture :

 

a.              le muret et l’aqueduc, un ouvrage unique,

b.             l’entrée et la façade du monument,

c.              le seuil, la chute d’eau et le pavage de l’aqueduc,

d.             le pavage du conduit de l’aqueduc,

e.              l’ouvrage d’art

f.              la sortie ouest

g.             la cascade et son réceptacle naturel,

h.             l’aqueduc souterrain.

 

          1.    La superstructure 

 

a)   Le muret et l’aqueduc, un ouvrage unique

 

          Le muret de soutènement des terres surplombant le cours du Lunesse est une construction en pierres longues d’environ 300 m. Il garde sur tout son tracé une hauteur d’environ 0,80 m. La terre du plateau affleure le dernier rang.

Une abondante végétation constituée de fougères et de plantes grasses le recouvrent. Le chemin de circulation large d’environ 60 à 80cm est encombré d’herbes sauvages et quelques arbres ont poussé en son milieu. Le cœur de cet ouvrage est traversé par un aqueduc souterrain objet de notre étude. 

          Outre l’existence de ce monument, nous avons pu remarquer un fait important dans la construction de l’édifice. Près de l’entrée de l’aqueduc du Lunesse, les moellons du mur sont liés les uns avec les autres et montrent un enchevêtrement qui prouve que le mur et l’aqueduc furent montés ensemble à la même époque. Il n’existe aucune retouche moderne dans le corps de la construction.

Un autre fait démontre cette affirmation, les rangs de pierre sont parfaitement respectés dans l’angle droit amorçant la parure de la façade de l’aqueduc. A cet endroit la hauteur du mur atteint près de 1,50 m et s’élève jusqu’à la hauteur du sol de la prairie. En façade au-dessus de l’aqueduc, cette parure a perdu de son esthétique et plusieurs blocs se sont détachés de la paroi.

 

b)   L’entrée et la façade du monument

 

            L’entrée de l’aqueduc du Lunesse s’inscrit au centre d’un mur de façade construit en élévation au-dessus du conduit de l’aqueduc. L’ouverture s’ouvre sur deux niveaux. L’un prend naissance dans le lit du Lunesse devant le pavage de pierre déjà décrit et la grande dalle de la canalisation, l’autre à un niveau inférieur se poursuit dans le conduit de l’aqueduc.

 

            Deux piliers de grosses pierres supportent une voûte de pierres posées en anse de panier comme la voûte de certaines églises. La voûte est constituée de deux arceaux avec clés qui sont légèrement déplacés sous la poussée des racines d’arbres qui ont dégradé la façade du monument. La voûte supérieure extérieure se situe à 1,16 m du lit du Lunesse. La voûte du monument mesurée depuis la pierre du seuil s’élève à 0,63 m du sol. La hauteur intérieure de l’aqueduc prise du pied de la dalle du seuil à l’axe médian de la voûte atteint 0,88 m. A la sortie côté ouest, elle s'abaisse à 0,80 m et la largeur de l’aqueduc gagne quelques centimètres. Elle mesure 0,60 m. Ces différences proviennent probablement de l’effondrement de l’édifice à cet endroit.

 

            Les pierres des piliers ont leurs arêtes intérieures chanfreinées. Ils assurent une assise solide à l’édifice qui, malgré la présence de grosses racines, conserve toute sa fraîcheur. L’intérieur du conduit n’a pas souffert de cette présence. Seule la façade a perdu en esthétique. A droite de l’entrée, la parure de celle-ci est conservée malgré des signes de fébrilité dans la structure du parement de pierres.

 

           2.  L’infrastructure

 

a)   Le seuil et la chute d’eau

 

            Le lit du Lunesse s’arrête devant l’entrée. L’eau s’écoule ensuite à un niveau inférieur et tombe en petite cascade dans le conduit de l’aqueduc du Lunesse. Une dalle posée de chant forme un seuil. Elle est plantée verticalement. Cette dalle est en place depuis l’origine de la construction car ses extrémités sont encastrées dans les parois de l’aqueduc. Sa base s’enfonce dans le sol pavé du lit. Sa face interne est plane et parfaitement polie. La partie supérieure forme une cuvette. Plate aux extrémités, la partie centrale s’incurve et l’eau s’écoule par ce déversoir taillé par l’homme comme l’indique l’arête visible sur sa largeur. Cette dalle mesure 0,56 m de large et correspond à la largeur de l’aqueduc.

 

            Au pied de ce seuil, manquent quelques pierres de pavage, sur le sol. Est-ce la chute d’eau par grande eau qui a charrié des blocs qui ont arraché une partie du pavage ? Probablement car à cet endroit le parement des parois n’a subi aucun dommage.

 

b)   Le pavage du conduit de l’aqueduc

 

            Il est une pièce stratégique de l’ouvrage, sinon la plus importante car on peut dire qu’il est l’assise du monument.

 

            Les pierres du lit sont toutes parfaitement équarries et jointées proprement. Le sol est uniformément plat. Les joints sont serrés et proprement réalisés. Lorsqu’on se positionne à la sortie ouest de l’aqueduc, on peut avoir une idée de la construction de cette chaussée. Le sol fut, semble-t-il, creusé jusqu’au sol géologique, constitué par un tuf calcaire ocre. Un radier fut ensuite constitué à l’aide de grosses pierres pour réaliser une assise solide. Une couche de terre sablonneuse mélangée à de la pierraille assura une assise propre et nivelée constituant la pente de l’écoulement, puis intervint la pose des moellons du sol.

Bien entendu, cette description s’attache sur les éléments visibles, une étude plus détaillée permettrait d’obtenir une stratigraphie plus précise ; néanmoins la sortie ouest étant dégradée, elle permet une assez bonne lecture. Quelques photos montrent assez bien ce qu’elle dut être. D’ailleurs, l’eau a créé une goulotte dans le radier solide et s’écoule sur le sol géologique dans la partie abîmée de la sortie.

 

            En ce qui concerne les joints des pierres du sol, ils paraissent avoir été réalisés avec un liant dur à base d’un mélange de tuile ou concassés et de chaux hydraulique comme on le pratiquait à l’époque médiévale. Contrairement à celui des parois, il est en meilleur état. Les joints entre les rangées de pierres du pavage sont réguliers et espacés savamment. Les parois reposent sur ce sol aménagé pour supporter un poids énorme et assurer la solidité de l’édifice. Néanmoins, près du seuil, dans les premiers mètres du conduit, plusieurs pierres manquent et mettent déjà le monument en danger.

 

c)   L’ouvrage souterrain de l’aqueduc du Lunesse

 

            Cette étude concerne la description de la voûte et des parois.

 

            La structure se décompose ainsi. Les parois sont constituées depuis le sol dallé, de trois rangées de pierres verticales. La quatrième rangée est légèrement inclinée et amorce la voûte cintrée. La voûte comprend cinq rangées de pierres. La troisième constitue la clé de voûte.

 

            Il semblerait que les moellons du premier rang de pierres des parois reposant sur le pavage du lit, soient plus longs que ceux des rangs supérieurs. Les blocs ont tous été taillés et façonnés. Les faces portent les traces du martelage des outils. Les pierres sont posées proprement et les joints sont étroits. Ils sont réalisés avec un mélange de gravier et d’un composant marron. La consistance est dure. C’est un ciment étanche très ancien, contemporain de celui déjà décrit. Il n’a jamais fait l’objet de retouche ou de restauration. Les parois et la voûte sont dans un bel état et donnent au monument un bel aspect solide et esthétique. La clé de voûte est régulière et ne présente aucun signe de défaillance.

 

d)   La sortie ouest de l’aqueduc

 

            C’est la partie du monument qui a subi le plus de dégradation. Compte tenu des éléments apparents et de la physionomie extérieure, il semblerait avoir été amputé d’un bon mètre. L’extrémité ouest qui se termine en cascade ne se termine pas proprement. Une partie de son architecture doit être engloutie dans la vasque de la cascade.

 

            Le sol à 1 m de la sortie est arraché. Des pierres du pavage sont manquantes. La paroi à cet endroit est toujours intacte côté gauche. Cela tient du fait que la fondation a été correctement exécutée, car deux pierres de la paroi sont suspendues au-dessus du vide. Elles reposent sur le sol géologique. La voûte est intacte. Seul le sol a le plus souffert et l’eau s’est créée une goulotte qu’elle a creusée dans le radier. Elle s’y engouffre avec force et il est à craindre que d’autres pierres du sol ne se détachent à leur tour  vers le fond de la vallée.

  

Les poussées de terrain successives sont probablement la cause de la destruction de cette partie de l’aqueduc.

 

Cette dégradation est la conséquence d’un effondrement du sol naturel occasionné certainement par l’érosion et la nature du terrain très pentu qui déverse les eaux de ruissellement, déracine les arbres et autres plantes. Elles sont probablement la cause de la destruction de cette partie de l’aqueduc.

 

e)   La cascade et son réceptacle naturel

 

            Compte tenu de la dénivellation importante, il n’est pas impossible que cette cascade existait dès l’origine du monument. Le cours du Lunesse est très bas à cet endroit. Depuis le chemin qui mène à la cascade jusqu’au niveau de l’eau dans la cuvette, il y a une hauteur de 3,55 m. L’eau se déverse principalement par la goulotte artificielle en cascade dans cette cuvette naturelle.

 

            Ce réservoir recueille l’eau et le Lunesse reprend son cours dans une sorte de tranchée profonde et très bouleversée. En période de hautes eaux, le débit doit être tellement puissant que la force hydraulique creuse et élargit son lit.

 

Conclusion et Hypothèse de Restitution du Site

 

            L’hypothèse de restitution du site n’est pas sans poser quelques problèmes car l’aqueduc du Lunesse n’a pas fait l’objet d’une campagne archéologique complète. Nos remarques portent donc sur l’étude extérieure du monument et sur son environnement immédiat ainsin que sur le contexte historique. Celles-ci s’attacheront à essayer de comprendre pourquoi un tel ouvrage a été construit ici et la ou les raisons qui ont poussés le ou les constructeurs  à l’élever sous cette forme architecturale.

 

 L’environnement immédiat

 

            Il dut jouer un rôle primordial. La pente abrupte du coteau accroché à la falaise dut être un élément influent dans la construction du monument et des aménagements vernaculaires aperçus à différentes hauteurs de la déclivité. Ces murets devaient faire office de rempart contre les chutes de pierres et les glissements de terrains.

 

            La construction de l’aqueduc sur le cours du ruisseau indique encore un système de protection pour éviter l’ensevelissement du ruisseau. Le mur protège le lit contre les mêmes risques. Pour éviter ces glissements de terrain, il paraît évident qu’on a canalisé les eaux de la source tarie qui jaillissait de la roche.

 

            C’est l’hypothèse la plus plausible que nous retenons. La découverte d’un aqueduc souterrain annexe, perpendiculaire à l’aqueduc du Lunesse et orienté vers le pied de la falaise semble confirmer nos soupçons. Cet aqueduc secondaire, s’il avait eu un débit trop élevé, se serait prolongé jusqu’au lit du Lunesse. Or ce n’est pas le cas. Il se déverse sur le sentier qui longe le mur. La berge du Lunesse est également aménagée par un petit muret qui protège et maintient ce sentier. La rive opposée ne montre pas un tel aménagement. Ce fait est flagrant car il signifie que seul le côté sud installé au pied de la falaise devait être impérativement protégé contre les éboulements. L’eau de la source canalisée, les risques diminuaient. Le débit devant être peu élevé, il n’était pas nécessaire de faire descendre l’aqueduc jusqu’au lit du Lunesse. Sans compter que cette source jaillissait peut-être par intermittence et à certaines périodes de l’année.

 

            Lors de l’étude, elle était asséchée depuis longtemps car la terre obstruant en partie le conduit de l’aqueduc souterrain annexe était sèche.

 

Un ensemble monumental massif et coûteux

 

            A cette question doit s’en adjoindre une autre : n’y avait-il pas une autre solution ?

 

            Le dénivelé important, l’altitude entre le point d’accrochage du coteau au pied de la falaise et l’édification de l’ensemble monumental beaucoup plus bas incita probablement l’ingénieur hydraulique à réaliser tous ces aménagements, plutôt qu’une solution plus simple et moins coûteuse. De plus, c’est probablement les glissements de terrains successifs et l’embourbement du lit du Lunesse qui firent choisir cette solution. Cette obstruction qui devait être fréquente explique peut-être aussi pourquoi il existait une sortie au logis de Chez Chauvin à L’Isle D’Espagnac. Il devenait donc urgent et impératif de trouver un remède à ce phénomène naturel. L’exemple de murs en terrasse dressés pour arrêter les glissements de terrains trouve peut-être ici son explication. Sans compter que ces terrasses aménagées pouvaient devenir d'excellents pacages pour les bêtes ou être destinés à la culture de jardins potagers, pour le logis situé tout près.

 

            Pourquoi avoir choisi un ouvrage hydraulique voûté plutôt qu’un aqueduc à couverture de dalles plates comme nous l’avons étudié sur d’autres sites. Nous n’avons ici qu’une simple explication : la solidité et l’équilibre des forces.

 

            La solidité de l’ouvrage était assurée par le principe de construction et la nature des matériaux. Le fait d’avoir assemblé les constructions du mur et de l’aqueduc a nettement fortifié le monument. La couverture de dalles plates fut probablement évitée peut-être pour éviter le déplacement des blocs lors des mouvements de terrains. La structure courbe de la voûte permettait aux mouvements de terrain de glisser et s’écouler le cas échéant dans la prairie.

 

            En complément de cet aspect architectural, il existait à présent un passage permettant de franchir le Lunesse et permettre aux troupeaux de changer de pacage. Le lit accidenté du Lunesse ne permettait pas de le faire avant cette construction. La nécessite de s’adapter au terrain a obligé les constructeurs à créer tous ces ouvrages de prévention et à créer un ensemble massif de contreforts destiné à renforcer la protection de l’ouvrage principal, l’aqueduc du Lunesse.

 

            La réalisation du petit chemin au pied du mur de l’aqueduc eut un rôle pratique. Les gens du logis devaient nettoyer régulièrement le lit et il était plus simple de le faire de la berge sans se mouiller.

 

            La grande dalle et le sol pavé devant l’entrée est de l’aqueduc eurent plusieurs buts. La grande dalle canalisait l’eau avant sa pénétration dans le conduit. Associée au dallage en façade, elle avait pour but d’éliminer les remous qui auraient pu provoquer un affouillement des culées. Leur rôle d’aide à l’écoulement laminaire de l’eau semble confirmé par l’usure et le poli de la dalle du seuil et des parois à l’entrée.

 

            En conclusion, nous pouvons supposer que cet ensemble monumental fut construit pour les motifs suivants :

 

-          assainir le cours du ruisseau du Lunesse et calmer ses eaux tumultueuses en certaines périodes,

 

-          permettre le franchissement du Lunesse et desservir les parcelles avoisinantes,

 

-          permettre à la population de L’Isle D’Espagnac de se rendre au bourg de Saint Roch sur la commune d’Angoulême par le chemin de Chez Chauvin.

 

            Il en résulte que la construction de cet ouvrage, qui fut sans nul doute coûteux, eut pour conséquence de réduire les coûts de nettoyage et de terrassement qui devait revenir plusieurs fois par an. Cette solution architecturale résolut définitivement les problèmes d’ensevelissement et les frais de main d’œuvre pour sa remise en état. Seul un entretien régulier et une surveillance technique assuraient à l’édifice un parfait fonctionnement. C’est pour cette solution que le maître de l’ouvrage fit exécuter ces travaux gigantesques. Ces choix techniques et constructifs exigèrent un financement important sans nul doute mais économique dans le temps.

 



Note : "

BIBLIOGRAPHIE

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Rapport de fouilles programmées – 2002

Didier RIGAL, Christian DARLES, Michel MARTINAUD,

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 Mornac - Un réseau hydraulique et ses aqueducs du Moyen Age et du XVIIIe siècle

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Claude BREGE, Pierre-Emmanuel BREGE, Sébastien DAULON

Jean-Marie TEXIER, Monique TEXIER, Alain MINCET, Jean-Claude AUPY

 

Jadis Soyaux et Naguère

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Tous les saints guérisseurs et protecteurs

Jean de L’HOSSANNIERE

Editions Trajectoire – Année 2000

 

Dévotions et saints guérisseurs

Marc LEPROUX

Presse universitaire de France - 1957

 

Châteaux, logis et demeures anciennes de la Charente

Bruno SEPULCRE

1993

 

Géographie historique et communale de la Charente

J. MARTIN-BUCHEY

1914-1917

 

 Il était une fois L’Isle qui devint D’Espagnac

Albertine CADET-HEMARD, Serge GIGNAC

1989

PHOTOGRAPHIES

Daniel Bernardin, Mme Martine Caze, Michel Nompeix, Alain Texier.

 

 

 

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