SAN NICOLAO - MORIANI PLAGE - L'AQUEDUC DE LA FORGE
Date : Vendredi 05 février 2021 @ 12:11:20 :: Sujet : RECHERCHES DU GRAHT EN CORSE
SAN NICOLAO - MORIANI PLAGE
L'AQUEDUC DE LA FORGE
AVANT-PROPOS
Les recherches sur l'Aqueduc de la Forge à Moriani, débutèrent au printemps 2005 et s'achevèrent à l'automne 2011. A raison d'une ou deux campagnes par année, qui furent réalisées au printemps et à l'automne, pendant une ou deux semaines de recherches, ce qui devait ne concerner que ce seul monument se généralisa à tout le cours de la rivière Canapajo/Pétrignani. Puis nous avons étendu progressivement les recherches à toute la Costa Verde et ses rivières.
L'équipe qui participa à ces études se composa de Daniel Bernardin, responsable des recherches, Jean Paul Francesconi, adjoint au responsable, Nicolas Sisson, positionnement et cartographie des sites, guide de montagne, Christine Bernardin, adjointe au responsable, Philippe Perez, Vice président du GRAHT, Eléna Foresti doctorante italienne en histoire, Université de Parme, caractéristiques minéralogiques-pétrographiques, prélèvement des liants et autres matériaux de construction. Participèrent également comme intervenant occasionnels du GRAHT, Pierre Eggiman,prospection, Claude Brège, prospection, Bernard Fabre, archéologie, Alain Texier, géosystème, François Rousseau, site internet du GRAHT, Lionel Bernardin, animation sonore et musicale, Bruno Deschamps, animation informatique, Stéphane Bouquet, restitution informatique et Félix Giorgi, prospection de terrain.
Ces multiples opérations archéologiques se déroulèrent en partenariat avec le Service Régional de l'Archéologie de Corse à Ajaccio, M. Césari, Directeur du Service Régional de l’Archéologie de Haute Corse, la mairie de San Nicolao, M. Claude Olivesi, Maire et président de la comcom de Costa Verde, puis Mme Olivesi qui prit sa succession, la Communauté de Commune de Costa Verde, M. François Berlinghi, successeur de M. Olivesi et M. Ottaviani, Conservateur du Musée d’Aléria, qui reçu en dépôt le fruit de nos trouvailles.
Mais avant de développer les résultats de toutes ces recherches, dont nous avons posté plusieurs articles sur notre site internet, je voudrais préciser que celles-ci n'auraient pu être réalisées sans l'intervention de mon ami Jean-Paul Francesconi dit "PAPO". Dès les premiers jours de notre rencontre, il écouta attentivement mes explications sur l'"Aqueduc de la Forge" mais aussi avec un certain étonnement, car personne jusqu'à mon arrivée ne lui avait parlé de ce vestige archéologique qu'il connaissait bien, pour avoir joué enfant avec ses amis au cow-boys et aux indiens, entre les piles de cet ouvrage. Jusqu'à ce qu'un soir, je l'informai que pour cette année, j'avais terminé la première phase de l'étude des ruines situées dans la plaine. Et je rajoutai qu'il m'aurait fallu des documents administratif, cadastre, photos aériennes, cadastre napoléonien, etc... mais que étant étranger à l'ile, j'avais peu de chance d'obtenir les documents souhaités car personne ne me connaissais. Et avec un grand sourire, il me dit que le maire Monsieur Claude Olivesi était de ses amis et il me donna rendez-vous le lendemain matin pour le café afin de nous rendre ensuite à la mairie. Et c'est ainsi que l'aventure commença pour sept années de recherches archéologiques en Costa Verde. Sans toi "PAPO" rien de tout cela n'aurait pu se mettre en place. Je garde de toutes ces années de recherches un immense bonheur. Nous avons parcouru des centaines de kilomètres à pied dans la montage, à remonter le cours des rivières, à patauger dans l'eau, à descendre des pentes abruptes, à suivre les canalettes des moulins et des forges à des hauteurs vertigineuses, et à suivre des sentiers à travers les broussailles que nous ouvraient Nicolas Sisson, guide de moyenne montage. Au cours de ces instants extraordinaires nous avons traversé des moments magiques face aux paysages grandioses qui s'offraient à nous. Nous avons partagé notre pain lors de nos pique-niques souvent organisés par toi "PAPO". Je me souviens des crises de fou rires intenses lorsque des situations impromptues surgissaient, Une chute sur un lit de ronces de plusieurs mètres d'épaisseur, lors du débroussaillage des ronces dégagées du pan d'un mur de moulin enseveli sous celle-ci, ou encore lors d'une culbute dans la rivière. Ces incidents ne portaient pas pourtant à rire, mais ces aventures cocasses ponctuaient nos longues journées de recherches, le sac à dos sur les épaules. Ce furent de magnifiques années de fraternité et d'amitiés passées avec toi "Papo". Merci à toi mon Ami et à ta grande générosité, ainsi qu'à Nicolas, Félix, Marc-André, Philippe, Eléna, Pierre et à ceux qui participèrent occasionnellement à ces recherches.
PREAMBULE
Recherches Préventives à l'Etude Archéologique de l'aqueduc de la Forge
L'étude de l'"Aqueduc de la Forge" s'organisa autour de plusieurs campagnes de recherches. Chaque partie de l'Aqueduc furent appréhendées les unes après les autres.
En 2005, ce fut l'aqueduc dressé dans la plaine d'"Ercate" qui fit l'objet de notre attention.
L'année 2006 repris les travaux de la première année et nous orientâmes nos recherches sur le tracé de l'aqueduc et le pont génois du Piétrignani sur la commune de Santa Lucia Di Moriani.
L'année suivante en 2007, nous avons commencé à remonter le cours du Piétrignani car nous pensions que l'aqueduc pouvait provenir de plus haut en amont de la rivière, ce qui était une erreur que nous comprendrions plus tard. Nous nous sommes aussi intéressé à sa sortie dans la propriété privée qui bordait le cours de la rivière "Acqua Buona" et à son parcours urbain qui semblait se prolonger en ville.
En 2008, nos efforts portèrent sur les caractéristiques minéralogiques des liants utilisés dans la maçonnerie de l'ouvrage, la recherches des zones calcaire de la région et des fours à chaux en activité dès le XVIe siècle en Costa Verde. Cette année là, nous avons reconnu les vestiges urbains de l'aqueduc jusqu'à l'ancien emplacement de la "Forge de Padulella" à Moriani.
En avril 2009 nous avons poursuivi ces recherches, découvert la prise d'eau de l'"Aqueduc de la Forge" et lors de notre seconde campagne archéologique en novembre, nous avons élargi nos connaissances en prospectant tout le secteur nord de la Costa Verde. Ayant constaté la possible présence de meulières sur des rochers, nous nous sommes rendus sur les sites du Liamone au Monte Lazzu ainsi qu'au camping de Liamone, au centre ouest de l'ile, où se trouvaient d'innombrables gisement de larges, longues et profondes cupules dans lesquelles les populations du néolithique broyaient le grain.
2010 orienta les recherches sur les cours des rivières "Bucatoggio, Canapajo/Piétrignani, Fiumicellu/Cortine, Olmo, Valle Alla Serra, Acqua" Fisca pour retrouver les sites des meulières de moulins.
En novembre 2011, nos efforts se portèrent sur les sites de l'église de Santa Cristina. Outre les magnifiques fresques du XVe siècle de cette chapelle, nous avons nettoyé et procédé à l'étude de l'Aqueduc du moulin de Santa Cristina et au second moulin positionné en contrebas dans les broussailles.L'Aqueduc de Santa Cristina est un superbe ouvrage que nous avons mis à nu pour pouvoir en observer la trompe qui alimentait en eau le moulin.
Tout au long de ces sept années, ce furent plusieurs centaines de sites archéologiques et historiques qui furent inhumés du passé.
L'AQUEDUC DE LA FORGE A MORIANI - COSTA VERDE
INTRODUCTION
Avant de passer à la description de l'ensemble du monument, il nous faut préciser que nous décrirons celui-ci depuis l'origine de la prise d'eau dans la rivière Canapajo/Piétrignani jusqu'au lieu d'implantation de la forge dans le bourg de Moriani.
Rappels Historiques
L’Aqueduc de la Forge à Moriani, commune de San Nicolao est un ouvrage génois de la seconde moitié du XVIe siècle.
Le monastère de moines bénédictins de l’île de Monte-Cristo, possédait autrefois de grandes étendues foncières dans la Piève de Moriani. Au XVIe siècle, les moines créèrent de nombreuses forges dans la région, dont trois sur la seule commune de San Nicolao.
Selon une autre source, la Forge de Moriani aurait été créée au cours du deuxième quart du XVIe siècle pour le podestat de Bastia, Benedetto de PINO et le capitaine Alessandro de GENTILI d’ERBALUNGA. La forge dite « Forge de Padulella » ou « Di i Cioti » ou encore de « Ferrera Sottana di Moriani », changera par la suite, au cours des siècles, plusieurs fois de propriétaire.
L’Aqueduc de la Forge à Moriani, porte un nom significatif. La forge fonctionnait avec le minerai de fer importé par bateaux depuis l’Ile d’Elbe. Elle eut probablement une activité militaire importante.
De 1696 à 1709, la puissante famille des De BATTISTI, originaire de San Nicolao, deviendra copropriétaire de la «Forge de Moriani» (1578), avec l’homme d’affaire bastiais, fermier de la gabelle de Porto-Cardo, Marco MORELLI, ainsi que de la « Forge du Bucatoggio Amont» (1615) et de la «Forge du Bucatoggio Aval» (1705). On peut supposer que la Forge de Moriani, fonctionna jusqu’au deuxième quart du XIXe siècle.
L’Aqueduc quant à lui, entra dans une phase d’abandon où l’érosion, le manque d’entretien, et le désintéressement, entraînèrent sa destruction progressive. Il devint probablement comme de nombreux monuments, une gigantesque carrière de pierres. Aujourd’hui, nous pouvons encore admirer les vestiges de ce magnifique monument.
Etude Archéologique de l'aqueduc de la Forge
Le Cadre Géophysique
L’architecture de l’Aqueduc de la Forge varie selon les lieux et la nature géologique du sol, tout le long de son cheminement.
Celle-ci est soumise constamment, aux contraintes qu’impose la rivière, aux pentes montagneuses, aux franchissements des vallées, la structure des sols, tantôt abrupts, escarpés, accidentés, humides ou sablonneuses, en zones de plaine ou maritime.
Les méthodes de construction que l’on constate à ce jour sur cet ouvrage sont de deux ordres. L’une est aérienne ; ce sont les arches qui enjambent les rivières et traversent les zones marécageuses, la seconde est terrestre et se présente sous l’aspect d’une « canalette ». Cette dernière court le plus souvent à flanc de montagne et on en aperçoit la structure maçonnée ou la où elle est encore visible, creusée en tranchée dans la barrière rocheuse qui surplombe les cours d’eau. Nous avons constaté que le modèle dit de « canalette » est utilisé pour une meilleure gestion des pentes et des rampes, afin de desservir en eau des moulins et gérer les débits.
L’architecture monumentale des ouvrages constitués d’arches montre que ce mode de construction correspondait à une nécessité pour franchir les obstacles, rivières, déclivités et zones marécageuses.
L’état de nos connaissances actuelles, d’après les vestiges retrouvés, nous montre que l’architecte génois qui fut le maître d’œuvre de l’Aqueduc de la Forge a conçu son chef d’œuvre à l’échelle de la montagne et pour sa population, pour l’économie de toute la région baignée par les eaux du Pietrignani et de l’Acqua Bona.
En montagne il a privilégié le principe de la canalette, mais en plaine il a opté pour cette architecture plus massive, constitué d’arches pour les franchissements des cours d’eau et des zones inondables.
Ces réflexions nous ramènent sur les différents lieux d’implantation des vestiges retrouvés qui nous apportent les enseignements suivant la construction du monument.
Au point d’entrée de la rivière Pietrignani, l’aqueduc de la Forge est creusé et incorporé en partie dans la barrière rocheuse. En aval, l’ouvrage est constitué d’arches qui courent dans la plaine. Il fut construit sous l’aspect d’une canalette. Dans la plaine humide et inondable, l’architecte génois a préférer adopter une technique plus massive et résistante pour affronter les contraintes naturelles auxquelles sera soumis l’ouvrage, franchir le cours de l’Acqua Bona et accoster sur le coteau de Ercate.
A cet endroit le canal de l’aqueduc desservira au passage un moulin aujourd’hui ruiné avant de s’éloigner sous la forme d’une canalette à travers la propriété de Mr Biolchini. Au-delà et jusqu’à la Forge de Moriani il conservera cet aspect.
Localisation IGN et Cadastrale
Afin de mieux situer les différentes parties de l’Aqueduc de la Forge étudiées, il est indispensable de les localiser avec précision au niveau géographique et administratif. Cette procédure permet également de restituer dans leur environnement les sites reconnus.
La règle de cartographie utilisée pour le positionnement des sites archéologiques, « Coordonnées Lambert » est la projection Lambert, du nom du mathématicien, français Jean Henri Lambert (1728 – 1777) :
- Jean Henri Lambert. Savant allemand d’origine française, né à Mulhouse en 1728, mort à Berlinen 1777. En 1759, il se rend à la demande de l’électeur Maximilien-Joseph II, à Munich. Il lui demande de rédiger les statuts de l’Académie des Sciences sur le modèle de ceux de Berlin. Il vivra à Augebourg puis à Coire et dressera la ligne de démarcation de frontières entre le Milanais et les Grisons. En 1764, il regagne Berlin pour être nommé académicien par Frédéric II et conseiller des Bâtiments puis Directeur des Ephémérides de la ville. Il se distinguera par ses recherches en mathématiques, astronomie, philosophie, hygrométrie et cosmologie. On lui doit entre autre la théorie des angles imaginaires qu’il réalisait sous forme de secteurs d’hyperbole équilatère. Il est à l’origine de l’application conforme de la sphère sur un plan. La projection Lambert est la représentation plane, conique, conforme, directe d’une sphère ou d’un ellipsoïde.
Le calcul des coordonnées Lambert se fait selon un système d’axes parallèles au quadrillage Lambert différent de celui des parallèles des bords de la carte.
L’abscisse X est lue sur les bords horizontaux (Nord et Sud) de la Carte.
L’ordonnée Y est lue sur les bords verticaux (Est et Ouest) de la carte. La position des différentes parties de l’Aqueduc de la Forge que nous avons observé se dégroupe ainsi :
Point de Sortie de l’Aqueduc du cours du Pietrignani au lieu dit « La Mare du Curé » :
X = 542,250 Y = 4962,025
De la « Mare du Curé » à l’extrémité du conduit en « Canalette » dans la prairie, ce point dit, « Fin de la Canalette Amont » se situe :
X = 542,625 Y = 4961,950
A ce point de transformation de l’ouvrage en Aqueduc Aérien constitué d’arches jusqu’à son lieu d’accostage sur la propriété de Mr Biolchini, les coordonnées sont les suivantes.
Coteau Ercate :
X = 542,675 Y = 4961,775
A cet endroit, l’aqueduc reprend sa forme de « canalette » à l’intérieur de la propriété. A la sortie de celle-ci, il poursuit son cheminement en direction de la ville, mais il perd rapidement sa physionomie d’origine pour se transformer en fossé jusqu’à la Forge de Moriani.
Point de sortie de la canalette de la Propriété de Mr Biolchini :
X = 542,750 Y = 4961,800
Point présumé de la Forge de Moriani :
X = 543,200 Y = 4961,625
D’un point de vue topométrique, ces calculs relatifs aux différentes parties de construction de l’Aqueduc de la Forge, nous permettent d’établir la longueur réelle du monument, depuis son lieu de captage dans le cours du Pietrignani, jusqu’à l’endroit où s’élevait la Forge de Moriani, près de l’ancienne voie ferrée des chemins de fer Corse, reliant Bastia à Porto-Vecchio. Cette distance représente une longueur d’environ 1,125 km, qui décompose la physionomie de l’ouvrage en plusieurs tronçons et donnent l’indication métrique suivante :
- La longueur de la canalette du lieu-dit « La Mare du Curé » jusqu’à la première arche de l’Aqueduc aérien, atteint 325m.
- De la première arche de l’Aqueduc aérien jusqu’à sa terminaison sur le coteau de Ercate, propriété de Mr Biolchini, le monument mesure 150m.
- Dans son approche urbaine, qui, correspond à la grande plaine de Sumarelle et de Ercate, baignée par les eaux du Pietrignani, l’ouvrage s’étire sur une distance d’environ 650m.
La seconde partie de l’aqueduc qui pénètre par l’intermédiaire de la propriété Biolchini, dans la zone urbaine de Moriani se divise en deux sections. Le premier tronçon traverse dans la longueur les parcelles sur une distance de 100m environ. La seconde section qui a perdu son apparence d’origine longe la route départementale N° 34 de Moriani-Plage à Santa Reparata. Le tracé est encore visible par endroit mais il s’estompe peu à peu pour se perdre dans le quartier de Distindino où il disparaît définitivement. La Forge de Moriani se positionnait entre le ravin de Distindino et l’ancienne voie ferrée.
Les eaux de l’aqueduc étaient probablement restituées naturellement à la rivière Pietrignani, par l’intermédiaire du ravin de Distindino. Cette section dont il ne subsiste que peu d’éléments avait une longueur d’environ 550m. Dans son parcours urbain, l’ouvrage déroulait son long ruban aquatique sur environ 650m. De ce magnifique monument hydraulique nous pouvons encore admirer aujourd’hui les vestiges d’une longévité exceptionnelle sur environ 250 mètres, dans la plaine de Pietrignani et chez Mr Biolchini.
Cette large et longue vallée, où l’homme s’installe très tôt, est divisée en de nombreuses parcelles, dont nous ne mentionnerons que celles intéressées par les vestiges observés et étudiés à partir de l »année 2005.
Le découpage cadastral de la banlieue de Moriani et de la cité nous permet d’obtenir une meilleure vision du profil de l’aqueduc en milieu urbain et une connaissance précise de son cheminement en direction de la forge. Le cadastre des communes traversées par l’Aqueduc de la Forge est un outil de travail inestimable. Il regorge d’informations sur le monument. Il fait ressortir une foule de renseignements qui figuraient certainement sur l’ancien cadastre napoléonien et qui restituent des portions d’aqueducs, aujourd’hui disparues, dans la zone urbaine de son écoulement.
Les quatre points remarquables de l’ouvrage hydraulique qui seront décrits dans notre présente étude s’inscrivent dans la dernière partie terrestre et urbaine de la commune de Moriani.
- Le Premier site qui nous intéresse est le captage des eaux de l’Aqueduc de la Forge . L’origine du conduit du canal, taillé dans le rocher, est positionné sur la parcelle N° 157 de la Section F, dite de San Pietro de la matrice cadastrale de la commune de San Nicolao, datant de 1982.
- La seconde section de l’ouvrage s’éloigne à partir de la parcelle N°219 de la rivière Pietrignani, pour s’engager dans la plaine verdoyante sous forme d’une canalette qui a aujourd’hui disparue. Elle traverse les parcelles N° 623 – 624 – 219 – 416 -417 – 225 et 226. Elles bordent et longent le cours d’eau.
- La parcelle de l’aqueduc, matérialisé en partie par l’ouvrage constitué d’arches a reçu le numéro 227.
- La parcelle N° 217, origine du point de séparation de l’Aqueduc, constitue la rive sud de la rivière. Au-delà de ses limites, la canalette poursuit son cheminement en direction des parcelles N° 630 – 628 – 418 – 224 – 706 et 228.
- Le découpage officiel, de cette première tranche de l’ouvrage intéresse plus spécialement la proche banlieue de Moriani.
- La pénétration de l’aqueduc sur la propriété de Mr Biolchini constitue à partir de ce lieu l’espace urbain dans lequel va se développer son long ruban le conduit de la canalette.
- Avant de détailler davantage cette infiltration urbaine, il nous faut reconsidérés, la parcelle N° 219. Cette numérotation s’attache à une partie de l’ouvrage hydraulique qui se dévoile sous deux formes architecturales différentes. Au sortir du Pietrignani elle prend l’aspect d’une canalette qui parcourt la prairie sur une distance de 325m comme nous l’avons précisé précédemment. Elle conserve cette physionomie jusqu’à un point de transformation, concrétisé par la lettre F de Forge, sur la feuille Cadastrale N°3 Section F (Ancienne feuille N°2, de la commune de San Nicolao.
- La propriété de Mr Biolchini, commencement de la progression urbaine de l’aqueduc dans la cité balnéaire de Moriani, connaîtra la dernière modification de l’ouvrage qui conservera jusqu’à la Forge son apparence de canalette.
Les parcelles intéressées par l’emprise de la canalisation sont situées sur la Section A, feuille N°1, dite Moriani-Plage de la commune de San Nicolao.
A hauteur de la propriété de Mr Biolchini, nous avons remarqué dans le coteau, la présence de deux voûtes, vestiges d’un ancien moulin, dont nous reparlerons dans notre exposé.
- Le bâti contemporain semble t’il de l’Aqueduc de la Forge occupait la parcelle N° 1167.
- Le terrain de Mr Biolchini, terminaison de l’ouvrage en arcade, s’inscrit sous les N°42a et N°1168a. Le conduit de l’aqueduc partage les parcelles en deux moitiés.
- Au-delà de la limite de ce domaine, la canalette disparaît et il ne reste de visible de sa structure qu’un fossé qui longe le chemin départemental N°34 de Moriani-Plage à Santa Reparata délimitant les parcelles N°48 et N°49 côté nord.
- Puis, le fossé s’écarte de la route et les derniers vestiges de l’Aqueduc de la Forge disparaissent semble t’il définitivement du paysage archéologique, englouti par l’urbanisation de la commune. Les nouvelles cités et constructions possèdent probablement sans le savoir, les vestiges de ce passé enfoui sous le sol de leur maison. Nous n’avons pu reconnaître les parcelles privées concernées par le tracé de l’aqueduc en zone urbaine.
- Nous devons à l’amabilité de Mme Marie-Thérèse Olivesi, Maire de Moriani Plage, de nous avoir communiqué et confirmé ce que nous supposions, l’emplacement de la Forge qui s’élevait à l’emplacement des parcelles N° 1404 de la Section A Feuille N° 1 et N° 1410 de la Section A Feuille N° 2.
- L’identification de l’emplacement de la forge achève définitivement nos investigations dans la zone urbaine de Moriani. Nous avons repéré avec certitude et grâce à la transcription sur le cadastre actuel le tracé de l’Aqueduc de la Forge en ville et pu apercevoir les vestiges historiques encore conservés malgré les siècles passés. La lecture du cadastre fut un outil de recherche remarquable pour la bonne compréhension et la connaissance de ce monument exceptionnel.
Le Pont Génois du Piétrignani ou Pétrignani
Le Pont du Piétrignani est un ouvrage qui fait partie d’un ensemble de constructions édifiées au XVIe siècle. Il a été semble t’il incorporé au vaste réseau hydraulique qui englobe deux aqueducs génois et un moulin.
De son architecture d’origine ce pont conserve trois culées et deux piles qui reposent sur les rives, ainsi que les anciens becs, l’un aigu, côté amont, l’autre de section courbe, côté aval. Le tablier d’origine a disparu. Il est aujourd’hui remplacé par un ouvrage moderne en béton, qui repose encore en partie près des extrémités, sur la construction d’origine. Une arche voûtée conserve le souvenir de son passé génois. Cette arche est assise sur une fondation solidement ancrée dans le lit de la rivière. Le départ, de ce qui parait être la digue longitudinale, traverse le cours du Pétrignani, puis poursuit son cheminement le long de la berge opposée, le long de la barrière rocheuse. Le tracé de cette digue apparait nettement sur le cadastre napoléonien.
La Digue sous-marine de la prise d’eau de l’Aqueduc de la Forge du Pétrignani
Comme on peut le voir sur le cadastre napoléonien, une digue immergée, partant de l’arche voutée semblait construite dans le lit de la rivière. Elle poursuit son cheminement sous marin sur une une centaine de mètres jusqu’au point de captage, point origine de l’aqueduc aérien de la Forge. Elle guidait les eaux du Pétrignani et du Fumicello contre la barrière rocheuse. Il semble que pour garantir un volume d’eau satisfaisant à l’aqueduc de la Forge, le maitre d’œuvre ait creusé ou débarrassé le lit des pierres qui l’encombraient. Il a ainsi obtenir une profondeur d’eau d’environ 2m le long de la barrière rocheuse. C’est à cet endroit que le lit de la rivière atteint sa plus grande profondeur. Ce processus provoquait l’accélération de l’élément liquide qui s’engouffrait dans la canalette et amorçait ainsi le courant d’eau dans le conduit. Cet aspect architectural se devine parfaitement sur le cadastre napoléonien de 1868.
La Passerelle Piétonnière
De cette construction, semble t-il moderne ne subsistaient qu’une seule pile qui se voyaient encore sur la rive droite du Pétrignani en 2005. Il fut assez aisé de retrouver l’emplacement de la passerelle piétonnière qui enjambait le cours du Pétrignani car la base de la pile restait encore accrochée à la falaise rocheuse.
La Passerelle Piétonnière se trouvait à une dizaine de mètres du confluent du Fumicello avec le Pétrignani, près du moulin édifié à proximité du Pont routier du même nom, desservi par la D109, à peu de distance du hameau de Vangale.
En 2005, la pile de la rive droite était encore visible comme on peut le constater sur les photos. Celle de la rive gauche n’existait déjà pratiquement plus. Quelques pierres, de forme régulière, matérialisaient encore sa présence au sol. Pour permettre son accrochage sur la paroi rocheuse de la rive, les ouvriers ont pratiqué une échancrure en corniche dans le schiste, afin de sceller l’assise de la fondation de la pile sur la roche, comme cela s’est déjà vérifié pour la construction de l’Aqueduc de la Forge.
La maçonnerie de l’ouvrage est constituée de moellons et de galets de rivière. Le mortier de couleur grisâtre est certainement un mélange de sable de rivière pris sur place mêlé à de la chaux locale. Des éléments de poutrelles métalliques ont été incorporés à la structure. Cet ensembles est moderne, tout comme les briques qui apparaissent sur la plateforme de la chaussée. Il se pourrait que ce soit les vestiges d’une restauration ou consolidation de l’ouvrage intervenu à une époque récente.
Cette passerelle avait probablement été érigée au-dessus de la rivière pour permette aux riverains de traverser, sans faire le détour par le pont. En effet la profondeur de l'eau empêchait le passage à gué d'une rive à l'autre. Le meunier et les habitants lui apportant les chataignes à moudre, devaient vraisemblablement profiter de ce passage pour se rendre au moulin ou sur les terres cultivables qui bordaient la rivière.
Point de Captage de l’Aqueduc dans la Rivière Petrignani
Au point de captage de la rivière Petrignani, situé à la pointe des parcelles N°152(c) et N°157, l’aqueduc de la Forge prend naissance au sortir du cours d’eau.
Le goulet avaloir est situé au niveau de la rivière, mais très vite la barrière rocheuse devient un obstacle à contourner pour l’acheminement de l’eau. Malgré la canalisation de l’eau réalisée dans le lit du fleuve depuis le pont du Pétrignani et la domestication du flux provenant du confluent des deux torrents de montagne que sont le Fiumecello et le Pétrignani, il a fallu au concepteur de l’ouvrage résoudre le problème du franchissement du dénivelé après l’avaloir d’origine, car après ce point la berge change de physionomie.
A partir du Point de Captage, le tracé est nettement visible sur une trentaine de mètres. Quelques portions de la canalette subsistent le long de la rive droite du Pétrignani. Ces vestiges concernent une portion d’Aqueduc ouverte en tranchée dans le corps de la barrière rocheuse. Cette section est taillée dans la roche schisteuse, très proprement.
Un travail énorme a été réalisé par les terrassiers pour tailler, creuser et construire le conduit de l’aqueduc qui se dévoile sous l’aspect suivant :
- Dans un premier temps la falaise a été taillée en tranchée et percée en épaisseur pour obtenir une plateforme constituant une assise suffisante afin d’accueillir une construction massive et solide. Cette terrasse élevée, mesure 4,55m de largeur. Elle s’étire sur une longueur d’environ 15m.
- A 3,50m de la base de la falaise et sur une largeur de 1,05m, ont été taillés en forme de hautes marches d’escalier, 3 étages de niveaux. Le niveau 1 constituait le conduit de l’Aqueduc, le niveau 2 le muret de la canalette et le niveau 3 constituait la fondation du mur parapet à l’aqueduc. La hauteur totale de ce mur parapet mesurait 1,42m et il possédait une épaisseur de 0,70m à son faitage. Au centre, cette épaisseur se trouvait accentuer par l’inclinaison interne du percement de la paroi verticale de l’étage du niveau 2. L’assise du niveau 3, se trouvait à 1,25m au dessus de la rivière. Sa base, sur une hauteur de 0,70m était plus large et s’appuyait contre la paroi du niveau 2, comme le ferait un contrefort. Ces différents étages architecturaux sont nettement visibles malgré les dégradations survenues sur le monument.
Le spécus de l’Aqueduc
Il est creusé dans le sol de la plateforme et constitue le niveau 1. Le lit est matérialisé par une marche, dont l’une des parois est la roche de la falaise et l’autre un muret de construction en pierre. La base extérieure, est percée d’une large entaille verticale de fabrication humaine, tombant jusqu’au niveau de l’assise du niveau 2. Cette échancrure servait de point d’ancrage ou de scellement au muret de la canalisation. Le conduit du canal avait les dimensions suivantes :
Hauteur : 32cm – Largeur : 35cm
Un enduit d’étanchéité recouvrait les parois et le lit. Des dalles de couverture assuraient la protection de l’écoulement.
Ensuite de la Parcelle N°157 à la parcelle N°219, le conduit de l’aqueduc sera taillé en partie dans la roche de la barrière rocheuse ou aménagé en canalette, fabriquée avec des galets.
Point de Séparation de l’Aqueduc avec la Rivière Petrignani
Le point de séparation entre l’Aqueduc de la Forge et les rives du Pétrignani, commence à la parcelle N°624 de la feuille section F, Feuille 3. A partir des parcelles N°624 et N°219 il faut considérer que l'aqueduc entre dans la zone urbaine de Moriani, vers laquelle le monument va se développer. Ce point correspond à une boucle de la rivière au lieu dit connu dans la région sous le nom de « La Mare du Curé ».
L’endroit est encaissé et la rive droite du fleuve est matérialisée par la falaise rocheuse qui surplombe à faible hauteur, le lit du Petrignani.Cette barrière rocheuse s’élève progressivement à la verticale sur la rive droite et matérialise cette zone.
Ces vestiges sont impressionnants et masqués par une végétation abondante.
Un travail énorme a été réalisé par les ouvriers génois pour tailler, creuser et construire le conduit de l’aqueduc qui se dévoile sous l’aspect suivant :
- Dans un premier temps la roche a été taillée et percée en épaisseur pour obtenir une plateforme constituant une assise suffisante afin d’accueillir une construction massive et solide.
Le Conduit de l’Aqueduc
A cet endroit le conduit de l’aqueduc se développe sous l'aspect d'une canalette qui le conduira jusque dans la plaine, où il disparaitra en partie pour reparaitre sous la forme de vestiges totalement ruiné jusqu'au premiers éléments de construction des arches de l'aqueduc aérien.
Hauteur : 32 cm – Largeur : 35 cm
Vestiges de la Canalette de l’Aqueduc, au sortir du Pétrignani, dans la plaine d'Ercate
Pour amener l’eau de la rivière Pétrignani, aux réservoirs des forges de San Nicolao, il fut construit un canal long de près de 1,500 km. Cet ouvrage se compose de plusieurs parties architecturales.
A partir de la prise d’eau, le conduit sera construit de différentes manières qui suivront la rivière, puis il s’écartera peu à peu de son cours avant de s’engager dans la plaine d’Ercate.
LES ARCHES DE L'AQUEDUC DE LA FORGE
L’Aqueduc de la Forge et ses 33 Arches
Le tracé de l’Aqueduc de la Forge, se présente dans la plaine, sous l’aspect d’une canalette, qui s’estompe et qui disparaît complètement après un parcours d’une centaine de mètres. Puis on le perd sur une autre centaine de mètres avant qu’il ne réapparraise après une distance de 130 à 140m. A quelques mètres de son parcours aérien dans la plaine d’Ercate, des vestiges jonchent le sol sur une douzaine de mètres, ce qui correspond à l’amorçage de la constructruction qui se développera sous forme d’arches voûtées.
Nous avons ainsi pu établir qu’au sortir de la rivière Petrignani il se prolongeait sur environ 250m sous la forme d’une canalette qui se transformait en suite progressivement en arches et donnait à l’aqueduc son aspect aérien.
Avant d’atteindre les premières habitations, la canalette ruinée se transforme lentement en un ouvrage aérien constitué de 33 arches en pierre, long de 163,30m qui sort progressivement de terre.
Au sortir de la plaine, il entre sur la propriété d’un riverain et retrouve son profil en canalette qu’il conserve sur environ 150m, après le franchissement du cours de l’Aqua Bona.
Après avoir franchit le cours de l’Aqua Bona, l’ouvrage aérien accoste le plateau d’Ercate chez M. Biolchini. A partir de ce point il retrouve sa forme de canalette qu’il conservera jusqu’à la forge aujourd’hui disparue. Au sortir de la propriété, il prend de nos jours l’apparence d’un fossé communal qui disparaît définitivement au bout d’une centaine de mètres.
L'Altimétrie
L’extrémité Est, s’achevant à la Forge de Moriani, se situe à une altitude d’environ 11m. L’aqueduc à l’origine de sa construction mesurait un peu plus d’1 km de longueur. Aujourd’hui, celle-ci d’après la partie de l’ouvrage constituée d’arches, doit s’étirer sur environs de 160m.
Ces chiffres approximatifs permettent d’établir l’importance du dénivelé, soit environ 6m, sur une distance d’environ 1 km, correspondant aux extrémités de l’aqueduc.
Si l’on ne tient pas compte des éventuelles contre-pentes, la déclivité entre ces deux points, détermine une pente de 6 mm/m.
Si l’on observe de plus près le point de captage de l’eau de l’aqueduc, près du moulin ruiné, sur la commune de Santa Lucia di Moriani, on s’aperçoit qu’il fut choisi avec soin. En effet, nous sommes au confluent de deux rivières descendant des monts environnants. Le fait est important, car l’alimentation en eau provient de deux sources d’alimentation différentes. Elles assuraient donc un débit régulier au fonctionnement de la Forge de Moriani.
Tout indique en théorie et sur la base de ces données que la Forge de Moriani, alimentée par son aqueduc ne manquait jamais d’eau.
Les pluies, la fonte des neiges et la nature de son captage, lui permettaient de fonctionner vraisemblablement, à plein régime une grande partie de l’année.
Etude Monumentale de l’Ouvrage Hydraulique
De la Canalette à l'Aqueduc Monumental de la Forge
L’Aqueduc de la Forge à Moriani tel qu’il pénètre dans la plaine d’Ercate, est un ouvrage constitué d’une canalette qui s’étire sur à peu près les deux tiers de la parcelle qu’il traverse. Cette canalisation est en partie ruinée sur la totalité de son parcours. Parvenue dans son dernier tronçon, elle va peu à peu passer de la conception canalette à sa forme aérienne et être construit en pierres du pays.
Lorsque nous avons découvert les vestiges de l’aqueduc, les premières dizaines de mètres se cachaient sous la végétation et il était impossible d’en deviner le squelette. Recouvert par un parterre de terre, haut de près d’un mètre, les éléments de construction apparurent après le nettoyage intervenu, lors de l’intervention du CFA de Furiani, au moment de la restauration du monument.
La section de l’ouvrage qui amorçe un nouveau type de bâti sous l’aspect d’arches, dont l’architecture se développent en hauteur, est constituée d’un canal dont les parois du spécus s’élèvent régulièrement au-dessus du sol de la prairie. Dès que la hauteur devint suffisamment importante, la première arche pu être élevée, puis se furent les suivantes qui se dressèrent à leur tour. Cette architecture se développera jusq’à la limite de propriété de M. Biolchini. Parvenue aux rives de la rivière « Aqua Bona », la dernière arche enjambe le cours du ruisseau et pénètre sur le domaine de M. Biolchini.
L'Aqueduc de la Forge et ses 33 Arches - Description Architecturale
Il conserve trente trois arches d’inégales dimensions. Les piles sont assises sur des culées assez régulières, dont les deux dernières sont assises sur les rives du ruisseau d’Acqua Bona. Elles ont fait l’objet d’une attention particulière dans le mode d’élévation. Néanmoins, un certain nombre montre un modèle de construction pour le moins inhabituel voir difforme.
On notera également quelques anomalies dans la signature de l’aqueduc qui s’inscrit dans le paysage. Il apparaît, que le profil longitudinal de l’aqueduc n’est pas tout à fait rectiligne. Il possède des variations de dénivellations en plusieurs points de son tracé, probablement dû aux irrégularités du sol.
Les Piles, les Arches, les Voûtes, les Tabliers
Les Piles :
Elles sont construites selon le même principe même si elles présentent quelques variantes. Les bases des assises possèdent une largeur qui paraît être homogène sur toute la longueur du monument, soit 0,90m de large. Seules les longueurs montrent quelques différences qui peuvent s’expliquer par une portée plus longue. Les mesures relevées indiquent des chiffres variants entre 1m et 1,30m. Les piles semblaient s’appuyer sur des culées dont un grand nombre paraissent absentes. Les observations réalisées au cours de notre étude sur les 5 premières piles, montrent une base, ensuite culées et piles ne font qu’un, la démarque est absente.
Les Arches :
Il règne une grande confusion dans le style de construction des arches. Certaines reposent sur des culées, notamment pour les cinq ou six arches dressées à proximité du ruisseau Acqua Bona, mais la majorité d’entre elles prennent naissances au sol. Les portées sont d’inégales dimensions. Ils existent des arches longues et courtes. Les hauteurs au dessus du sol sont variables. Les grandes arches paraissent les plus hautes. Elles dessinent des arcs voûtés ou en anse de panier selon les portées. Les répartitions des forces paraissent assez uniformes. Il semble que les coffrages ayant servi à la construction des arches n’étaient pas tous fabriqués sur le même modèle. Ces différences ne modifient en rien la pente du canal interne de l’aqueduc qui reste stable et assure un débit constant et régulier à l’eau.
Les arcs de fronts sont appareillés à l’aide de pierres plates posées de chant et bloqués au mortier. Elles ont probablement fait l’objet d’un calibrage et d’une étude de résistance à l’érosion car les intrados sont assez bien conservés.
Les Voûtes :
L’arc interne montre une certaine régularité. Les pierres formant l’intrados se poursuivent en rangées parfaitement posées et sont d’épaisseurs égales. La maçonnerie est propre et l’exécution de la pose est soignée.
A certains moments d’autres voûtes montrent une alternance de rangées constituées de pierres plates et de pierres plus épaisses. Le mortier est plus grossier pour cette catégorie d’arches.
Les clés de voûtes sont réalisées selon le même principe à l’aide de pierres plates dressées de chant. Un petit appareillage est incorporé en complément dans la maçonnerie.
Les Tabliers :
La construction ou la restauration des arches est marquée par un remplissage de pierres non calibrées. Lors des récents remaniements, une arase de pierres plates et de briques délimitent le partage entre le tablier et le specus. Cet aspect de régularité n’apparaît pas dans les éléments non retouchés. Les murs bahuts ou tabliers sont massifs et présentent un caractère de solidité encore visible sur une partie du monument.
Les Coffrages et Trous de Boulins :
Les traces de coffrage sont encore perceptibles sous les voûtes des arches 2, 3 et 4. L’empreinte des planches du gabarit apparaît sur toute la surface de l’aqueduc. Ces planches de coffrage mesuraient 20cm de large sur 0,90m de longueur.
Les trous des boulins dans lesquels s’enfonçaient les bois des échafaudages sont présents entre les piles 1 et 2, 3 et 4, 4 et 5, 5 et 6.
Ces trous semblent avoir été absents pour les autres culées à moins qu’ils n’aient été obstrués lors des travaux de restauration. L’orifice des trous possède une largeur de 20cm et une hauteur de 22cm. Ils sont proprement réalisés pour permettre aux poutres de glisser librement dans ce conduit étroit.
Le Spécus ou Canal de l'Aqueduc de la Forge :
Le lit du spécus, entre les arches 9 et 10, est fabriqué à l’aide de petites pierres plates posées dans un ciment de chaux grises, semble-t-il.Il est détruit en plusieurs points du monument. Il est construit en moellons équarris, en lauzes de schistes et en petit appareil.
Le specus possède un conduit large de 40cm et haut de 50cm. Il est bordé de deux murets de 25cm d’épaisseur. Relevé au niveau de l’arche N° 21, la hauteur du courant d’eau se situe à 1,85m au dessus du sol. Ici le canal a fait l’objet d’une restauration complète. Sur une grande partie de sa longueur, le conduit du canal est envahi par les herbes sauvages. Ces plantes nuisent à l’ouvrage et les racines décèlent les pierres. A l’origine, il était protégé contre les salissures par une couverture de dalles minces, en chiste posées à plat.
L'Aqueduc de la Forge : Etude Technique des Arches
Arche N°1 :
Elle est envahie par la végétation. Sa pile et sa culée prennent appui sur la rive du ruisseau « Aqua Bona ». Cett arche accoste le coteau et se trouve hors du ruisseau. Elle se trouve déjà en partie sur la propriété de M. Biolchinei et poursuit son cheminement vers le lieu où se trouvait la forge. Elle conserve, la trace du coffrage du gabarit. La pile de l'arche qui s’appuie sur la rive droite de l’Acqua Bona vient s'ancrer sur le terrain de M. Biolchini pour se transformer à nouveau en canalette. Les éléments de la construction de la pile de cette arche se perdent dans la végétation qui colonise le coteau de la propriété.
Arches N°2, N°3 et N°4 :
Elles conservent toutes les trois, la trace du coffrage des gabarits. Les piles et tabliers sont maçonnés, en façade, avec un ciment grossier et lissé. L'arche N°2 enjambe le cours de l'Aqua Bona. Cette pile s'élève à 3,60m au-dessus du lit du cours d'eau soit la plus grande hauteur de tout le monument.
Le pilier de l’arche N° 3 s’élève sur le haut du bord du ruisseau à l’ouest. L’arche N° 3 est une arche basse. L’arche N° 4 repose au-dessus du sol de la prairie. Les culées des piles situées entre les arches N°2 et N°3 sont dotées d’un petit rebord formant une arase sur tout leur périmètre. Ce principe se retrouve jusqu’au culées des arches N°5 et N°6.
Arche N°5 :
La culée de la pile N° 5 est presque carrée. L’arche à 3,90m de portée et sa hauteur sous voûte, au-dessus du sol de la prairie, se situe à 2,30m. Le mortier d’origine, visible sous la voûte, est un mélange de chaux grise avec incrustation de petits graviers, d’éléments de végétation constituée de brindilles et de radicelles. Il semble avoir été réalisé avec les matériaux trouvés sur le terrain.
Les trous d’échafaudages sont visibles dans les piles 1-2 jusqu’à 5-6. Ils traversent le corps des piles et possèdent tous une dimension identique soit 20X22cm. Le percement de la pile N° 2 se situe à 3,25m au dessus du lit de l’Acqua Bona.
Le courant d’eau tel que nous l'avions aperçu en 2005, entre l’arche N° 1 et l’arche N° 7 était soit très déterioré, soit détruit.
Arche N°6 :
Cette arche s'élève au-dessus du sol de la prairie en forme d'ogive. C'est l'une des plus haute du monument. Elle est massive et son état de conservation est excellent. Seul le conduit de l'aqueduc qui a perdu ses piédroits est déterioré.
Arche N°7 et N°8 :
Les voûtes des arches 7 et 8 sont plus basses que la précédente. les arcs des voûtes sont irréguliers et n'ont donc pas été réalisés avec le même coffrage en bois. Les parois du spécus sont très abîmées, mais présentes. Le courant d’eau est également dégradé et devra être réparé.
Arche N°9 et N°10 :
Elles sont différentes par rapport aux précédentes. L’arche N° 9 est basse. Elle a perdu un partie du muret du canal de l'aqueduc, côté prairie. L’arche N° 10 est plus haute. Le courant d’eau, côté Pétrignani, est présent bien que ruiné, côté prairie, le parement est absent jusqu’au niveau de la pile de l’arche N° 11. En ce qui concerne les autres éléments de l'architecture du monument, ces arches conservent leur solidité première et sont dans un parfait état de conservation.
Arche N°11 et N°16 :
Toutes ces arches ont des voûtes assez basses, mais d'un aspect régulier pour ne pas dire calibré. Seules les arches N° 15 et N°16 sont un peu plus hautes. Elles possèdent un arceau en anse de panier. Le courant d’eau, de l’arche N° 15, est détérioré, celui de l’arche N° 16 est absent dans sa moitié. La pile inscrite dans l'élévation des arches N°15 et N°16 ess fracturée verticalement. Elle montre des traces de consolidation effectué à l'aide d'un mortier de chaux.
Arche N°17 à N°19 :
L’arche N° 17 est assez haute par rapport au sol de la prairie. Elle est dans un parfait état de conservation. La pile et le tablier montrent des traces d'une ancienne restauration.
Les arches N°18 et N°19 sont un peu plus basses que la précédente. L’arche N° 18 a fait l’objet d’une restauration, que l’on retrouve également sur les piles situées entre les arches N° 17/18 et N° 18/19. Le courant d’eau est détérioré au dessus de l'arche N°18. On le retrouve sur l’arche N° 19 dont la hauteur est à 1,63m sous voûte, par rapport au sol.
Arche N°20 à N°26 :
L'arche N°20 est en partie détruite. Elle faisait, lors de notre passage sur le site, l'objet d'une restauration qui n'était pas achevée.
Les arches N°21 a N°23 ont été reconstituée ou restaurée. le canal d'écoulement des eaux a été entièrement réaménagé.
Les arches N°24, N°25 et N°26 sont ruinées et recouvertes de végétation. Les arches N°24 et N°25 seront par la suite restaurées comme on peut le vérifier sur la dernière photographie.
Les arches N°26 et N°27 que nous avions vu ruinées furent également reconstiuées l'année suivante.
Arche N°26 à N°29 :
Les arches N°26 à N°29 qui se trouvaient ruinées et sous les broussailles se dresseet de nouveau aujourd'hui dans le profil longitudinal du monument. Les arches N°28 et N°29, comme on peut le voir sur la photo montrent la présence du coffrage de leurs voûtes resoectives.
Arche N°30 à N°33 :
Ces quatres dernières arches occupent toujours leur place sur le monument. Les arches N°30 et N°31 semblent avoir subi des réparations anciennes. Bien que colonisées par les broussailles, ces arches sont les derniers vestiges visbles de l'aqueduc. Au delà de l'arche N°33, la canalette de l'aqueduc est entièrement invisible sous la végétation. Il faut se rapporter à la description de celle-ci dans un paragraphe précédent pour admirer sa structure nettoyée par le CFA de Furiani.
Notre description architecturale de l'aqueduc s'achève sur un monument en cours de restauration. Nos observation se sont déroulées sur les années 2005 à 2008 et on peut constater sur les différentes photos les transformations intervenues au cours de celles-ci. Aujourd'hui la restauration totale de l'Aqueduc de la Forge, par les stagiaires du Centre de Formation de Furiani, doit être achevée. Nous développeront dans un autre paragraphe, quelques unes de leurs interventions de reconstitution et d'embellissement des arches qu'ils ont réalisées sur ce magnififique monument, durant toutes ces années.
OBSERVATIONS SUR LA CONSTRUCTION DE L'AQUEDUC DE LA FORGE
La Mise en Oeuvre des Matériaux dans la Maçonnerie de l'Aqueduc
Les Pierres Locales : Taille et Usage
La taille des pierres, notamment celles entrant dans la construction des arches, se résume à quelques coups d’outils pour équarrir grossièrement les dalles. Les autres ne semblent pas avoir subi un équarrissage systématique. Il s’agit plus vraisemblablement d’un choix de calibrage comme le laisse penser la nature des pierres entrant dans la construction du spécus.
A cette forme d’approvisionnement s’ajoutaient les blocs naturels qui étaient utilisés où cela était nécessaire sans qu’un emplacement défini à l’avance soit prévu.
Il est probable qu’un tri était effectué soit à la carrière soit sur le chantier. Une taille d’affinage devait avoir lieu sur place avant la pose, principalement pour les pierres entrant dans la construction des culées, des arases et des arches.
Il semble toutefois que cet affinage n’ait pas été réalisé sur tous les exemplaires de même nature entrant dans l‘architecture de l’aqueduc. Si l’on observe de plus près les éléments d’architecture on remarquera sans peine l’imprécision générale du travail. Si pour certains travaux délicats on utilisa des spécialistes de la taille et de la pose, on perçoit à d’autres moments une nette différence dans la construction du monument, ce qui laisse supposer l’emploi d’une main d’œuvre de base peu qualifiée. Peut être sommes nous en présence de travaux effectués par plusieurs équipes ou de restaurations grossières de l’aqueduc qui furent réalisées par des ouvriers inexpérimentés ou mal encadrés. Il suffit de regarder le monument pour percevoir toutes les irrégularités et inégalités dans la qualité du travail.
Les Bois de Coffrage et les Gabarits
Pour obtenir les gabarits de voûte, il fut indispensable de se fournir en bois pour construire ces derniers. La forêt de résineux et de chataîgniers, installée sur les contrforts montagneux tout proche, fournit varisemblablement, les planches et madriers qui entrèrent dans la confection des gabarits des voûtes et dans l'édification des échaffaudages.
La Construction des Piles
De l’examen qui a pu être effectué sur les parties visibles du monument, se dégage une anticonformité dans leur mode de construction.
Nous avons pu établir une classification monumentale de la diffusion des piles. Cette méthode de répartition ne peut être que provisoire car elle ne repose que sur les quelques éléments visibles. S’il se dégage un module prédominant, il apparaît une certaine diversité anarchique que n’expliquent pas entièrement les contraintes géologiques.
Cette classification regroupe cinq familles. Une renferme une situation semble-t-il générale, trois autres sont des cas particuliers, voir exceptionnels et la dernière répond à une situation précise en milieu sensible, le lit de l’Acqua Bona.
Tout d’abord il semble que chaque pile repose sur une fondation qui affleure le sol que l’on peut nettement observer au dessus de celui-ci. Dans les vestiges restaurés, celle-ci tant à disparaître entièrement. Celles qui subsistent montrent un appareil assez régulier. Les culées sont solidement ancrées au sol. Il semble qu’une taille d’affinage fut donnée aux grands blocs. Les autres pierres formant l’assise ont été utilisées en l’état, mais en tenant compte d’un certain calibrage.
Nos observations des substructions visibles nous permettent d’établir une première classification temporaire des modes d’élévation des piles et de l’assise des culées.
Catégorie N°1 Pile sans culée ou culée ruinée
Catégorie N°2 Pile avec ou sans culée, tordue
Catégorie N°3 Pile avec ou sans culée, dotée de tenons
Catégorie N°4 Pile avec culée et arase
Catégorie N°5 Pile avec culée en forme d’étrave ou bec
La Construction des Arches
Les arches comme les murs et les parapets du canal ont la même largeur hors tout, 0,90m. Elles sont massives et montrent une continuité dans l’élévation. Il ne se dégage aucun étage architectural en dehors des arches 2 à 6. Le remplissage, qui s’appuie sur les arches, présente une certaine homogénéité malgré un mélange de gros blocs et de pierres plus petites. Cependant, la limite entre les murs et les parapets du canal est quelquefois marquée par une ligne horizontale de pierres plates, de petits moellons ou de galets. La solidité de ce montage est assurée avec un petit appareillage servant de blocage. Les pierres des parapets ont été sélectionnées en fonction de l’épaisseur de ces murets qui bordent le canal d’écoulement. Il semble qu’un badigeonnage grossier constitué d’un mélange de sable et de chaux grise ait recouvert les faces.
La Structure du Canal de l'Aqueduc
La structure du canal est assez classique. Les piédroits sont dressés avec des pierres qui lorsqu’elles ne sont pas équarries ont été sélectionnées d’après un calibrage épousant l’épaisseur des murets. Mais souvent le montage est réalisé avec des pierres quelconques, ajustées et posées proprement. Les piédroits s’élevaient sur cette assise propre et stable comme il est possible de l’observer sur le terrain. La base du canal repose sur un lit de pierres brutes, liées au mortier. Il semble qu’un lit de pierres plates ou de lauzes grises, d’égale épaisseur ait été posé sur toute la largeur de l’aqueduc.
Un détail d’importance nous interpelle et il concerne la protection du courant d’eau. Nous n’avons aperçu aucune trace de couverture du canal. Ce fait nous paraît étrange, les dalles de couverture ont-elles pillées ou l’ouvrage était-il à ciel ouvert ? Ce fait est étonnant car sur d’autres monuments identiques de Costa Verde que nous avons étudiés, nous avons pu constater la présence de dalles recouvrant les conduits d’aqueduc. Nous pensons que ces dalles ont été récupérées pour servir à la construction des maisons locales ou des murs de clôture de parcelles.
ELENA FORESTI - CARACTERISATION MINERALO-PETROGRAPHIQUE DES CONSTITUANTS APPARTENANT AU CONTEXTE HISTORIQUE ET ARCHEOLOGIQUE DE L’AQUEDUCS DE LA FORGE EN COSTA VERDE (CORSE) - THESE PAR : ELENA GINEVRA FORESTI - ANNEE ACADEMIQUE 2009-2010
Introduction
Pour finaliser les recherches sur l'Aqueduc de la Forge, il nous fallait analyser les composants entrant dans sa construction. Pour cela nous avons invité Mlle Eléna Foresti à se joindre à l'équipe de recherche sur l'étude du monument. Ce dernier devint l'objet de la thèse de son doctorat et nous avons utilisé ses compétences et celles de l'Université de Parme, en Italie, pour compléter notre information sur le matériaux qui entraient dans l'assemblage de l'ouvrage. Ce sont quelques extraits sur la nature de ses travaux que nous reproduisons dans notre exposé.
Caractéristiques Minéralogiques et Pétrographiques : Les Liants – Mortiers – Chaux Hydraulique – Granulats – Eau
Les Mortiers
Les mortiers ont été un matériau largement utilisé au cours des siècles. La motivation doit être recherchée dans les caractéristiques particulières que ce matériau a une facilité particulière de réalisation et d’application et une économie marquée. En outre, les différentes étapes de la production n’ont même pas eu besoin d’outils de travail très spécialisés. Le mortier est en fait un mélange composé de liant, d’agrégats et d’eau qui forme un mélange de consistance plastique capable de convertir, par des réactions chimiques irréversibles, en un produit de consistance litoïde avec une résistance mécanique adéquate et l’adhérence aux surfaces avec lesquelles il entre en contact.
Cette production est souvent considérée comme l’un des membres les plus simples du feu et le moins exigeant en ce qui concerne la structure de l’usine. Jusqu’à présent, la production de chaux est, parmi les activités pyrotechnologiques, la moins étudiée, malgré le fait que le produit final est présent dans presque tous les bâtiments de l’époque historique. Pour l’étude de ces priorités est donné aux aspects considérés comme les plus importants, tels que les architecturaux ou ceux liés à l’utilisation d’autres matériaux. Cependant, la chaux est également une source d’intérêt parce qu’elle est presque toujours disponible. Les études que nous avons réalisées sont liées à l’origine des matières premières, en comparant les échantillons de chaux provenant de bâtiments de haute qualité les comparant les uns aux autres et avec les caractéristiques géolitologiques régionales
Les mortiers sont un produit artificiel fabriqué par l’homme depuis l’Antiquité en utilisant des matériaux naturels. Dans la littérature, nous trouvons des descriptions de la technique de production: parmi les traités anciens, le premier à considérer ce sujet a été Cato à De Agricola (160 av. J.-C.C.), dans lequel il décrit le fonctionnement d’un four pour la production de chaux; l’œuvre la plus complète liée à l’art de construire est la De Architectura de Vitrvius (1er siècle av. J.-C..C.) et plus particulièrement dans le livre II, nous trouvons la description des divers matériaux utilisés dans la construction, y compris ceux qui rivalisent pour l’emballage des mortiers; il suit le travail de Pline l’Ancien (23-79.C après J.-C.), le Naturalis Historia, qui contribuera également à la diffusion des connaissances dans le domaine du bâtiment. L’iconographie est rare et limitée à des périodes plus récentes.
Un « Document Uni 10924 » (2001) définit le mortier comme un mélange de liants inorganiques ou organiques, principalement des agrégats fins, de l’eau et tout ajout d’additifs organiques et/ou inorganiques (ou mélange de liant et d’eau seulement) dans des proportions telles que donner à la pâte, à l’état frais une maniabilité appropriée et, à l’état durci, des caractéristiques physiques adéquates (porosité, perméabilité de l’eau, etc.), mécaniques (résistance, déformabilité, adhérence, etc.), apparence, durabilité, etc. Il y a une grande variété de mortiers et donc une classification spécifique des différents types doit être faite, basée sur l’environement de localisation, la fonction et la composition.
Les composants d’un mortier sont :
- Liants organiques ou inorganiques,
- Agrégats principalement fins,
- Eau - Tout additif organique et / ou inorganique.
Les liants sont des matériaux qui pétrit avec de l’eau forment des masses en plastique qui durcissent pour donner naissance à un composé unique avec compacité et capable de résister aux contraintes mécaniques et aux intempéries. Les liants sont également appelés matériaux litoïdes car ils dérivent de matériaux lithiques. Ils sont généralement obtenus en cuisinant des roches sédimentaires ou métamorphiques. La classification de ceux-ci est basée sur leur caractéristique de durcissement de la pâte dans l’air ou en contact avec l’eau, d’où la distinction entre les liants aériens et les liants hydrauliques.
Grâce aux résultats obtenus par la numérisation de microscopes électroniques ou d’analyses SEM, nous avons pu déterminer la composition chimique des liants des mortiers échantillonnés. Les résultats nous ont montré qu’il s’agit tous de mortiers hydrauliques, ce qui signifie que des liants hydrauliques ont été utilisés pour leur réalisation. Les liants hydrauliques peuvent durcir dans des environnements très humides et même sous l’eau car ils ont certaines caractéristiques appelées hydrauliques. La matière première utilisée est constituée de roches calcaires calcaires qui contiennent un pourcentage d’argile variant entre 6% et 20%. Cette composition permet la formation, à des températures de cuisson autour de 900-1100°C, de silicates réactifs et d’aluminates de calcium avec de l’eau capable de fournir des caractéristiques hydrauliques. Ces caractéristiques sont fonction de la quantité de minéraux argileux présents dans la roche. La teneur hydraulique est basée sur la quantité de composants constituant la matière première et est définie comme un indice hydraulique I, exprimé dans le pourcentage par rapport aux oxydes présents :
L’indice représente la capacité d’un mortier liant hydraulique à saisir et durcir dans un délai plus ou moins long et à conserver les propriétés de résistance même dans un environnement humide ou submergé. Les chocs hydrauliques sont distingués selon la classification suivante :
Indice de chaux de l’hydraulique - % argile - Temps d’adhérence
Faiblement hydraulique : 0,10-0,16 – 5- 8 – 15-30 jours
Hydraulique moyen : 0,16-0,31 – 8-15 – 7-11 jours
Propre hydrauliquement : 0.31-0.42 – 15-19 – 4-7 jours
Éminemment hydraulique : 0.42 - 0.50 – 19-22 – 4 jours
Limite choc : 0.50-0.65 – 22-27 – 4 jours
La Chaux Hydraulique
La chaux hydraulique produite avant le XIXe siècle avait des compositions extrêmement variables selon les différents types de roches utilisés pour sa réalisation; les caractéristiques hydrauliques variaient entre celles d’une chaux faiblement hydraulique et celles d’une chaux hydraulique moyenne en raison des basses températures de cuisson (850-900°C) atteintes par les fours. Nos échantillons appartiennent à ces catégories. Cuisson Calcination se produit dans le four augmentant progressivement la température. Les fours utilisés dans le passé ont été appelés fonctionnement périodique ou par intermittence, fabriqués près du lieu d’utilisation de la chaux. Ils n’étaient pas des structures fixes ou même très efficaces et, en raison de la perte de chaleur, ils ont pris beaucoup de temps à cuisiner en plus d’une large utilisation de la main-d’œuvre. L’ensemble du processus a duré quelques jours aussi parce que la chaux a été extraite après refroidissement.
Les documents des différentes périodes historiques montrent comment les typologies ont variée localement dans la forme, la taille et les matériaux, mais toutes basées sur un processus similaire. Après une première perte d’eau hygroscopique par évaporation à 100°C, elle est portée à 400-500°C afin d’obtenir une déshydratation partielle et une décomposition des argiles; à 850-900°C, la décomposition du carbonate de calcium dans Ca0 et du CO2 à 900°C se produit la réaction entre CaO libéré du carbonate et SiO2 présent à l’origine dans l’argile avec la formation de carbonate bicalcic 2CaO SiO2. La formation de l’aluminate tricalique 3CaO Al2O se produit à des températures autour de 1100°C qui, dans nos échantillons, n’ont pas été trouvées puisque des températures aussi élevées étaient impossibles à atteindre dans les fours médiévaux tardifs. Les réactions de formation des composés hydrauliques sont lentes parce qu’elles se produisent toutes à l’état solide. Après la cuisson, la prochaine opération est d’éteindre. La technique la plus utilisée dans le passé est définie comme une technique d’arrosage et implique le placement de la chaux vive dans des récipients appelés bagnoli où elle est pétrie avec une plus grande quantité d’eau que la stoichiométrique afin d’obtenir le produit hydraté. Beaucoup d’eau est utilisée à la fois parce qu’elle s’évapore en raison de l’exothermicité de la réaction, et parce qu’une partie de celui-ci reste comme eau libre sous forme de film autour des particules Ca(OH)2. L’hydratation de la chaux vive entraîne une augmentation du volume (2 ou 3 fois le volume initial). Cette opération doit être effectuée avec une extrême prudence car une mauvaise dose d’eau peut conduire, si insuffisante, à des renflements et des fractures après l’installation, si elle est excessive, une adhérence prématurée et le durcissement du liant. Les temps d’extinction varient en fonction de la quantité de minéraux argileux présents et de la température de calcination; Les chocs hydrauliques faibles et moyens sont rapidement éteints par la teneur plus élevée en chaux vive, plus sensibles à l’hydratation et les températures de cuisson plus basses.
Les Agrégats
L’agrégat, souvent appelé inerte, représente la fraction composée de minéraux simples, de fragments de roche, etc. de mortier. Récemment, il a été démontré que des réactions peuvent se produire entre le liant et certains types d’agrégats et il est donc préférable d’utiliser le terme agrégat plutôt qu’inerte. Selon UNI 10924 (2001), il est défini comme une composante d’un mortier et distinct, selon son origine, dans l’agrégat composé de sable, de roches concassées, de matériaux naturels au comportement pozzolanique, de matériaux artificiels au comportement pozzolanique et de fragments de mortiers durcis. La fonction essentielle de l’agrégat est de prévenir les fractures et les fissures dans la phase d’adhérence et de durcissement. Il est en effet capable de contrer le retrait du liant d’une manière homogène, en raison de l’évaporation de l’eau utilisée dans la pâte et de la production d’une nouvelle structure cristalline, et empêche les tensions dérivées des contractions de s’additionner et donc de provoquer des fissures et des désintégrations entre les cristaux. Le type d’agrégat est choisi en fonction de caractéristiques techniques, esthétiques et économiques. . Les exigences essentielles sont : une bonne résistance mécanique, une faible porosité, une taille correcte des particules, l’absence d’argile, de sels et de substances organiques. Ses caractéristiques sont liées à sa composition minéralogique et chimique, au type de traitement ou à l’altération subie. Au cours de l’échantillonnage, les sables des cours d’eau (Canapajo, Petrignani et Acqua Bona) ont été prélevés près des structures afin de déterminer si la composition du mortier était compatible avec elles. Leur lithologie correspond aux agrégats présents dans nos échantillons. Ce sont aussi des sables de silice qui sont considérés comme les meilleurs. Ils ont une taille variable de particules, du plus fin au plus grossier.
Basé sur la taille des particules, nous avons plusieurs classes:
Nom d’agrégat naturel - Diamètres de trou levés (mm)
Gravier grossier : 200 – 40,
Gravier : 40 – 8,
Gravier : 8 – 5,
Sable grossier :4 – 1,00,
Sable fin :1,00 – 0,50,
sable Ultrafine :0,50 – 0,063
Dans la structure architecturale analysée, il existe deux types de mortiers : le premier se compose de gros agrégats identifiables sous forme de gravier, placés entre une roche et une autre, comme mortier de literie; le second, d’autre part, couvre le conduit d’aqueduc et a des agrégats avec la taille de particules ultrafines. La composition chimique de ces mortiers et la taille des particules des agrégats coïncident avec les sables des rivières échantillonnées et montrent donc comment la matière première a été trouvée sur place; les sables échantillonnés montrent comment ceux-ci ont été pris in situ et tamisés afin de produire deux mortiers avec la même composition, mais avec une apparence différente à des fins différentes.
Les caractéristiques d’un mortier Les principales caractéristiques auxquelles il est nécessaire de se référer pour la préparation d’un mortier sont les suivantes :
- Forme,
- Taille,
- Caractéristiques de surface,
- Porosité,
- Humidité,
- Composition.
Nous considérerons d’abord le mortier de fixation : la forme des agrégats est irrégulière, arrondie, partiellement lissée par frottement, mais aussi avec des bords tranchants; il est également aplati et souvent allongé car il s’agit principalement de roches de schiste,arrondis parce qu’ils sont partiellement lissés par frottement, mais aussi avec des bords tranchants; il est également aplati et souvent allongé car il s’agit principalement de roches de schiste. Sa taille est grande car il passe par un spectre avec des mailles d’ouverture supérieures à 4 mm. L’agrégat est bien assorti, c’est-à-dire avec des granules fins et grands, ce qui aide à former un squelette agrégé avec une teneur en vide relativement faible; ces vides sont comblés par le liant. La distribution de la taille des particules de l’agrégat implique l’utilisation de tamis avec des ouvertures différentes, à la fois pendant la construction et dans la phase de détermination. On peut parler de mortiers maigres dans lesquels les agrégats plus fins sont disposés entre les espaces vides des granules plus grands.
La texture de surface montre l’adhérence avec le lien et la quantité nécessaire pour la pâte : celle de ces mortiers peut être considérée comme ridée. La porosité dépend de la porosité des roches dont elle est composée. Le schiste et le marmi ne sont généralement pas très poreux de 1% à 2,5% ou, souvent, très compacts de 0,1% à 1%. Le mortier utilisé pour le conduit montre des agrégats arrondis et aplatis. La taille est ultrafine; ces dimensions sont obtenues grâce à l’utilisation de tamis qui ont séparé les composants fins des composants grossiers. Ce type de mortier a également une nature maigre car il ya un excellent emballage entre les granules. Le tissage de surface est cette fois lisse pour faciliter l’écoulement de l’eau. Pour la porosité, s’applique le discours précédemment donné, soit la même composition pétrographique. L’humidité de l’agrégat est définie comme la teneur en pourcentage de l’eau présente par rapport à la masse sèche. Sa composition est importante pour comprendre la nature et les caractéristiques mécaniques. En comparant les agrégats de calcaire et de silice, les résistances manifestées par les mortiers avec les agrégats de silice dépassent de loin celles des agrégats calcaires. Il est également rentable d’utiliser des agrégats facilement disponibles et non loin des installations de production.
L'Eau
Les caractéristiques de l’eau qui conditionne le résultat final du mortier après la préparation sont la qualité, la quantité et la température. L’eau de pâte ne doit pas interférer avec les processus d’adhérence et de durcissement du liant, elle ne doit pas affecter la force mécanique de l’agrégat ou causer des efflorescences ou des taches à la surface de l’artefact. L’eau utilisée dans le passé était certainement adaptée à la production de mortier : la meilleure était l’eau de pluie recueillie dans les réservoirs, après la décantation de la poussière atmosphérique. La température est un autre paramètre important qui affecte le temps d’adhérence du mortier. L’eau chaude accélère l’adhérence, et pendant la saison froide, elle est souvent chauffée pour empêcher les mortiers d’être affectés par le gel avant de prendre l’augmentation du volume due à la formation de glace dans les interstices. La quantité devrait être la quantité minimale suffisante pour donner naissance à une pâte homogène et plastique. La quantité dépend également de la qualité du liant et de la dose globale utilisée dans la pâte. Les règles traditionnelles utilisées sont d’ajouter progressivement l’eau versée sur le liant et le sable, en remuant de sorte que le mélange ne soit pas trop fluide, mais homogène et sans grumeaux.
Pour les mortiers hydrauliques à chaux utilisés dans le bassin méditerranéen dans le passé, des valeurs de densité apparentes de 1,7 à 2,1 g/cm3 sont signalées, une porosité totale de 18 à 40 %, un rayon poreux moyen de 0,1 à 3,5 μ{m, une surface spécifique de 2,5 à 13,5 m2/g, une résistance à la tensile de 0,35 à 0,55 MPa.
Analyse des Echantillons de Mortier
Les instruments utilisés pour l’analyse du mortier étaient : le stéréomicroscope, le microscope à lumière transmise et le microscope électronique à balayage (SEM). En photographiant au stéréomicroscope, nous avons pu observer la morphologie du mortier, la taille approximative de l’agrégat et l’homogénéité ou l’hétérogénéité du mortier lui-même. Il a aidé à définir la taille des particules et les caractéristiques macroscopiques morphologiques du mortier. Sous un microscope optique, nous avons observé la nature lithologique des agrégats. La microscopie électronique à balayage a permis de connaître la composition chimique du liant, déterminant son hydraulique. Données obtenues à partir de l’analyse en microscopie SAMPLE A02. Il s’agit d’un mortier de l’Aqueduc Forge dont les ingrédients proviennent du ruisseau Acqua Bona.
Conclusion
Les analyses effectuées sur les roches prélevées sur l’aqueduc de la Forge montrent, grâce également à la comparaison avec la carte géologique, que la plupart d’entre elles ont été abandonnées in situ, en profitant des caractéristiques naturelles de la roche, dans les zones proches du site de construction de l’aqueduc. La partie restante se compose de cailloux choisis et prélevés dans le lit de la rivière Petrignani. Parmi les broyeurs, il existe des preuves irréfutables, démontrées par la lithologie et les traces trouvées dans le champ, qu’ils ont été extraits des roches constituant le lit du ruisseau le long duquel les structures ont été construites.
Les mortiers des deux aqueducs indiquent qu’ils ont été fabriqués avec le sable présent in situ et qu’ils sont tous des mortiers du même type hydraulique, ce qui permet de dire que ceux qui ont construit l’aqueduc connaissaient la fonction de ce mortier et l’appliquaient correctement. On peut émettre l’hypothèse que les mortiers ont été fabriqués avec la même technique et par la même équipe d’ouvriers, ce qui pourrait être un autre élément de confirmation de la contemporanéité des deux structures. Notez également le soin pris dans la fabrication des mortiers eux-mêmes avec l’utilisation de différentes tailles de grain du sable à des fins différentes. Soit une utilisation de sable de la taille de particules fines pour le mortier de la doublure du conduit et d’un sable grossier dans la pâte du mortier utilisé pour construire les piédroits.
La Recherche des Fours à Chaux nécessaire à la construction des aqueducs de Forges et moulins
L'emploi de la chaux hydraulique fut un élément essentiel entrant dans la construction des multiples ouvrage de rivières(Forges, aqueducs, moulins et enduits)inventoriés par le GRAHT au cours de ces années de recherches et d'études. Nous avons pu identifier à de nolmbreuses l'emploi de ce matériaux pour batir les bâtiments, mais aussi les murets des aqueducs et les cnalettes des conduits d'aqueducs. Afin de faciliter la circulation de l'eau, les spécus des aqueducs avaient leurs parois et leurs lits enduits d'une couche de ciment à la chaux hydraulique très fin. Après avoir constaté cette particularité, nous devions rechercher l'origine de la production de chaux hydraulique dans une zone géographique où la carte géologique indiquait un terrain calcaire nécessaire à la production de chaux. Nous avons parcouru la région afin de retrouver les anciens fours qui se chargeaient de cette fabrication. Malheureusement nos investigations sont restées sans succès. Nous n'avons pu relever l'emplacement de ces anciens établissements artisanaux. L'utilisation du cadastre napoléonien de 1868 des différentes communes de Costa Verde, même s'il nous indiquait les lieux suceptibles de renfermer encore des informations qui pouvaient nous être utiles sur le terrain, se résuma à un échec. Nous n'avons repertorié aucun vestiges de ces anciens fours, ni retrouvé la moindre trace de l'un d'eux sur le terrain. Il ne nous reste que le résultat des travaux du géomètre du XIXe siècle, qui les a matérialisés sur ces feuilles cadastrales. Il semble que seule la commune de San Gioviani Di Moriani soit l'unique commune de Costa Verde où les fours à Chaux ont fonctionné.
L'AQUEDUC DE LA FORGE DANS SON PARCOURS URBAIN
Les Vestiges Urbains de l'Aqueduc, de la Propriété de M. Biolchini à la Forge de Padulela, à Moriani
La Dernière Arche de l’Aqueduc de la Forge
Cette arche resta masquée lors de nos précédentes investigations. Nous l’avons découverte lorsque Mr Biolchini nous a aimablement autorisé à pénétrer sur sa propriété pour observer cette dernière de plus près.
Cette arche concerne celle dont la pile a sa culée en forme de bec aigu assise dans le lit de l’Aqua Bona. En 2005 et 2006 nous l’avions aperçu faiblement sans pouvoir l’observer précisément. En 2007, dégagée des broussailles qui l’encombraient nous avons retrouvé la seconde pile qui se limite à un embryon de pile recevant l’arc de la voûte. En effet, à partir de ce point, l’aqueduc constitué d’arcade se transforme en canalette.
La Canalette de la propriété de Mr Antoine Biolchini
A son accostage sur la propriété de Mr Biolchini, les coordonnées Lambert des points principaux, sont les suivantes.
Coteau de Ercate : Origine de la canalette sur la propriété de M. Biolchini
X = 542,675 Y = 4961,775
A cet endroit, l’aqueduc reprend sa forme de « canalette » dès sa pénétration à l’intérieur de la propriété. A la sortie de celle-ci, il poursuit son cheminement en direction de la ville, mais il perd rapidement sa physionomie d’origine pour se transformer en fossé jusqu’à la Forge de Moriani.
Point de sortie de la canalette de la Propriété de Mr Biolchini :
X = 542,750 Y = 4961,800
Point présumé de la Forge de Moriani :
X = 543,200 Y = 4961,625
La dernière partie de l’aqueduc qui pénètre par l’intermédiaire de la propriété Biolchini, dans la zone urbaine de Moriani se divise en deux sections.
Le premier tronçon traverse dans la longueur les parcelles, sur une distance d’environ cent mètres.
La seconde section qui a perdu son apparence d’origine, longe la route départementale N°34 de Moriani Plage à Santa Reparata. Le tracé est encore visible par endroit, mais il s’estompe peu à peu, pour se perdre dans le quartier de Distindino, où il disparaît définitivement. La Forge de Padulela se positionnait entre le ravin de Distindino et l’ancienne voie ferrée.
Les eaux de l’aqueduc après leur usage, étaient probablement restituées naturellement à la rivière Petrignani, par l’intermédiaire du ravin de Distindino. Cette section dont il ne subsiste que peu d’éléments, avait une longueur d’environ 550m. Dans son parcours urbain, l’ouvrage déroulait son long ruban aquatique sur environ 650m.
Le découpage cadastral de la banlieue de Moriani et de la cité nous permet d’obtenir une meilleure vision du profil de l’aqueduc en milieu urbain et une connaissance précise de son cheminement en direction de la forge. Le cadastre des parcelles traversées par l’Aqueduc de la Forge fut un outil de travail inestimable. Il regorge d’informations sur le monument. Il fait ressortir une foule de renseignements qui figurent sur l’ancien cadastre napoléonien et qui restituent des portions d’aqueducs, aujourd’hui disparues, dans la zone urbaine de son écoulement.
Les points remarquables de l’ouvrage hydraulique qui seront décrits dans notre présente étude s’inscrivent dans la dernière partie terrestre et urbaine de la commune de Moriani.
- La pénétration de l’aqueduc, sur la propriété de Mr Biolchini, constitue à partir de ce lieu, l’espace urbain dans lequel va développer le long ruban du conduit de la canalette. Les parcelles intéressées sont cadastrées en Section A, parcelles N°42a et 1168a.
- La propriété de Mr Biolchini, commencement de la progression urbaine de l’aqueduc dans la cité balnéaire de Moriani, connaîtra la dernière modification de l’ouvrage. Elle conservera jusqu’à la Forge, son apparence de canalette.
Les parcelles intéressées par l’emprise de la canalisation sont inscrites sur la Section A, feuille N° 1, dite Moriani-Plage de la commune de San Nicolao.
Son parcours urbain se divise en trois catégories :
- Un premier tronçon enfoui sur un peu plus d’un tiers de la propriété,
- Un second visible sous la forme d’une canalette,
- Une dernière partie composée des ruines du muret parapet de la canalette et d’une levée de terre percée d’effondrements intermittents rappelant le profil du monument.
- Le tronçon enfoui de la première section, a été incorporé à même le sol, dans les fondations de la terrasse, construite devant un bâtiment orienté au sud.
- Le second le plus important et le mieux conservé évoque un mur de soutènement des terres. Il sépare les deux parcelles traversées par la canalisation dont l’une est surbaissée par rapport à l’autre.
Le conduit a été comblé à une époque très ancienne sur une majeure partie de son tracé. Toutefois, en divers endroits, notamment près d’un petit abri de jardin, on aperçoit encore le canal de l’aqueduc. La construction présente d’un côté un muret de hauteur modeste, et de l’autre un mur haut de 1,35m. La largeur du monument se situe entre 0,90m et 1m. Elle se décompose ainsi :
- Epaisseur des deux murets : 25cm X 2, soit 0.50m
- Largeur du lit de la canalette : 0,50m
La profondeur n’a pas pu être déterminée.
A l’extrémité de la propriété l’aqueduc ruiné ne présente plus d’intérêt scientifique.
- Au-delà de la limite du domaine, la canalette disparaît et il ne reste de visible de sa structure qu’un fossé qui longe le chemin départemental N°34 de Moriani-Plage à Santa Reparata, délimitant les parcelles N°48 et N°49.
- Au dehors de cette distance, le fossé s’écarte de la route et les derniers vestiges de l’Aqueduc de la Forge disparaissent semble t’il définitivement du paysage archéologique. Il a été englouti par l’urbanisation de la commune. Les nouvelles cités et constructions possèdent probablement sans le savoir, les vestiges de ce passé enfoui sous le sol de leur maison ou de leur jardin. Nous n’avons pu reconnaître les parcelles privées concernées par le tracé de l’aqueduc en zone urbaine.
- Nous devons à l’amabilité de Mme Marie-Thérèse Olivesi, Maire de San Nicolao, de nous avoir communiqué et confirmé ce que nous supposions, l’emplacement de la Forge qui s’élevait à l’emplacement des parcelles N°1404 de la Section A Feuille N°1 et N°1410 de la Section A Feuille N°2.
- L’identification de l’emplacement de la forge achève définitivement nos investigations dans la zone urbaine de Moriani. Nous avons repéré avec certitude et grâce à sa transcription sur le cadastre actuel, le tracé de l’Aqueduc de la Forge en ville. Nous avons pu reconnaître sur le terrain dans leur totalité, les vestiges historiques encore conservés, malgré les siècles passés.
OBSERVATION SUR LA CONSTRUCTION DE L'AQUEDUC DE LA FORGE DE PADULELA
L'Aqueduc de la Forge, un Ouvrage de Semi-Montagne et de Plaine
L’étude de l’Aqueduc de la Forge qui se déroula sur plusieurs années, nous a dévoilé petit à petit les différentes facettes de ce monument complexe, mais oh combien intéressant.
Reconnu sur plus d’un kilomètre de long, nous l’avons observé dans ses parcours en plaine et zone semi-montagneuse. La Forge de Moriani devait probablement détenir un rôle économique et militaire de premier ordre. La longueur, l’architecture et le coût d’un tel monument sont certainement proportionnels à l’intérêt stratégique qu’il représentait.
Dans notre périple semi-montagnard, nous avons relevé la trace de plusieurs conduits d’aqueduc alimentant de nombreux moulins. Leurs tracés tortillards épousent les méandres du fleuve. Parfois ils longent le lit du cours d’eau, légèrement au dessus du niveau de l’eau et à d’autres moments ils le surplombent à six ou sept mètres de hauteur, voire plus.
Les méthodes de construction divergent également. Nous avons rencontré le plus souvent une construction en dur, dressée à l’aide de galets de rivière, puis à d’autres moments un tracé en tranchée creusé dans la roche des falaises.
Chaque point particulier de l’Aqueduc de la Forge, ainsi que les nombreux ouvrages hydrauliques exhumés, ont fait l’objet d’une étude monumentale spécifique, et nous pouvons annoncer que celle-ci revêt un intérêt scientifique sans précédent pour l’histoire de la Costa Verde.
L’Eau, une énergie nouvelle dès le XVIe siècle,
en Corse
Dès les temps les plus reculés, l’eau joua un rôle essentiel dans la vie de l’homme. Outre sa consommation, elle lui apportait une nourriture variée, produit de la pêche ou de la chasse. Ce n’est qu’à l’époque gallo-romaine que la domestication de l’eau va entraîner une véritable révolution et une transformation de la société. Son exploitation à grande échelle, distribution et alimentation en eau des cités, bains, thermes des centres thermaux ou privés, puis construction de moulins, va connaître son apogée
Dans l’Italie du XVe siècle, deux inventeurs/ingénieurs ont étudié les modes de fonctionnement d’une roue hydraulique horizontale.
Francesco di Giorgio (1439-1502) nous a laissé un croquis de projet de turbine créé en 1475, pour le duc de Gênes à Turin.
L’ingénieur Strada de Rosberg à la fin du XVe siècle a dessiné le plan d’un moulin et fait apparaître les systèmes de captage de l’eau en montagne, le stockage de l’eau, l’alimentation des roues hydrauliques sous l’action de la force motrice de l’élément liquide.
Mais parmi tous les documents compulsés et les sites visités, un lieu en particulier a retenu toute notre attention car il comporte d’étranges similitudes avec l’Aqueduc de la Forge, tout au moins dans son système de captage et d’acheminement de l’eau au moulin.
Il s’agit de la meunerie hydraulique de Barbegal dans les Bouches du Rhône près de Fontvieille. Cette meunerie, la plus importante du monde romain entre le IIIe et le Ve siècle de notre ère, était alimentée par un aqueduc semblable au modèle génois de l’Aqueduc de la Forge à Moriani.
Comme nous pouvons le constater, l’eau depuis la colonisation romaine, constitue dans l’économie d’une région ou d’un pays, lorsque l'on exploite son potentiel énergétique, une véritable une source d'énergie domestique journalière, quelles que soit les époques historiques.
L’Aqueduc de la Forge « Ercate » - Une économie Régionale basée sur la Force Motrice de l’Eau
La poursuite des recherches sur le cours du Petrignani/Canapajo confirma les soupçons que nous entretenions à l’égard de cette rivière qui joua un rôle de première importance dans l’économie rurale et industrielle de Costa Verde.
A partir du Pont de Santa Lucia Di Moriani jusqu’au Pont de l’Enfer nos observations nous ont révélé les différents aspects de l’architecture monumentale de ces ouvrages hydrauliques de montagne.
Au Pont du Petrignani à Santa Lucia Di Moriani :
- Vestiges d’un pont génois incorporé dans la construction du pont moderne du XXe siècle associé à un projet de contrôle et de domestication de l’eau pour alimenter l’aqueduc d’une forge.
- Une digue sous-marine pour canaliser les eaux du confluent du Fiumicello et du Pétrignani vers le point de captage des eaux de l’aqueduc de la Forge
- Le point de captage des eaux des eaux de l’aqueduc
Dans le cours supérieur de Canapajo/Petrignani, nous avons recensé de nombreux vestiges de conduits d’aqueducs mais aussi :
- Onze moulins, possédant leur propre canal d’alimentation en eau.
- Des vestiges de conduits d’aqueducs dont certains en l’état d’origine.
- Sur les rochers, les traces de piquetage et de mortier correspondant à la structure d’une canalette.
- Plusieurs sites de fabrication de meules de moulins à même la rivière.
- Les traces des ancrages d’un pont traversant la rivière, donnant accès à un moulin.
Certains de ces moulins conservent encore aujourd’hui, leur canal d’amenée des eaux, le conduit d’alimentation la trompe presque verticale et sa bouche d’éjection, les meules et les voûtes d’évacuation.
A ce jour, nos recherches montrent que onze moulins étaient alimentés en eau par le cours Canapajo/Petrignani. Il régnait autour de cette rivière et de ces moulins toute une activité artisanale et probablement commerciale, comme les meulières mais aussi le transport de la farine et des meules vers la vallée, les villes et les ports.
Les colporteurs, bergers et autres intervenants de l’économie rurale empruntaient les chemins qui desservaient les hameaux montagnards. Il semble que la zone montagneuse renfermait principalement cette activité rurale et agricole alors que dans la plaine se développait principalement l’exploitation industrielle où l’énergie hydraulique servait à faire fonctionner marteaux et turbines de la Forge de Moriani. Il est probable également que cette activité servait les intérêts militaires de la République de Gênes.
Recherches sur les Activités industrielles et commerciales en relation avec la Forge de Padulela
L’Exploitation Minière Corse
Attesté depuis l’antiquité comme nous l’avons observé au musée d’Aléria, il existait une tradition ancienne d’exploitation minière en Corse. Il semble que son développement ne se soit véritablement manifesté qu’à la fin du XVIème siècle, période ou l’on est passé du stade de « collecte » au stade d’exploitation proprement dit. La Forge de Moriani montre le passage à cette nouvelle ère industrielle de fonctionnement des forges à bas fourneau comme celles de Negro (1520) sur le Pierragu, de Murato et Rutali installées sur le Bevinco et son affluent (1531-1631) et de Vescovato (1587).
Mais c’est au XVIIème siècle que l’on verra éclore de nouveaux établissements miniers. Les Forges de Casaconi (1632), de Venzolasca (1625), Fuimalto (1628-29), Orezza (1608), Bucatoggio amont (1615) et de Perelli (1656) montrent qu’il exista une véritable industrie et que le stade artisanal était dépassé au profit d’une activité soutenue.
Ce phénomène n’est pas unique à la Corse. Le continent à la même époque est en pleine révolution industrielle. Au XVIIe siècle, de nombreuses régions françaises voient se développer l’installation de forges auprès des rivières et à proximité des ports.
Les XVIIIème et XIXème siècles verront l’ouverture de nouveaux établissements, Chiatra (1704-1706), Casalta (1791), Bucatoggio aval (1705), Venzolasca sur le Ouerciolo (1832), et Moita (1810).
Mais la fin du XIXème siècle et les premières années du XXème sonneront le glas de cette exploitation. Les forges cesseront leur activité les unes après les autres. L’industrie sidérurgique est en pleine mutation et sur l’île comme sur le continent les forges ne peuvent rivaliser avec la concurrence des grandes usines qui utilisent la houille et des méthodes modernes de production. Les Hauts fourneaux de Toga et Porto-Vecchio ferment au cours du dernier quart du XIXème siècle.
L’importation du minerai depuis l’Ile d’Elbe et son importance
L’extraction minière quasi inexistante en Corse ne peut suffire à alimenter les forges de l’île. Il faut faire venir le minerai de l’île d’Elbe. Cette procédure durera jusqu’au milieu du XIXème siècle et un véritable trafic maritime régulier sera probablement mis en place. Nous savons que des relations maritimes suivies existaient sous Pascal Paoli avec l’île d’Elbe et que le site de Padudella en 1761 verra s’opposer ses forces aux navires génois par terre et par mer.
Il semble que les centres intérêts industriels et commerciaux faisaient l’objet d’une protection soutenue, comme le laisse supposer cet affrontement si proche de la Forge de Moriani.
Les Rotations Maritimes avec l'Ile d'Elbe
Qu’elles soient régulières ou ponctuelles, il y eut forcément avec l’île d’Elbe un trafic commercial constant. Des rotations saisonnières ou régulières alimentaient les forges périodiquement. En période de crise, notamment guerre contre les génois, ce trafic fut il interrompu, ou utilisa t’on la flottille de pêche, pour tromper l’ennemi ? Il fallait poursuivre la fabrication d’armes et de canons pour les soldats, les marins et les navires de guerre corse. Comment la sécurité des navires commerciaux était-elle assurée ? Les patrons des bateaux de pêches entrèrent-ils en guerre et épaulèrent-ils les corsaires corses à lutter contre la marine génoise ?
Un autre élément d’importance est à considérer, il s’agit du tonnage de minerai qui transita vers la Corse. Grâce aux chiffres il nous renseignerait sur la productivité des Forges et du rôle que joua celle de Moriani.
La Forge de Moriani à Padulela : Influence et Conséquences Economiques
La Forge était un vecteur local économique important. Des travailleurs y oeuvraient journellement et d’autres gravitaient autour de ce pôle de production. Ouvriers qualifiés, tacherons, paysans participaient à sa vie, à son fonctionnement et concouraient directement ou indirectement à la production, au rendement et à la qualité de celle-ci. Ils vivaient près de la forge, ou sur le domaine foncier du maître de forge. Ils assuraient l’approvisionnement quotidien de cette main d’œuvre régulière ou occasionelle, par leur activité fondamentalement liée à l’agriculture et à l’élevage. La forge devint une source de revenus complémentaires aux travaux des champs. Les paysans, les pêcheurs devenaient mouleurs ou forgerons et cette seconde profession est probablement tributaire des contraintes saisonnières et de l’activité de la forge.
Les salaires de cette masse laborieuse demeuraient inégaux. Les ouvriers qualifiés percevaient des revenus reconnaissant leur qualification. Mais la grande majorité, les ouvriers-paysans sans qualification recevaient un modeste pécule.
Les XVIIème et XVIIIème siècles vont transformer le profil économique des régions ou les forges sont actives. Un artisanat local va se développer et la production va se diversifier. Les métiers du fer et de la céramique vont se développer. Ferronniers, Cloutiers, maréchaux ferrants, couteliers, armuriers mais également les métiers du bois et du bâtiment, bûcherons, charpentiers, maçons, les métiers de la terre, potiers, faïenciers vont diversifier leur activité et développer leur production.
Les conséquences du développement de la sidérurgie corse permettront à la population d’éviter la misère et la famine. Elle apportera de nouveaux débouchés et assurera à la noblesse insulaire une puissance foncière et financière confortable.
La volonté d’implanter à Moriani une forge eut incontestablement des effets ethnologiques qu’il faut prendre en considération. Le peuplement de la commune de Moriani s’en trouva certainement modifié. Une main d’œuvre locale ou étrangère dut être employée pour construire l’aqueduc et la forge.
Les artisans de l’aqueduc, carriers, tailleurs de pierres, maçons, charpentiers, terrassiers eurent de l’ouvrage dans la vallée du Petrignani. Le renfort de Compagnons du Devoir sur le chantier n’est pas impossible. Les compagnons qui s’arrêtent à Marseille avaient l’habitude d’aller en Corse ou en Afrique. Nous avons retrouvé les traces de leur passage à Corte par des marques gravées dans la pierre et au Pont de l’Enfer.
Le transport des matériaux demanda l’amélioration ou la création d’un réseau routier. Voituriers et bouviers se chargèrent de l’approvisionnement des chantiers depuis les lieux d’extraction de la pierre.
L’industrie de la terre trouve un nouvel essor avec les tuiliers, briquetiers et potiers.
Les artisanats locaux du fer (cloutiers, ferronniers, maréchaux-ferrants) et du cuir (selliers, bourreliers) devaient assurer les équipements des chevaux, bœufs et charrois (selles, harnais, colliers).
A cette population ouvrière s’ajoutait le personnel domestique qui entretenait l’habitation du maître de forge. La Forge de Moriani fut un vecteur d’emploi probablement important pour un lieu modeste comme celui-ci.
Conclusion de notre Etude sur un Monument Exceptionnel
Ainsi s'achèvent après sept longues années, les recherche menées sur le monument mais aussi sur le cours de la rivière Pétrignani et l'histoire de la commune de San Nicolao et son Aqueduc de la Forge. Sept années passionantes à tout point de vue, tant au niveau des relations humaines, de nos investigations, des observations, du recueil d'informations, des prélèvement géologiques et enquêtes au^près de la population, que nous avons faites au cours de ces multiples campagnes d'explorations et de prospections archéologiques menées sur le sol de la Costa Verde pour connaitre le passé et l'histoire de cet ouvrage à travers les ages.
Il était temps pour nous de dévoiler le résultat de ces travaux qui nous avaient demandé beaucoup de temps et d'efforts. Comme toujours, ce fut le temps qui manqua pour finaliser ce travail. De retour sur sur le continent, nous avons poursuivi nos fouilles et sondages archéologiques, nos études de sites toute époques confondues et le temps passa sans que l'on s'en aperçoive. Mais avant de refermer cette page de vie et d'histoire, nous devons retracer le travail de restauration qui fut entrepris sur le monument par le CFA de Furiani, car le GRAHT ne fut pas le seul à participer au sauvetage de l'Aqueduc de la Forge à Moriani. Nous devions devions leur rendre un dernier hommage car nous avions dès le départ tisser avec les stagiaires des liens d'amitiés. Chaque année nous avions le plaisir de nous retrouver sur le site, chacun pour son activité propre.
RESTAURATION DE L'AQUEDUC PAR LE CENTRE DE FORMATION DES APPRENTIS DE FURIANI
Avant l'arrivée du GRAHT en 2005, les stagiaires du Centre de Formation des Apprentis de Furiani avaient commencé la restauration de l'Aqueduc de la Forge. Durant plusieurs années nous nous sommes ainsi côtoyés sur le site, chacun vaquant à ses propres occupations en échangeant des conseils sur la construction elle même et sur les particularité techniques du monument entrant dans le fonctionnement de la forge de Padulela à Moriani. Ces échanges fructueux renforcèrent les liens d'amitiés entre nos deux disciplines et nous avions le plaisir de se retrouver chaque année sur le terrain. Nous ne pouvions achever la présentation de nos recherches, sans évoquer le travail qu'ils exécutèrent sur l'ouvrage, qui était très endommagé à leur arrivée.
C'est leur rendre ainsi un hommage, que de dévoiler dans les quelques pages photos qui vont suivre ce résumé, la nature de leurs diverses activités sur l'ensemble du monument, comme la construction et le déplacement des gabarits, le décaissage des parties ruinées de l'aqueduc,l'étayage des voûtes, la mise en place des échaffaudages, la taille des pierres et tout ce qui concerne les travaux de maçonnerie.
Pour parachever ces recherches, le GRAHT travailla à la remise en état du fonctionnement d'origine de l'aqueduc. C'est ainsi qu'une image animée du diaporama que nous présentons au cours de nos conférences, montre l'eau de la rivière qui s'écoule dans le canal de l'Aqueduc de la Forge.
REMERCIEMENTS
Pendant sept années le Groupe de Recherches Archéologiques et Historiques « Tolvère » (GRAHT) a poursuivi ses recherches sur le territoire de la communauté de communes de Costa Verde, aidé dans sa mission par des amis, habitants de Moriani. Cette collaboration a permis la découverte d’un grand nombre de nouveaux sites archéologiques.
Nous devons signaler à nouveau le rôle que joua dans ces recherches M. Claude Olivesi, Président de la Communauté de Communes de Costa-Verde, maire de San Nicolao et l’intérêt qu’il portait à celles-ci. Il fut à l’origine de ce projet qui se déroula sur plusieurs années ininterrompues.
Nous ne remercierons jamais assez les élus de Costa Verde et son Président Mr Berlinghi, pour l’intérêt qu’ils portent à leur patrimoine et les moyens qu’ils mirent en œuvre pour nous aider dans notre tâche.
Nos remerciements s’adressent également à Mme Marie-Thérèse Olivesi qui a suivit assidûment nos recherches sur le territoire de sa commune. Nous savons combien lui tenait à cœur ce travail, qui fut une initiative de Mr Claude Olivesi, son mari.
Nous remercions le personnel administratif de la Communauté de Commune de Costa Verde et notamment Mr Marc Nicolaï, pour l’aide précieuse qu’il nous apporta dans nos démarches.
Merci aussi aux bénévoles et aux particuliers qui nous ont accueilli chaleureusement sur le terrain au cours de nos déplacements.
Nous remercions également Mr Marc-André Turchini de la Bibliothèque du Patrimoine à Bastia, pour sa gentillesse et sa collaboration dans la recherche d’informations et de documents anciens, lors de notre venue, dans son établissement.
Ainsi une page d’histoire est tournée, nul doute qu’il reste encore de nombreux sites archéologiques et historiques à trouver et à étudier en Costa Verde. Nous laissons à d’autres chercheurs le plaisir de les découvrir.
Le Responsable des Recherches
Daniel BERNARDIN
Plans,Dessins et DAO
Daniel BERNARDIN
Intervenants sur le site
Daniel BERNARDIN - Christine BERNARDIN
Références (bibliographie, archives)
Jean HUREAU - La Corse Aujourd'hui - 1974
Jean ORSATELLI - Les Moulins - Editions Jeanne Laffitte - 1979-2006
Antoine-Dominique MONTI - Cervioni et Campulori au Fil des Ans - 2002
Franck LEANDRI - Laurent CHABOT - Monuments de Corse - Edisud 2003
Daniel BERNARDIN - Christine BERNARDIN - Corse-San Nicolao-Costa Verde - L'Aqueduc de Moriani "Canal de la Forge" dit "Ercate" - Avec la participation du GRAHT - Alain Texier - Bernard Fabre - Stéphane Bouquet - Christine Rousseau - Nathalie Jousseaume - Année 2005
François BALESTRIERE - Corsica Ile de toutes les couleurs - Editions Clémentine Studio - 2006
Daniel BERNARDIN - Corse - Costa Verde - "Rapport de Recherches Archéologiques" - Année 2007
Antoine BROCCA - Claude SECONDI - Les Cahiers de San Nicolao - Association Santu Nicolaiu - 2007
Pierre-Jean LUCCIONI - Tempi Fà - Arts et Traditions Populaires de Corse - 2007
Daniel BERNARDIN - Corse-Santa Maria Poggio - Costa Verde - "Pont Génois sur le Bucatoggio" - Avec la participation du GRAHT - Christine Bernardin - Jean-Paul Francesconi - Nicolas Cisson - Claude Brège - Stéphane Bouquet - Christine Rousseau - Nathalie Jousseaume - Année 2008
Daniel BERNARDIN - Corse - San Nicolao/Moriani - Costa Verde - "L'Aqueduc de la Forge "Ercate" Vestiges Urbains de Moriani" - Avec la participation du GRAHT - Jean-Paul Francesconi - Nicolas Cisson - Félix Giorgi - Eric Rubecchi - Claude Brège - Année 2008
U Nuvellaghju - De Pièves en Pièves - Groupe Nuvellaghju - 2009
Jean-Pierre GUILLET - Dispositifs d'Irrigation à Nonza au Cap Corse (Haute Corse) - 24/06/2009
Daniel BERNARDIN - "Explorations Archéologiques et Historiques en Costa Verde - Rivière Canapajo/Pétrignani" Tome I - Avec la participation du GRAHT - Jean-Paul Francesconi - Nicolas Cisson - Eric Rubecchi - Eléna Foresti - Philippe Perez - Année 2009
Héléna FORESTI - Universita degli studi di Parma - Facolta di Ccienze matematiche et Naturali Corso di Laurea in Scienze e Technologie per la Conservazione e il Restauro dei Beni Culturali - Caratterzzazione Mineralogico-Petrografica di Costituenti appartenenti al Contesto Storico-Archeologico degli Acquedotti della Forge e del Petrignani nella Costa Verde ( Corsica) - Anno Accademico 2009-2010.
Joseph CESARI - Corse Antique - Guide Archéologique de la France - Editions du Patrimoine - 2010
Daniel BERNARDIN - "Explorations Archéologiques et Historiques en Costa Verde - Sur le cours des Rivières Olmo, Valle Alla Serra, Acqua Fisca et dans l'Intérieur des Pièves de Costa Verde" Tome II - Avec la participation du GRAHT - Jean-Paul Francesconi - Nicolas Cisson - Marc-André Turchini - Eléna Foresti - Philippe Perez - Année 2011
Daniel BERNARDIN - "Explorations Archéologiques et Historiques en Costa Verde - Rivière Bucatoggio" Tome II - Avec la participation du GRAHT - Jean-Paul Francesconi - Nicolas Cisson - Eric Rubecchi - Eléna Foresti - Philippe Perez - Pierre Eggimann - Année 2012
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